Soutien à l’Ukraine

A la rencontre de l’Auteur – Genèse 1

Introduction

Les Rencontres littéraires de Pau (lancées par François Bayroux), comme la foire du livre de Mouans Sartoux, sont généralement l’occasion de rencontrer les auteurs. Une année le thème était celui du bonheur et il y avait une énorme file pour voir Luc Ferry. Quand on lit un livre et qu’il nous a plu, on a envie de rencontrer l’auteur. On a envie de savoir qui est cette personne qui a pu écrire des choses qui nous ont touchées. C’est d’ailleurs le slogan d’appel de ces rencontres littéraires « vous allez pouvoir rencontrer votre auteur préféré ».

On pourrait en dire autant du premier livre de la Bible, la Genèse, et comme pour les rencontres littéraires, on pourrait dire, « Venez à la rencontre de l’Auteur. » Lisez ces premiers chapitres pour rencontrer l’Auteur. Pas l’auteur de ces lignes, qui est selon la tradition Moïse, mais l’auteur de la création ! Et c’est le but de ce récit, c’est que nous puissions rencontrer Dieu, l’auteur de la création. Il ne faut pas se tromper, le but du récit de la création n’est pas de nous donner une explication scientifique pour l’apparition de l’univers et de la vie, mais de nous parler de Dieu et de l’intention qu’il a pour ce monde. La Genèse comme toute la Bible nous parle de Dieu, elle est une révélation de Dieu. Et ce matin, j’aimerais en trois phrases vous amener à rencontrer l’Auteur. La première de ces phrases est la première de toute la Bible.

Au commencement Dieu créa…

Gen 1 :1 « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »

Cette phrase est énorme ! Chaque mot pourrait faire l’objet d’une prédication ou d’un livre ou même une bibliothèque… Et je n’ai donc pas la prétention d’en faire le tour mais de simplement noter le fait qu’il y a un commencement pour la création. Dans la Thorah ce livre s’appelle Commencement, Genèse en Français, on aurait pu dire Origine aussi. Nous l’avons dit la Bible n’est pas un livre de science, mais aujourd’hui la science nous dit qu’effectivement il y a eut un commencement. Dans les années 50, la théorie en vogue était celle de l’état stationnaire qui voulait que l’univers était stable et éternel. Une conception qui avait ses racines dans la philosophie grecque qui veut que l’univers ait toujours existé et qu’il n’y a pas de commencement. Et donc cette théorie de l’état stationnaire venait se heurter frontalement au premier verset de la Genèse.

Aujourd’hui la théorie du Big Bang, explosion primordiale, a fini par s’imposer. Stephen Hawking a écrit « Presque tout le monde croit à présent que l’univers a commencé avec le big bang.

Et une docteure en biologie cellulaire dont le mari est pasteur et qui font ensemble de l’implantation d’Eglises à Paris nous dit que la théorie du big bang rejoint « l’affirmation fondamentale de la Genèse à savoir qu’il y a eu un début de l’univers (Rachel Vaughan).

Oui, il y a eu un commencement, où Dieu lance la création et il le fait avec un moyen extraordinaire, il le fait avec sa Parole. « Il dit : que la lumière soit et elle fût ! » et cette expression revient plusieurs fois. Nous avons aussi au verset 26 : faisons l’homme, une sorte de délibération en interne, dans la vie de Dieu, peut-être une allusion à la trinité présente bien évidemment à la création. Mais quelle est l’idée derrière cette création par la Parole ?

D’abord celle de l’autorité absolue de celui qui parle. Il suffit à Dieu de parler pour que s’opèrent les séparations et les peuplements. Il lui suffit de parler, mais il est significatif de noter que Dieu l’a fait, il a parlé. Il a voulu, il lui a plu de rompre le silence pour créer par sa parole créatrice. Il y a une intention qui s’exprime derrière cela, mais aussi une maitrise des choses et le refrain « et cela fut ainsi » démontre bien sa suprématie : rien ne résiste à ses commandements. L’exécution suit infailliblement la parole. Quand Dieu parle, la chose se fait, et plutôt deux fois qu’une : la terre verdoie de verdure, les volatiles volent, les eaux grouillent d’un grouillement, l’herbe sème de la semence… Tout cela est dans le texte et veut mettre l’accent sur l’accomplissement infaillible de la Parole, on pourrait parler d’efficacité comme avec Esaïe 55, « elle ne revient pas sans effet, à vide ». Non elle accomplit vraiment ce qu’elle a l’intention de faire.

Le deuxième aspect de cette création de Dieu par la Parole, c’est celui de l’intelligence de Dieu pour créer. « La création par la parole ce n’est pas seulement une création sans outil et sans effort, c’est une création par laquelle Dieu montre son « cœur » démontre son intelligence, inaugure la communication de lui-même » (H. Blocher). Quand Dieu crée par sa Parole, il montre toute la cohérence de son plan et surtout son intention d’être en relation avec sa création et ses créatures. Et là où il y a une intention, Il n’y a pas de hasard ! Et là où il y a une intention et non du hasard il y a aussi du sens.

On peut rapprocher cette sagesse de ce que les scientifiques appellent « l’argument des ajustements fins ». Ce cosmos sorti du big bang a quelque chose d’extrêmement particulier, c’est qu’il peut accueillir la vie organique, c’est-à-dire nous ! Il nous est possible de respirer et de vivre dans ce monde et ce n’est pas si évident que cela. Il y a une quinzaine de constantes mathématiques qui ont des valeurs très précises pour permettre la vie. Et si une de ces valeurs avait varié d’un millionième, la vie n’aurait pas été possible ici-bas. Le cosmos est tellement finement ajusté qu’il peut accueillir la vie. Et que cet ajustement si précis soit le fruit du hasard est une probabilité tellement infime que statistiquement elle est négligeable. C’est comme si le cosmos savait que nous allions venir. L’univers aurait été préparé pour les êtres humains.

Au commencement Dieu créa… Oui il y a une grande sagesse dans tout cela, de la liberté, de l’autorité, de l’intentionnalité, du cœur.

Et si on fait un détour par le Nouveau Testament, on comprend dès lors la louange dans l’Apocalypse des 24 représentants du peuple de Dieu qui se prosternent devant celui qui vit éternellement, en disant: Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, qu’on te donne gloire, honneur et puissance, car tu as créé tout ce qui existe, l’univers entier doit son existence et sa création à ta volonté » Apoc 4 :11.

La deuxième phrase qui nous permet de mieux connaitre l’Auteur se répète plusieurs fois :

Et Dieu vit que cela était bon (beau)

Elle commence pour la lumière en Genèse 1 : 4 « Dieu vit que la lumière était bonne » et elle revient encore 5 fois ce qui fait, si mes calculs sont bons, une fois par jour et termine par un superlatif au v. 31 : « très bon ». Cette série d’affirmations vient en contraste avec le « chaotique et vide » du v. 2, qui traduit le mot hébreu tohu bohu que l’on utilise en français pour parler de désordre, voire de pagaille. « Quel tohu bohu ta chambre ! » Mais Tohu-bohu évoque aussi l’idée « d’un désert inhabitable où il n’y a pas de chemin », avec l’idée de vide, de désolation, de solitude aussi. Une chose peut être un peu chaotique et surtout très vide comme le néant peut l’être. Et Dieu créa et mit des formes à sa création, il y mit du beau, du bien, du bon. En hébreu, comme en grec dans le Nouveau Testament, on a le même adjectif pour exprimer à la fois ce qui est beau dans un sens esthétique et ce qui est bien dans le sens moral et ce qui est bon dans son effet, bienfaisant.

Et cette répétition de l’expression « Et Dieu vit que cela était bon » nous montre que Dieu aime le beau, le bon, le bien. Que Dieu est un Dieu moral, éthique et esthétique. Qu’on est très loin du Dieu punisseur et rabat-joie que des longs siècles d’histoire de l’Eglise ont voulu nous présenter. Dieu veut le bien de sa création et il le veut dès le départ et jusqu’à la fin. Non seulement il veut le bien mais il veut le beau aussi. Dieu fait toutes choses belles. Un bémol cependant. On sait qu’au chapitre 3 quelque chose de très laid viendra noircir le tableau et nous en parlerons puisque nous commençons une série sur la Génèse. Le mal va faire irruption dans ce monde et va apporter une ombre au tableau. Mais malgré tout, il reste dans ce monde des choses qui portent la signature de Dieu, de ce Dieu aime le beau et le bien.

J’ai vu par hasard sur Youtube, un assemblage des vidéos des caméras de surveillance dans des villes d’Angleterre, des vidéos dont la Police ne voulait pas et pour cause, pas d’infractions ou de délits rien que du beau et du bien, des belles petites histoires de la vie quotidiennes (deux amoureux qui s’embrassent sur un banc public mais très maladroitement, une personne qui ramasse un portefeuille et court après la personne qui l’a perdu) des belles choses qui ne servent pas à la Police mais qui font plaisir à voir.

Aujourd’hui encore nous sommes touchés par ce qui est beau ou ce qui est bien et pourquoi le sommes-nous ? Parce que cela nous renvoie à Dieu le créateur du bien et du beau. Parce qu’il nous met en contact avec lui, parfois de façon très diffuse. Leonard Bernstein (qui a composé notamment la musique de West Side story, et qui n’est pas un chrétien) dit de Beethoven : « Ce type a créé des œuvres d’une justesse à couper le souffle. Justesse c’est le mot, Quand vous avez le sentiment que la note qui suit une autre est la seule possible à cet instant… vous écoutez du Beethoven. Ce Beethoven a le pouvoir de vous conduire à cette conclusion : il y a quelque chose de juste dans ce monde. Il y a quelque chose qui est aux commandes d’un bout à l’autre, quelque chose qui est digne de confiance, qui ne vous laissera pas tomber »

On ne sait pas comment Bernstein arrive à cette conclusion en écoutant Beethoven. Mais il ressent quelque chose de l’infini face au beau, quelque chose que l’on n’explique pas autrement que par la création d’un monde où dès le départ le beau et le bon existent.

Si la science nous aide à comprendre l’origine, elle ne nous permet pas de comprendre cette force d’attraction vers le beau et le bien. On est au-delà de ses compétences.

Elle ne peut expliquer ni comment ni pourquoi quand il écoute la musique de Bethoven, Leonard Bernstein ressent quelque chose qui l’élève vers le haut. Elle ne peut expliquer ce fait que même si intellectuellement il pense que Dieu n’existe pas, son cœur, son être intérieur lui dit autre chose. Qu’il ya quelque chose, quelqu’un en qui on peut faire confiance, quelqu’un en haut qui aime le beau et qui dit sur tout ce qu’il a créé : « Et voici tout était très bon. »

Dans le Nouveau Testament, dans les conseils que Paul donne au jeune Timothée par rapport à certaines personnes qui interdisent le mariage ou certains aliments, Paul dit

(I Tim 4 : 3-4) : « Allors que Dieu a créé toutes choses pour que les croyants, en jouissent avec reconnaissance. En effet, tout ce que Dieu a créé est bon, rien n’est à rejeter, pourvu que l’on remercie Dieu en le prenant. » La beauté et la bonté de Dieu nous poussent à la reconnaissance et la louange, voire même à la jouissance, avec modération bien entendu, mais dans la jouissance et la réjouissance du beau et du bien.

La troisième phrase qui nous permet de faire connaissance avec l’Auteur, revient deux fois dans le chapitre 1. Et sous une autre forme au chapitre 2. IL s’agit de la création de l’homme, de cette création de l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Dieu créa l’homme à son image

Au verset 26, « Puis Dieu dit: Faisons les hommes de sorte qu’ils soient notre image, qu’ils nous ressemblent. » Cela se répète au verset 27, en y ajoutant un autre élément important : « Dieu créa les hommes de sorte qu’ils soient son image, oui, il les créa de sorte qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme. » Là aussi on pourrait écrire des livres sur ce verset et cela a été fait d’ailleurs, mais ce matin on peut déjà en donner quelques pensées ou amorces. Qu’est-ce que cette création de l’homme et de la femme à l’image de Dieu nous apprend sur l’Auteur ?

D’abord et c’est tellement évident qu’on hésite à le dire, mais il y a des choses évidentes qui faut redire, c’est que Dieu dès le départ pose l’égalité de l’homme et de la femme devant lui. Dieu se révèle comme le Dieu de l’égalité créationnelle, une égalité essentielle. L’être humain homme et femme a été créé à l’image de Dieu. Pas un plus que l’autre, pas l’un moins que l’autre. C’est écrit dès le premier chapitre de la Genèse. On s’étonne un peu de voir que l’Eglise n’a pas toujours respecté cette égalité originelle. Cela reste un mystère qui peut s’expliquer par ce qui va se passer au chapitre 3 qui est le prochain épisode.

Cette création à l’image de Dieu, confère à l’être humain, homme et femme, une valeur toute particulière. Pourquoi ? Parce que seul l’être humain dans le récit de la Genèse est fait à l’image ou à la ressemblance du créateur. En Genèse 2 :7, nous avons un traitement spécial aussi pour l’être humain : « L’Eternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol, il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.» Il est clair que nous avons ici un langage imagé. On parle de Dieu avec le vocabulaire et des images qui sont humaines. Mais ce qui est évident c’est que cela n’est pas dit pour les animaux, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas vivants et qu’ils n’ont pas de valeur aux yeux de Dieu, oui ils en ont ! Mais la création à l’image de Dieu et à sa ressemblance veut dire qu’il y a un statut particulier pour l’être humain devant Dieu, le mot image, ressemblance, fait penser à l’idée de filiation et cette pensée est bien présente dans le texte, être à l’image de Dieu c’est être comme un fils ou une fille à l’image de son père ou de sa mère.

Quand on dit « c’est le portrait crachée de son père ou de sa mère ! », il lui ressemble tellement, cela reste au niveau physique, mais quand la Bible nous parle d’image elle parle de l’intérieur, et au lieu de dire le portrait craché, il faudrait dire le « portrait soufflé « de son père ou de sa mère, parce qu’en Genèse 2 :7 on parle de souffle, on pourrait parler de l’esprit. Etre à l’image de Dieu, à sa ressemblance, c’est être des fils et filles de Dieu qui partagent avec lui cet esprit et qui peuvent donc rentrer en relation avec lui. Dans une relation d’alliance. On peut même aller jusqu’à dire qu’il s’agit d’une relation d’amour.

Et donc, cette création à l’image de ce Dieu donne une valeur incroyable au dites créatures. Cela ne leur donne pas le statut divin mais quand même un statut particulier devant Dieu et donc devant les hommes.

On parle beaucoup des droits de l’homme aujourd’hui. Tous les pays du monde sont classés selon le respect qu’ils manifestent pour les droits de l’humain. Mais qu’est-ce qui fonde ces droits de l’homme ? Qu’est-ce-qui fonde l’aide humanitaire ? On a essayé d’apporter des réponses diverses et variées à ces questions, mais sans trop de résultats. Souvent les gens qui travaillent dans les associations humanitaires vous parleront de « solidarité avec l’humanité ». Oui certes, mais il faudrait essayer d’aller plus loin.

En 2007 on a fêté en France l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Je me souviens avoir entendu un penseur antillais (Jean Claude Girondin) dire avec force que c’est cette création à l’image de Dieu qui fonde la lutte contre l’esclavage, et rien d’autre. Tous nos combats et ceux de nos contemporains non-chrétiens mêmes, s’ils ne le savent pas, les luttes contre les esclavages de toute sorte ou les inégalités et les oppressions sont fondés sur cette parole même de Dieu. J’ai créé cet enfant, cette femme, cet homme à mon image et pour cela même il a une valeur inestimable.

Nous savons que cette image va être ternie, c’est toute l’histoire du chapitre 3. Mais si l’image de Dieu en l’homme a été détériorée, elle n’est pas anéantie pour autant, elle va pouvoir se reconstruire malgré le péché et cette image de Dieu en l’homme va être complètement renouvelée en Jésus, le fils unique venu du Père, image parfaite du Père. C’est là tout la bonne nouvelle de l’Evangile: nous retrouvons en Jésus-Christ cette image de Dieu en nous, une image qui avait été ternie et déformée par le péché. La Bible nous dit qu’il nous « a aussi destinés d’avance à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit l’aîné de nombreux frères et sœurs…. » Romains 8.

C’est ton destin ! Ou pourrait dire ta vocation, ton appel, un appel de Dieu à la reconstruction, à la recréation.

Conclusion

Comme je vous l’ai dit, ce texte peut nous amener très loin et on est loin d’avoir répondu à toutes les questions et d’avoir relevé toutes les richesses de ce récit de commencement. Mais je crois que nous avons pu faire connaissance avec son auteur, nous avons pu voir que Dieu se révèle comme :

– Le Dieu de la Parole qui parle et qui créé avec autorité et avec la volonté de communiquer avec ses créatures, en communiquant par sa Parole en communiquant sa parole, Jésus Christ. Est-ce qu’on reçoit la communication ? Est-ce qu’on décroche ? Est-ce qu’on est connecté?

Il se révèle aussi comme le Dieu du bien et du bon qui signe toute sa création de cette signature du beau et du bien et qui nous invite à y participer et peut être apposer nous aussi notre signature à côté de la sienne. Sommes nous prêts à signer pour protéger le beau, défendre le bien ?


Le Dieu de la relation qui souffle son esprit à l’homme et la femme et qui les crée à son image pour avoir une relation spirituelle avec eux, et donc avec nous qui sommes leurs descendants et donc avec toi ! Comment va ta relation avec le père ?

L’auteur de cette création vaut la peine d’être connu n’est-ce pas ? Le connaitre pour pouvoir lui rendre la gloire qui lui est due, pour pouvoir le louer.