Soutien à l’Ukraine

Culte en ligne du 22/11/2020

Pour regarder la vidéo du culte complet:

https://youtu.be/5JapSVErYjI

La guérison de l’aveugle, Bartimée

Marc 10, 40-52

Ils viennent à Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho, avec ses disciples et une foule importante, un mendiant aveugle, Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin. Il entendit que c’était Jésus le Nazaréen et se mit à crier : Fils de David, Jésus, aie compassion de moi ! 

Beaucoup le rabrouaient pour le faire taire ; mais il criait d’autant plus : Fils de David, aie compassion de moi !
Jésus s’arrêta et dit : Appelez-le. Ils appelèrent l’aveugle en lui disant : Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! Il jeta son vêtement, se leva d’un bond et vint vers Jésus. 

Jésus lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, lui dit l’aveugle, que je retrouve la vue !
Jésus lui dit : Va, ta foi t’a sauvé. Aussitôt il retrouva la vue et se mit à le suivre sur le chemin. 

Ta foi t’a sauvé… Ici, comme dans d’autres récits du Nouveau Testament, le verbe sauver est employé dans le sens de guérir. Ceci dit, cette guérison représente plus qu’un simple recouvrement de la vue. La fin de l’histoire montre bien la transformation de ce mendiant aveugle, qui se joint aux disciples. 

Jésus rétablit la santé ; mais il y a ici quelque chose de plus important. Et c’est sur ce « plus important » que je voudrais m’arrêter ce matin. 

À propos de la foi de Bartimée 

Il est aveugle, ce qui veut dire qu’il ne peut pas se déplacer sans risquer de trébucher sur un obstacle, qu’il est obligé de demander de l’aide pour les actes les plus banals, qu’il est à la merci de toute personne mal intentionnée à son égard. 

Pour lui, comme pour tous les aveugles de son temps, la vie n’est pas facile : pas de RSA, pas de pension d’invalidité, une condition précaire ; alors il est obligé de mendier pour vivre. Fragilité supplémentaire. 

Bien sûr, et c’est à noter, il est connu par son nom, chose importante dans la culture biblique. C’est le fils d’un certain Timée, sans doute quelqu’un de bien connu… mais cette identité de fils de ne lui sert à rien : lorsqu’il se manifeste, personne ne l’écoute. 

Un mendiant n’a pas de part à la vie sociale. Il n’a qu’à se contenter des aumônes venant du surplus des bien-portants… et dire merci. 

 Veut-il faire appel au Messie qui passe par là ? On le décourage, la foule des bien-portants et bien-pensants le rabroue, (le verbe grec exprime de l’hostilité) : le Messie a autre chose à faire que de s’occuper d’un mendiant qui perturbe le cortège : il est sur le chemin de Jérusalem ; ce n’est pas le moment. 

Tout contribue à le faire taire, à étouffer sa demande. Pourtant, il ne se laisse pas démonter, et il crie encore plus fort. Sa volonté et sa confiance sont telles que lorsqu’on lui dit que Jésus l’appelle, rien d’autre ne compte : il laisse là son manteau, sans doute la seule chose qu’il possédait, sans doute sa dernière protection. 

Nous avons là tous les traits d’une foi remarquable. 

Lorsqu’il se trouve en présence du Messie, ce dernier l’invite à formuler sa requête d’une manière plus précise. Pourquoi ? On ne peut pas imaginer qu’il puisse demander autre chose que de retrouver la vue. C’est tellement évident ! 

Pourtant, ce que Jésus lui faire dire est intéressant. En présence du Fils de David, il ne va pas mendier quelques pièces, comme il le faisait d’habitude. Bien sûr, me direz-vous, ce qui change tout, c’est la personne à qui il s’adresse. Il sait que Jésus a déjà guéri beaucoup de gens. C’est tellement évident ! 

Pour lui, sans aucun doute ; mais à partir de là, je me demande si nous sommes aussi logiques que lui, si nous connaissons toujours nos vrais besoins. Après tout, il nous arrive bien de préférer prendre un cachet pour calmer un mal de tête, plutôt que d’observer le régime alimentaire qui pourrait procurer quelque répit à notre foie – ce qui serait la solution. 

Il est parfois des habitudes dont nous avons du mal à nous défaire : même si elles nous desservent, elles peuvent nous paraître bien douces, et nous préférons parfois les garder. 

Cette question que Jésus pose : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Il faut que nous nous la posions, nous aussi : Qu’est-ce que nous attendons du Seigneur ? Question importante dans les situations difficiles quelles qu’elles soient. 

Cette question nous invite à chercher quels sont nos vrais besoins. Et peut-être, comme dans le cas de Bartimée, les nommer, en sa présence. 

Nous ne sommes pas aveugles, mais nous ne voyons pas toujours les priorités, ou les problèmes les plus vitaux. Un effort est parfois nécessaire pour trouver le vrai lieu de nos délivrances. 

Est-ce que nous attendons de Dieu qu’il nous donne un petit coup de main, pour nous sortir d’un mauvais pas, sans que cela change nos habitudes ? Sans que nous ayons compris nos vraies faiblesses – nos vrais confinements ? La foi qui sauve, ou qui guérit, n’est pas celle qui accorde une facilité, un coup de pouce par-ci par-là. Elle met debout, elle reconstruit, elle réinsère dans la vie. Elle permet de nouveaux départs. 

Pour résumer, 

J’évoquerai la hardiesse, la persévérance de cet homme tellement vulnérable, qui s’obstine contre vents et marées (il ne lui reste plus que la voix) ; et Jésus ajoute l’épreuve finale de celui qui quoique aveugle doit s’avancer vers lui, sans son manteau (il ne lui reste plus que ses jambes)… La foi nous déplace. 

Mais je relèverai aussi, la réponse à cette question que Jésus pose sur ce qu’il attend : non pas recevoir un secours ponctuel, l’amélioration d’une vie misérable, mais une transformation, un secours utile et durable, pour vivre, et être remis debout… La foi nous appelle à être lucide. Elle ne s’arrête pas au bout de notre nez, elle ne s’arrête pas à nos aspirations du moment. 

Encore une chose : au début Bartimée n’a pas eu l’occasion de faire une demande explicite. Ce n’est qu’après avoir insisté, après avoir cheminé en aveugle, en tâtonnant sans doute, et après avoir été interrogé, qu’il va pouvoir exprimer son besoin. 

Jésus aurait pu le guérir à distance comme il l’avait déjà fait, mais la foi est aussi quelque chose qui s’épanouit dans un cheminement. 

Elle est suscitée d’abord par l’écoute d’une nouvelle: Bartimée a entendu parler du passage de Jésus le Nazaréen. 

Puis elle est conduite par les circonstances, plus ou moins favorables ; mais elle est surtout accompagnée et affermie par le Seigneur lui-même, qui entend le faible même en présence d’une grande foule. En fait c’est le Seigneur qui la fait naître et qui la nourrit. 

Où en sommes-nous de ce cheminement ? C’est un cheminement qui peut nous conduire au-delà de ce que nous pouvons imaginer, mais qui 

peut nous relever et nous rendre libres, capables de vivre vraiment. Est- ce bien ce que nous voulons ? 

C’est à nous de répondre. Sachons cependant que, à chaque pas, que nous voyions ou que nous ne voyions pas de quoi demain sera fait, avec ou sans le manteau de nos assurances, à chaque pas nous sommes assurés de la présence du Seigneur. La foi est un chemin où nous ne sommes pas tout seuls. C’est la bonne nouvelle. 

Bon courage à chacun.