Soutien à l’Ukraine

Dieu, maître de l’histoire

Bonjour à tous ! Alors aujourd’hui, pour la prédication, on va faire un peu d’histoire. Même beaucoup d’histoire. Et on va se rappeler aussi certaines histoires histoire que l’histoire soit plus claire pour chacun d’entre nous. C’est clair ?

Désolé j’ai pas pu m’en empêcher. Ca m’a fait penser au jeu de mot de Bilbon Saquet dans le Seigneur des Anneaux quand il dit « J’aime moins de la moitié d’entre vous à moitié moins que vous n’le méritez ». J’aime bien voir la tête des gens qui essaient de comprendre le sens de la phrase.

Enfin bon, revenons à notre histoire.

Aujourd’hui on va lire ensemble une partie du livre d’Abdias, qui est un prophète de l’Ancien Testament. Mais c’est un prophète qui est souvent assez mal connu, même très mal connu, alors on va commencer par prendre un petit moment pour faire connaissance avec ce prophète et ce livre.

  • Contexte littéraire.

Et on va d’abord parler de son contexte littéraire. C’est-à-dire de sa place dans la Bible.

Alors l’Ancien Testament est constitué de pas mal de livres. On a d’abord les 5 premiers qui constituent le « Pentateuque ». C’est le récit qui part de la création, en passant par l’histoire d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les 1ers patriarches du peuple d’Israël, puis le Pentateuque nous raconte l’esclavage d’Israël en Égypte, puis la libération par l’intermédiaire de Moïse, puis Dieu qui passe une alliance avec son peuple au Sinaï, suivi de 40 années d’errance dans le désert, jusqu’enfin l’entrée dans le pays que Dieu avait promis à son peuple : la terre de Canaan. C’est-à-dire la région de Palestine.

Ces 5 livres du Pentateuque sont suivis par des livres historiques, et comme leur nom l’indique ces livres racontent l’histoire du peuple d’Israël à partir de son entrée en Canaan.

Ensuite l’Ancien Testament se poursuit par des livres poétiques et de Sagesse, qui ont pour but de nourrir notre réflexion sur Dieu, notre vie et notre monde.

Et enfin l’Ancien Testament se termine par touuuuut un tas de livres dits prophétiques, c’est-à-dire les écrits des différents prophètes de Dieu au fur et à mesure de l’histoire du peuple d’Israël.

Le livre d’Abdias, dont on va lire une partie ce matin, fait partie de ces livres des prophètes. Et c’est même très probablement le tout premier livre des prophètes. C’est débattu, mais c’est possiblement le plus ancien. Il peut dater d’environ 845 avant Jésus-Christ.

C’est aussi le plus court de tous les livres prophétiques, vu qu’il ne comprend qu’un seul chapitre de 21 versets. C’est super court, surtout comparé aux livres d’Ésaïe, de Jérémie ou d’Ézéchiel, qui ont des dizaines de chapitre.

Abdias c’est, je le pense, le plus ancien en plus d’être le plus court de tous les livres des prophètes de l’Ancien Testament. Mais il a beau être très court, il reste très important, vu qu’il est notamment repris et cité par 2 très grands prophètes dans leurs livres, les prophètes Joël et Jérémie.

  • Contexte historique.

Voilà pour le contexte littéraire. Maintenant parlons un peu du contexte historique.

Pour ça il faut revenir bien longtemps avant cette fameuse année 845 avant notre ère, où le livre a très probablement été écrit. Il faut remonter jusqu’au temps d’un des patriarches du peuple d’Israël, jusqu’à l’époque d’Isaac, le fils d’Abraham.

Isaac avait 2 fils. L’aîné s’appelait Ésaü et le cadet Jacob. Et Dieu avait annoncé que celui qui deviendrait le chef du peuple serait le cadet, donc Jacob. Et Jacob a reçu une bénédiction qui faisait de lui le maître de son frère, Ésaü devait donc être assujetti à Jacob.

Mais Ésaü ne voulait pas l’accepter, alors il a demandé à son père de lui donner une bénédiction pour échapper à ça. Et Isaac a béni Ésaü en lui disant qu’il serait effectivement assujetti à son frère, mais qu’en errant, en vivant loin de Jacob, il pourrait se libérer de cette servitude.

Et finalement, ces bénédictions, ces prophéties se sont réalisées. Pas uniquement pour Ésaü et Jacob, mais aussi pour leurs descendants.

Jacob a donné naissance à un peuple, le peuple d’Israël, et Ésaü a donné naissance à un autre peuple, le peuple d’Edom. Ils ont vécu séparés, ce qui fait qu’Edom n’était pas soumis à Israël. Les descendants d’Ésaü n’étaient pas soumis aux descendants de Jacob.

Mais Edom faisait partie des peuple du pays de Canaan. Et lorsqu’Israël, conduit par Moïse puis Josué, est venu en Canaan et a conquis ce pays, Edom a alors été assujetti à Israël sous le règne du roi David.

La prophétie se réalisait, Ésaü était soumis à Jacob, Edom était soumis à Israël.

Le temps a passé, et le pays d’Israël s’est divisé en 2, donnant le Royaume de Samarie au nord, et le Royaume de Juda au sud. Et comme vous le voyez, Edom étant au sud, ils étaient soumis au roi de Juda.

Mais le Royaume de Juda est devenu plus faible, il était attaqué par plusieurs ennemis, du coup vers 845 avant notre ère, Edom en a profité, ils se sont révoltés, et ils ont repris leur indépendance. La prophétie continuait de se réaliser, Ésaü venait de se libérer de la soumission à Jacob, Edom s’était libéré de la soumission à Israël.

Et ça aurait pu s’arrêter là. Edom aurait pu simplement vivre tranquillement son indépendance. Mais la rancœur était plus forte.

Je vous le rappelle Juda était faible, et ils étaient attaqués par plusieurs ennemis. Les Philistins, ennemis de Juda, ont même pillé la capitale, Jérusalem, en 845 avant notre ère. Le Royaume de Juda était au bord de l’effondrement, ils étaient vaincus, ils avaient besoin d’aide ! Mais Edom n’est pas venu les aider. Bon ça se comprend ils s’aimaient pas trop. Mais pire, Edom en a profité pour venir également piller Juda, capturer la population, et les vendre comme esclaves.

Ésaü venait de piller et de vendre son frère Jacob comme esclave, Edom avait pillé et vendu ses parents éloignés d’Israël.

C’est dans ce contexte que le prophète Abdias reçoit une révélation de Dieu et qu’il la met par écrit dans ce très court livre dont nous allons lire une partie ce matin.

Alors je m’excuse de cette très très longue introduction, mais comme c’est un prophète très mal connu, et comme il arrête pas de parler à la fois d’Edom et de Juda, mais aussi d’Ésaü et de Jacob, je me suis dit que sans ces explications on comprendrait pas forcément.

Et nous lisons donc ce que le prophète Abdias dit au peuple d’Edom, dans cet unique chapitre du livre d’Abdias, les versets 1 à 15.

Lecture Abdias 1-15.

Alors on a déjà fait une longue introduction pour expliquer le contexte, et finalement quand on a bien compris le contexte le sens de ce passage est assez clair et simple. Dieu averti Edom qu’il va faire disparaître ce peuple, parce qu’ils ont participé au pillage et au massacre du peuple de Juda lorsque les Philistins ont envahi le pays et sa capitale, Jérusalem.

Juda et Edom devaient être frères comme l’étaient Ésaü et Jacob, leurs ancêtres. Alors Dieu promet ceci à Edom au verset 15 : « Le jour où l’Éternel jugera tous les peuples approche à grand pas et l’on te traitera comme tu as traité les autres : le mal que tu as fait retombera sur toi ».

Une fois qu’on a compris le contexte, le sens du texte est assez simple, même s’il y aurait plein d’autres trucs à dire, mais on va pas décortiquer ce passage verset par verset. J’aimerais juste tirer 2 enseignements de ce texte. Deux enseignement qui peuvent sembler sans rapport l’un avec l’autre, mais que je trouve très liés. Deux enseignements qui découlent des contextes historique et littéraire de ce texte. C’est pour ça qu’on a pris le temps de regarder ces contextes.

  • Dieu est le maître de l’histoire, mais nous sommes responsables.

Le premier enseignement, c’est que dans l’histoire, c’est Dieu le maître, c’est lui qui domine et dirige toutes choses, c’est lui qui décide du moment où l’histoire se terminera et où tout prendra fin. Mais malgré que Dieu dirige tout, nous restons responsables des actes que nous accomplissons durant notre vie. Nous en sommes responsables, et un jour Dieu demandera des comptes.

Dans ce texte Dieu l’affirme : il viendra un jour pour juger tous les peuples, c’est-à-dire tous les hommes. Et ce jour-là, tous nos actes, toutes nos motivations, tout ce qu’on a pu faire même de plus secret sera mis à jour. Parce que rien n’est caché aux yeux de Dieu.

Toutes nos actions, tout ce qu’on aura fait, comme aussi tout ce qu’on aura pas fait, tout ça sera révélé au grand jour. Et ce jour-là, comment est-ce qu’on pourra se tenir devant Dieu ? Comment serons-nous reconnus, déclarés ? Justes, innocents, bons ? Ou bien injustes, coupables, mauvais ?

La réponse est évidente, aucun d’entre nous ne sera déclaré juste à cause de ses actes, personne ne peut se montrer tout blanc devant Dieu. Nous avons tous pratiqué le mal et l’injustice.

Heureusement pour nous, Dieu dans son amour nous a donné une solution. Il a donné la vie de son Fils, qui a payé le prix de notre injustice à notre place. En Jésus-Christ nous pouvons être pardonnés, justifiés devant Dieu, gratuitement. Pas par nos actes, mais par un cadeau gratuit de Dieu. Il nous suffit de reconnaître que nous sommes coupables devant Dieu, et que nous avons besoin de lui pour ne plus l’être.

Ca règle pour nous le sujet de notre culpabilité devant Dieu, mais ça nous donne aussi une grande responsabilité, individuelle mais aussi collective. C’est pas parce que Dieu nous promet son pardon que nous pouvons recommencer tout pareil qu’avant, en se disant que de toute façon Dieu pardonne. Mais il nous faut agir différemment. Mettre en pratique le bien, c’est-à-dire la volonté de Dieu.

Et dans notre texte, quelle aurait été la volonté de Dieu pour Edom ? Déjà qu’ils ne profitent pas de la faiblesse de Juda pour massacrer et piller, s’est évident. Mais est-ce que c’est tout ? Est-ce le simple fait de ne pas aggraver le cas de ce peuple à l’agonie aurait suffi ? D’autant plus que c’était le peuple de Dieu ! Est-ce que Dieu n’attendait pas plus de la part d’Edom envers Juda ?

Notre texte ne nous le dit pas. Mais pas besoin d’être prophète pour le deviner. Parce que le centre de la Loi de Dieu, le centre de sa volonté pour nous se résume en un commandement : aimer Dieu et aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Dieu avait redonné sa liberté, son indépendance à Edom, conformément à la bénédiction que Isaac avait donnée à Ésaü. Et il désirait qu’ils mettent cette nouvelle liberté en pratique pour faire le bien, pour venir en aide à Juda, pour les secourir, les soigner, les protéger. Ne pas faire le mal n’est pas suffisant lorsqu’on a été libéré par Dieu. Il faut également faire le bien, aimer Dieu et aimer notre prochain.

Et nous aujourd’hui ? Nous avons également été libérés par Dieu. Nous n’avons pas été libérés d’une soumission terrestre, mais en Jésus-Christ nous sommes libérés de l’esclavage du péché. Nous sommes libérés de notre culpabilité. Et qu’est-ce que nous faisons de notre toute nouvelle liberté ?

Est-ce qu’on se contente de la vivre paisiblement, entre nous, pour nous ? Ou est-ce que nous la mettons en pratique, dans l’amour de Dieu et l’amour du prochain ?

Est-ce que tout comme pour Edom à leur époque il n’y aurait pas à notre porte des peuples à l’agonie ? Des peuples qui auraient besoin d’aide ? D’accueil ? De soin ? De protection ?

Est-ce qu’il n’y a pas non plus des peuples entiers qui ont besoin d’entendre la Parole de liberté que Dieu peut leur apporter ? Cette Bonne Nouvelle en Jésus-Christ de la libération du péché et de la mort ?

Bien sûr, nous ne faisons pas comme Edom. On ne se joint pas au pillage et au massacre. Mais est-ce que nous faisons le bien envers ces peuples ? Ou est-ce que nous nous contentons de ne pas faire le mal, de ne rien faire en fait, et d’attendre ?

Lorsque nous nous présenterons devant Dieu, tout heureux et fier de notre belle liberté et de notre justice que Dieu nous donne en Jésus-Christ, de quoi est-ce que nous aurons l’air ?

Alors vous allez me dire : mais là on parle pas de l’œuvre d’une seule personne, ou même de quelques-uns ! On parle de peuples entiers, qui doivent être aidés par des peuples entiers, avec des décisions qui doivent être prises à un niveau national ou même international ! Qu’est-ce qu’on y peut à notre niveau ? Dans notre maison, notre Église, notre Union ?

  • D’un petit rien, Dieu peut faire un grand tout.

Et bien ceci m’amène alors au deuxième enseignement que j’aimerais tirer de ce texte. Un enseignement qui découle du contexte littéraire qu’on a vu tout à l’heure.

Vous vous souvenez, on a dit que le livre d’Abdias était probablement le plus ancien des livres des prophètes, mais que c’était aussi le plus petit, le plus court, un seul chapitre de 21 versets. Et bien à partir de ce tout petit chapitre, Dieu a inspiré également d’autres prophètes plus grands, plus connus, qui ont reçu une révélation de Dieu bien plus grande si on regarde la quantité de textes écrits. Et on retrouve ce livre d’Abdias qui est cité notamment dans les livres de Joël et de Jérémie.

Par exemple Edom devient dans le reste de la Bible une image pour parler des peuples hostiles au peuple de Dieu. Paul lui-même reprendra ce thème d’Ésaü et Jacob en Romains chapitre 9 pour parler de la liberté de Dieu dans l’histoire du salut.

Abdias peut sembler un livre ridiculement court à côté d’autres livres comme celui d’Ésaïe et ses 66 chapitres. Mais Dieu s’est servi de ce petit rien pour qu’il soit le point de départ d’un grand tout qui nous enseigne et nous inspire encore aujourd’hui.

Ne rabaissons pas la manière dont Dieu peut utiliser notre petit témoignage personnel, les petites actions de nos communautés, les efforts dérisoires de notre Union d’Église. Parce que ce texte d’Abdias nous le rappelle, celui qui est le seul maître de l’histoire, c’est Dieu. Et d’un petit rien, il peut faire émerger un grand tout.

Amen.

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