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Jésus s’en va, comment vivre son absence ? – Actes 1:9-14 (culte complet)

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Cannes 22 mai 2020

Chants:
Hosanna
Les cieux proclament

Jésus s’en va, comment vivre son absence ?

Actes 1 :9-14

Actes 1 scène deux, clap ! Avec cette deuxième scène du film ou du livre des Actes des Apôtres que nous avons commencé la semaine dernière, on assiste vraiment à une scène de film avec même des effets spéciaux. Avec Jésus montant au ciel dans un nuage on pourrait se croire dans le film « l’Ecume des jours » réalisé par Michel Gondry adaptation du roman de Boris Vian, pas terrible du tout, avec Audrey Tautou qui semble un peu perdue dans son nuage.

Luc s’intéresse aux témoins oculaires

Mais le réalisateur du livre des Actes, n’est pas un rigolo, il s’agit d’un médecin, grec bien éduqué qui aurait fait des études supérieures et qui s’appelle Luc, en plus il un peu historien sur les bords. En tous cas il s’attache à décrire des faits qui sont avérés et cherche à s’informer auprès de témoins oculaires. Dans notre texte vous aurez remarqué plusieurs allusions à la vue ou aux yeux. « Après ces mots, ils le virent s’élever dans les airs et un nuage le cacha à leur vue. Ils gardaient encore les yeux fixés au ciel »

L’ascension quelle importance ?

Luc parle de ce que les gens ont vu de leurs propres yeux. Et ce qu’ils ont vu c’est Jésus qui s’élève vers le ciel. On appelle cela l’ascension de Jésus que l’on fête 40 jours après Pâques.

On pourrait se poser la question de l’importance de cet événement. Pourquoi fallait-il que Jésus soit élevé comme cela vers le ciel ? Jésus n’aurait-il pas pu disparaître tout simplement de manière invisible en catimini comme il l’avait fait à plusieurs reprises depuis sa résurrection pour réapparaitre à nouveau. Et bien manifestement non ! Le Nouveau Testament nous parle d’une ascension publique qui semble définitive. Les disciples ne vont plus le revoir, Il disparait loin de leurs yeux, une nuée le cache. On note la sobriété de la description. Nous sommes loin de la science-fiction, l’accent n’est pas sur le comment mais sur le fait que Jésus rejoint le ciel. Mais il nous faut parler un peu de ce ciel: attention à ne pas en faire un lieu géographique. Il faut plutôt le considérer comme une autre dimension. Comme le disait un ami scientifique, « le monde ne se limite pas à nos trois dimensions, il y en a d’autres qui restent à découvrir. »

En parlant du ciel…

NT Whrigt (théologien anglican/évangélique écossais) dont je vous parle depuis un certain temps insiste pour dire que le ciel ne signifie pas le monde des idées ou des esprits ou des âmes comme dans la philosophie platonicienne qui influence encore trop les chrétiens. Le ciel c’est le monde de la présence de Dieu et ce ne sont pas deux mondes complètement séparés. Il ajoute et j’ai trouvé cela très intéressant que « le ciel est lié de façon tangentielle à la terre de sorte que ce qui se trouve au ciel puisse être présent simultanément et partout et n’importe où sur la terre »

SI je me souviens bien la tangente c’est ce qui touche un cercle ou une courbe sans se confondre avec elle mais la tangente la touche. Et Jésus élevé au ciel, assis à la droite du Père de qui il a reçu les pleins pouvoirs, vient toucher la terre de sa présence et il est donc présent partout et en même temps. Avec Jésus le ciel est indissolublement lié à la terre.

L’ascension ne signifie pas que le Christ se détache du monde mais au contraire que le ciel s’ouvre au monde des hommes dont Christ dont il est le représentant exemplaire.

C’est l’homme Jésus qui est monté au ciel

Parce qu’il faut bien comprendre une chose que j’ai redécouverte cette semaine en préparant, c’est que Jésus ne s’est pas débarrassé de son humanité avant de monter au ciel, il ne s’est pas défait de son enveloppe corporelle comme le papillon quitte sa chrysalide pour s’envoler… non c’est en tant homme que Jésus a été élevé, pleinement Dieu mais pleinement homme aussi…

Un théologien disait « l’incarnation n’est pas une idée vague et flottante elle est un acte divin dont les conséquences sont permanentes »

Jésus est présent en tant qu’homme dans le ciel, dans son corps ressuscité, il représente l’humanité, notre humanité, et il plaide pour nous, et il nous comprend, et il sait nos faiblesses, il est là présent en tant qu’homme corporellement et il est complètement en notre faveur. Il y a un homme comme vous et moi qui est assis à la droite de Dieu maintenant.

Mais il n’est plus sur terre et l’ascension de Jésus, veut dire absence pour ceux qui restent, il disparaît à leurs yeux, Jésus n’est plus là, les disciples ne le voient plus… On peut imaginer l’effet de cette absence sur les disciples qui avaient partagé sa route, sa vie pendant 3 ans.

Je les imagine en train de se dire: bon on va continuer mais ce sera quand même « moins bien qu’avant ». Moins bien qu’avant, comme nous nous disons parfois que ce serait quand même plus facile si Jésus était avec nous physiquement ou s’il nous avions des signes plus concrets un peu plus matériels, un peu plus visible de sa présence. Ce serait quand même mieux. Oui la question se pose à nous comme pour les disciples :

Comment vivre l’absence de Jésus ?

Et ce qu’il faut d’abord dire bien fort car c’est je crois le grand message de cet épisode de l’ascension : absence ne veut pas dire abandon. Et les messagers de Dieu, les anges qui sont là ne vont pas laisser la moindre ambiguïté, alors que les disciples un peu bêtement quand même ont les yeux fixés vers le ciel, comme des gamins qui regardent leur avion de papier qu’ils ont fabriqué : « Hommes de *Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel? » Circulez y’a rien à voir semblent dire les anges, y’a rien à voir mais y’a tout à faire. Mais ils vont dire quelque chose par rapport à l’absence de Jésus. Ils vont leur dire que cet homme qu’ils voient s’élever va revenir. C’est la première réponse de cet épisode à la question de l’absence de Jésus.

1. La promesse de son retour

« Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, en redescendra un jour de la même manière que vous l’avez vu y monter. » « De la même manière » et la même personne, Dieu le Fils qui reviendra dans sa gloire pour instaurer de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera, où se sera en quelque sorte le ciel sur la terre, où il n’y aura plus de deuil, plus de violence plus de mal. La Bible nous enseigne largement sur le retour de Jésus et les anges le rappellent à ses disciples qui se demandent comment vivre l’absence de leur maître.

Il y a un terme pour décrire ce retour : la parousie, un terme utilisé pour parler de l’entrée d’un général victorieux dans la ville avec toutes les acclamations. Et nous attendons l’entrée ou le retour de Jésus dans notre monde, victorieux sur les forces du mal, sur tout ce qui nous tire vers le bas, sur le péché sous toutes ses formes, sur les virus dans tous leurs états. C’est le retour de Jésus et nous sommes dans cette attente, entre l’ascension et son retour, une période d’attente active, où on met les mains dans le cambouis, où on se décarcasse, où on est témoin de l’amour de Dieu pour tous les hommes, où on cherche à établir un royaume de justice… Mais avec une question : l’attendons-nous vraiment ? Jésus lui-même se posait la question : « Quand le fils de l’homme viendra trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? » Luc 18 :8. Est-ce qu’il va trouver des gens qui auront confiance en lui ? Qui attendent et qui s’attendent à son retour ? Va-t-il me trouver moi ? Dans quel état de confiance ?

Et pour revenir à notre question de l’absence de Jésus : quel est l’impact de cette promesse du retour par rapport à cette absence ?

Anticiper son retour

SI je prends l’illustration de l’attente par exemple d’un événement, un anniversaire, une fête. Quand un enfant et même un grand attend son anniversaire ou Noël, il peut être très excité c’est sûr, mais en même temps il anticipe sur la fête, il est déjà dedans et parfois même l’attente est encore meilleure que la fête. Et pour ce qui concerne le retour de Christ il me semble que notre l’attente peut être une anticipation de l’événement et que cette anticipation permet déjà de vivre différemment ce présent. C’est je crois ce que disent les anges, il est parti mais il reviendra et la perspective de son retour change beaucoup de choses dans la manière de vivre ce présent et l’absence physique de Jésus.

2. Sa présence dans la communauté

La deuxième réponse de cet épisode par rapport à l’absence de Jésus a à voir avec la communauté, la communauté des disciples. Ce petit groupe qui a assisté à l’ascension est renvoyé à Jérusalem (pas très loin) et à leur chambre haute où ils ont été appelé à attendre la venue de l’Esprit, le grand acteur du livre des Actes et de l’attendre ensemble.

« Dès leur arrivée, ils montèrent à l’étage supérieur de la maison où ils se tenaient d’habitude. C’étaient Pierre, Jean, Jacques (…) D’un commun accord, ils se retrouvaient souvent pour prier, avec quelques femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus. »

Où se trouve la réponse à la question de l’absence physique de Jésus ? Et bien dans ce groupe de disciples de la chambre haute, dans ce rassemblement dans une grande pièce aménagée en terrasse, dans ces 120 personnes qui sont dans la prière tous ensemble. Jésus présent par son esprit dans cette communauté de croyants qu’on appellera l’Eglise.

Comment vivre l’absence physique de Jésus ? Et bien, la vivre en communauté, mais non pas son absence, sa présence ! Car Jésus est présent dans son Eglise, par son Esprit. Il ne s’agit pas là d’un concept, mais d’une véritable présence. « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom je suis au milieu d’eux disait déjà Jésus dans l’Evangile de Matthieu. » (18 :20) Ce n’est même pas une promesse, c’est une réalité, la réalité de l’Eglise. On se souvient aussi que pour les Eglises locales de l’Apocalypse, Jean l’auteur dans un langage très symbolique, nous parle d’un homme qui marche au milieu de chandeliers, les chandeliers se sont les Eglises, et cet homme, Jésus, marche au milieu d’elles, celles qui ont des problèmes et celle qui en ont moins.

Jésus est présent quand les chrétiens se rassemblent dans une chambre haute et qu’ils le font ensemble. Je cite un commentateur : « A l’invisibilité de Jésus répond la visibilité d’une communauté d’hommes et de femmes en prière ; s’effaçant au monde, le ressuscité ouvre un espace dans lequel la communauté des croyants concrétisera sa présence cachée » D.Marguerat (Les Actes des Apôtres).

Une communauté unie dans la prière

Dans cette communauté en prière on remarque une chose en particulier : lunité. Il y a là les anciens disciples, mais il y a les nouveaux et des nouvelles, les quelques femmes qui ont déjà suivi Jésus et qui ont permis à la troupe de subsister, Marie la mère de Jésus, et puis les frères de Jésus qui ont mis un peu de temps à comprendre que leur frangin avait « les paroles de la vie éternelle » mais qui sont là. Ils sont tous là, 120 au total dans la prière « d’un commun accord » nous dit le texte ou d’un « seul cœur » beau à voir. Luc va insister tout au long du film des Actes sur cette unité des premiers chrétiens.

Une idéalisation de l’Eglise ?

On pourrait dire que Luc idéalise un peu le tableau, c’est parfois l’impression qui se dégage du tableau que nous fait Luc de cette première Eglise, et par comparaison, on se sentirait un peu loin du compte ici et maintenant. D’abord, on peut imaginer que parmi les 120 il y en ait deux ou trois dans la troupe qui n’étaient pas tout à fait au diapason ou qui pensaient à autre chose, qui n’étaient pas vraiment dans le coup. Mais Luc a une vision globale, il y avait un fort sentiment d’unité. Et Jésus est présent dans ce groupe, de gens différents mais qui s’attendent à lui, qui prient ensemble et qui persévèrent dans la prière. John Stott faisait remarquer qu’ils sont dans la prière alors qu’ils attendent le Saint Esprit qui a été promis et qui va leur permettre d’être les témoins. La prière qui précède la mise en route !

La réalité de sa présence

Nous parlerons de cette mise en route la semaine prochaine quand nous aborderons l’épisode de la Pentecôte. Mais alors que nous avons parlé de cette question d’absence ou de présence de Jésus à l’Ascension, présent par anticipation à son retour, présent dans la communauté, nous pourrions revenir à cette promesse de Jésus dans un autre évangile celui de Matthieu 28, qui nous parle aussi de devenir des témoins et de faire de toutes les nations des disciples, et qui nous dit également cette promesse formidable : « Et voici je suis avec vous jusqu’à la fin du monde »

Et ça c’est une promesse qui change tout. Alors que Jésus n’est plus là physiquement, qu’on se retrouve avec une bande de copains et quelques femmes à se demander ce qu’on va faire plus tard de sa vie, alors que tout est à faire et qu’on a pas les moyens, alors qu’on vit des tempêtes, alors qu’on est dans la confusion ou dans l’adversité, Jésus nous dit « je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

Je suis avec vous vraiment par mon esprit saint, dans cette communauté de gens qui placent leur confiance en moi, je suis avec vous jusqu’à la fin de ce monde, non pas comme un mur qui arriverait sur nous pour un choc frontal mais comme une porte ouverte, je suis avec vous jusqu’à mon retour. Cette perspective de son retour nous permet de vivre en sa présence maintenant en communauté. Il est déjà là !

Oui l’agneau est déjà assis à la droite de Dieu et nous voulons lui rendre gloire en chantant:

Chant: A l’agneau de Dieu