Soutien à l’Ukraine

L’obéissance dans l’ordinaire de nos vies

Pour la prédication de ce matin, j’aimerais que nous regardions ensemble un texte. Alors c’est un texte très connu, que certains d’entre nous ont lu probablement des dizaines de fois. Mais vous en faites pas si jamais vous le découvrez ce matin ça pose aucun soucis.

C’est donc un texte que moi-même j’ai lu, lu et relu tout un tas de fois. Mais il se trouve que cette semaine, il y a une méditation écrite par Vincent Miéville, le président de notre Union d’Église, qui m’a fait regarder ce texte d’une manière nouvelle. Et j’avoue que ça a pas mal résonné en moi. C’est donc ce que j’ai à cœur de vous partager ce matin.

Et ce passage se trouve dans l’Évangile de Luc, au chapitre 9, les versets 10 à 17. C’est le récit de la multiplication des pains.

Lecture Luc 9.10-17.

  • Le Royaume de Dieu dans l’ordinaire de nos vies.

Alors effectivement, ce texte est bien connu par la plupart d’entre nous. Et il est avant tout connu pour l’extraordinaire de ce miracle : nourrir 5.000 personnes avec seulement 5 pains et 2 poissons ! Les restaurants du coin ont dû s’en mordre les doigts.

Mais ce miracle, c’est avant tout un signe qui accompagne la prédication du Christ. Jésus prêche la venue du Royaume de Dieu, il passe son temps à essayer d’expliquer ce que c’est que le Royaume de Dieu, et bien ici encore il l’explicite un peu plus.

Juste avant ce passage, Jésus avait envoyé ses disciples dans les villes et les villages environnants. Il leur avait donné de pouvoir guérir les malades, de pouvoir chasser les démons, et il leur demande, avec ces dons, d’aller à leur tour annoncer le règne de Dieu dans toute la région.

Et les disciples le font ! Ils partent, ils s’éparpillent dans la région, ils font des guérisons miraculeuses, ils chassent des démons, et c’est en s’appuyant sur ces actes extraordinaires qu’ils appellent la population à se tourner vers Dieu et à entrer dans son Royaume.

Ca a dû être une expérience extrêmement marquante pour les disciples. Voir qu’à travers eux, Dieu réalisait des miracles ! Et lorsqu’ils reviennent voir Jésus, et notre texte commence par ça, ils lui racontent tout ! Ils sont surexcités ! Regarde Jésus, tout s’est passé comme tu l’avais dit ! On a guérit des malades ! On a chassé des démons ! Et du coup, les gens ont été très attentifs à notre message !

On voit bien par ces actes extraordinaires que le Royaume de Dieu, c’est quelque chose de grandiose ! Qui dépasse l’entendement humain !

Mais si c’était que ça, comment est-ce que ce Royaume extraordinaire pourrait bien venir nous rejoindre dans notre vie ordinaire ? Nos vies qui ne sont pas faites de signes miraculeux ? Nos témoignages qui ne sont pas accompagnés de guérisons prodigieuses ? Moi quand je vois le récit de tous les miracles que les disciples accomplissaient pour appuyer leur témoignage, je suis en admiration, ça me fait rêver ! Mais en même temps je me dis que peut-être, annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, c’est pas fait pour moi, c’est pas fait pour nous, nous qui n’avons pas reçu ces dons miraculeux.

Et c’est justement là que notre texte vient nous apporter autre chose.

Les disciples sont revenus surexcités de leur tournée missionnaire, ils sont plongés dans l’extraordinaire ! Mais là, on retombe dans des considérations pratiques, terre à terre, il y a 5.000 personnes, il se fait tard, il faut les faire manger.

Jusque là, l’annonce du Royaume de Dieu touchait à l’extraordinaire : des guérisons, des démons chassés. Ici l’annonce du Royaume de Dieu vient toucher à l’ordinaire de nos vies. Donner à manger. Rien de plus ordinaire, rien de moins spectaculaire. Et les disciples d’ailleurs ne font pas le lien avec tout ce qu’ils ont vécu avant. Ils ont à nouveau la tête sur les épaules. Donner à manger à celui qui a faim et annoncer le grandiose Royaume de Dieu, c’est pas pareil pour eux. Ils sont habitués à mieux !

Et Jésus, il est taquin quand même, Jésus va pousser l’ordinaire encore plus loin. Il fait seulement asseoir les gens par groupes, comme pour un repas normal. Il fait juste une prière de bénédiction avant de manger, comme pour un repas normal. Il ne demande pas de miracle. Il ne prie pas pour que Dieu multiplie la nourriture ! Il se comporte comme tous les jours, comme avant chaque repas.

Annoncer le Royaume de Dieu. Appeler les gens à se tourner vers Dieu, à lui remettre leur vie, à demander pardon pour leurs fautes pour recevoir la vie éternelle en Jésus-Christ, certains veulent le faire avec puissance, certains reçoivent même de Dieu des dons miraculeux pour frapper les gens, pour les marquer, pour appuyer leur témoignage sans aucune contestation possible !

Mais ce n’est qu’une facette de la pièce. Parce que l’essentiel de notre témoignage doit rejoindre les gens dans l’ordinaire de leurs vies. Tu as faim ? Viens, je vais te donner à manger. Tu souffres ? Viens, tu vas me raconter, et moi je vais t’écouter. Tu es triste ? Tiens, voila une épaule pour pleurer.

Le Royaume de Dieu, Dieu qui devient le Seigneur de notre vie entière, c’est pas QUE quelque chose qui touche à l’extraordinaire ! Mais c’est quelque chose qui impacte jusque dans toutes les facettes de notre vie, même les plus banales, même les plus ordinaires. Et c’est dans tout cet ordinaire de notre vie et de la vie des autres que nous sommes appelés à être des témoins de l’amour de Dieu et du salut en Jésus-Christ.

Pour une personne qui a faim, et ça ceux d’entre nous qui aident dans l’association chrétienne « j’avais faim » sur Cannes peuvent en témoigner, pour une personne qui a faim, recevoir à manger, c’est un miracle. Pour une personne qui souffre, être seulement écoutée sans arrière pensée, sans jugement, sans but, juste une écoute sincère et aimante, c’est un miracle.

Alors le weekend dernier, nous avons participé à annoncer l’Évangile de manière grandiose, par des concerts et des mises en scène réellement superbes ! Marquantes ! Spectaculaires ! Et ça a touché de nombreuses personnes !

Mais si on pense qu’être témoin du Christ se limite à ça, si on pense qu’après tout ça on a fini notre travail, alors c’est qu’on pense qu’être témoin du Christ ce n’est pas pour nous, nous qui n’avons pas reçu ces dons-là. Ces dons spectaculaires ! Alors que dans tout l’ordinaire de nos vies, Dieu nous donne déjà tout ce qu’il faut pour être des témoins fidèles de son amour et de sa Parole.

  • L’obéissance avant le miracle.

Alors oui, d’accord, dans notre texte il y a quand même un miracle. Il y a quand même de l’extraordinaire.

Mais il y a un truc auquel j’avais jamais fait attention. Et c’est là que la méditation écrite par Vincent Miéville a changé mon regard sur ce texte, c’est sur le moment où survient le miracle.

Je vous relis juste ce passage.

Lire verset 16.

Moi dans ma lecture rapide de ce passage, j’avais l’impression que le miracle survenait suite à la prière de Jésus. Jésus prie, les pains et les poissons sont multipliés, miraculeusement, puis les disciples font la distribution. C’est comme ça que je comprenais ce texte.

Alors que dans le texte, Jésus prend simplement les 5 pains et les deux poissons, il prie, comme avant un repas normal, puis il partage ces 5 pains et ces deux poissons entre ses disciples, il leur en donne des morceaux nous dit le texte, pour qu’ils aillent les distribuer. Et lorsque les disciples obéissent, et vont distribuer ces morceaux, il n’y a toujours et uniquement que 5 pains et 2 poissons.

Je vous relis encore ce verset pour bien s’en rendre compte.

Lire verset 16.

Je trouve ça dingue ! Les disciples ont 5.000 personnes devant eux, 5.000 personnes qui ont faim. Et ils ont chacun que des morceaux de pain et des bouts de poisson dans les mains. Mais Jésus leur demande de donner à manger. Alors ils le font.

Dans notre texte, c’est pas le miracle qui vient avant l’obéissance, c’est l’obéissance qui vient avant le miracle.

On a souvent l’impression que dans notre monde, les besoins sont tellement immenses qu’on y pourra rien. Il y a tellement de gens affamés, tellement de personnes qui souffrent, tellement de gens qui n’ont pas entendu parler du Christ ! Comment est-ce qu’on pourrait tous les nourrir ? Comment est-ce qu’on pourrait tous les consoler ? Comment est-ce qu’on pourrait tous leur annoncer l’Évangile ?

Mais ce que nous montre ce texte, c’est que les disciples du Christ ne sont pas appelés à faire des choses extraordinaires ! Ils sont simplement appelés à transmettre l’amour et la Parole de Dieu dans leur vie ordinaire et avec les dons qu’ils ont reçu. Les disciples avaient reçu quelques morceaux de pain et de poisson. Des moyens dérisoires face aux besoins immenses qu’il y avait devant eux !

Et bien tant pis. Ils font, sans discuter, avec le peu de moyens qu’ils ont. Ils distribuent ces quelques morceaux à quelques personnes.

Et ils ont dû très vite revenir vers Jésus, en ayant épuisé le peu de moyens qu’ils avaient ! Et là, surprise, il y en a encore, il y a d’autres pains, d’autres poissons ! Alors ils les prennent eux aussi, et ils y retournent, ils distribuent avec ces nouveaux dons que Dieu leur a fait. Puis ils reviennent à nouveau, les mains vides, et là, miracle, il y en a encore, et encore, et encore, et encore…

Dans ce récit, les disciples obéissent avec des moyens dérisoires face à l’immensité des besoins. Mais c’est pas grave, ils le font quand même. Parce qu’ils ont foi dans ce que fournir les dons nécessaires, c’est le travail de Dieu ! C’est pas le leur ! C’est Dieu qui donne ! Et eux, les disciples, n’ont qu’à obéir, même avec le peu qu’ils ont.

  • La multiplication dans le partage.

Ce texte nous rappelle que la vie d’un disciple du Christ, c’est une vie ordinaire, une vie normale, faite de travail, de repos, de repas, de loisirs. Mais il nous rappelle également que c’est dans l’ordinaire de nos vies, et avec le peu que nous avons reçu de Dieu, que nous sommes appelés à transmettre autour de nous l’amour de notre Seigneur et la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ.

Parce que vivre le règne de Dieu dans nos vies, ça signifie partager. Ne pas garder pour soi, mais partager autour de nous ce que nous avons reçu de Dieu. Ca peut être des biens matériels, ça peut être des dons pour consoler, pour écouter, pour conseiller, pour venir en aide, pour soulager la vie des gens.

Je sais que nous vivons dans une société où le partage, c’est un sujet sensible. Que ce soit le partage dans le sens donner de nos richesses, ou donner de notre temps, ou donner de nous-mêmes… On a tellement peu de chacune de ces choses, alors que les sollicitations et les besoins sont si immenses, ça nous fait peur, et on a du mal à accepter de partager le peu qu’on a. On cherche souvent à obtenir plus, plutôt que de penser à partager ce qu’on a déjà. Et c’est pas mauvais de chercher à avoir plus, que ce soit des biens, du temps, ou des qualités personnelles.

Mais si cette recherche du plus, on ne la vit pas pour le partage, alors pour qui est-ce qu’on la vit ? Simplement pour moi ?

Ce texte nous le rappelle, vivre le règne de Dieu dans nos vies, ça doit se concrétiser par une obéissance aimante envers l’autre marquée par le partage. Mais contrairement à ce que nous affirme notre monde, ce n’est pas un partage qui appauvrit, qui fait diminuer. Mais c’est un partage qui fait fructifier, qui multiplie, qui fait grandir.

Partager le Royaume de Dieu autour de nous, c’est permettre à ces personnes d’y entrer à leur tour. Et c’est donc un partage qui multiplie. A tel point même que lorsque nous pensons avoir épuisé les dons que Dieu nous a fait, lorsque nous pensons que les besoins sont comblés, les dons de Dieu ne cessent de grandir encore, et comme dans notre texte, il y en a toujours en reste.

Conclusion.

Nous approchons doucement de la fin de cette année de vie d’Église, parce que nous fonctionnons avec le rythme des vacances scolaires, pour s’adapter à nos disponibilités. Et on termine cette année en fanfare ! Un concert d’Évangélisation dimanche dernier durant l’après-midi, un autre concert d’Évangélisation encore plus grand lundi dernier dans les rues de Cannes, des réflexions sur le culte et sur les travaux dans notre bâtiment qui vont se mettre en place, un culte de fin d’année du catéchisme que nous apporteront nos ados ! Le tout se terminant le dimanche 26 Juin par un pique-nique et une après-midi sur la plage, on en reparlera tout à l’heure ! Quoi rêver de mieux ? Comment faire plus ? Comment aller plus loin ? Comment faire plus grand ?

Les textes que nous avons étudié ce matin nous montrent qu’effectivement, dans une vie de témoin du Christ, il y a la place pour le grand, le spectaculaire, le sensationnel, comme on a pu en vivre lundi dernier.

Mais ils nous appellent également à ne pas en faire une quête permanente. Sachons revenir à l’ordinaire de notre vie. Sachons regarder jusqu’au dérisoire des dons que nous avons reçus. Dérisoire par à cause de leur inutilité, mais face à l’immensité des besoins.

Et avec cet ordinaire de nos vies, et le peu que Dieu nous donne, soyons des disciples volontaires et obéissants. Sachons partager autour de nous ce règne de Dieu que nous vivons déjà. Et que ce soit dans nos actions communes ou dans nos vies individuelles, que ce soit durant une année qui bat son plein ou dans un temps de vacances, que par l’ordinaire de nos vies nous puissions apporter l’amour de Dieu et sa Parole dans l’ordinaire de la vie des autres.

Amen.

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