Soutien à l’Ukraine

On ne fait pas Église tout seul…

Bonjour à tous.

Aujourd’hui, c’est la journée de notre Union d’Église. C’est-à-dire qu’une fois par an, l’Union nationale d’Eglises dont nous faisons partie nous incite à rappeler l’importance et les principes de notre Union. Mais ça, nous en reparlerons après la prédication.

En lien avec ça, j’aimerais ce matin, durant cette prédication, que nous puissions nous poser une question simple : Pourquoi une Union d’Églises ? On peut facilement trouver des utilités actuelles, concrètes, pratiques, mais j’aimerais savoir si « dans la Bible » nous pouvons trouver des réponses à cette question, ou des exemples concrets dans la vie de l’église primitive.

Et pour cela nous allons étudier ensemble 2 textes. Et le 1er de ces textes se trouve dans le livre des Actes au chapitre 15. Alors je ne vais pas vous lire tout le chapitre 15, juste certains passages.

Lecture Ac 15.1-6, 22-23, 30-31.

Ce texte nous raconte une des premières difficultés qu’a pu connaître l’Église du 1er siècle.

Le salut en Christ est offert à tous sur la seule base de la foi. La foi en Jésus et en son sacrifice pour le pardon de nos fautes. Il est offert à tous, c’est-à-dire aux croyants d’origine juive comme aux croyants d’origine non-juive.

Mais si nous remontons à la naissance de l’Église, c’est-à-dire à la Pentecôte, la venue de l’Esprit Saint chez les croyants pour les unir à Dieu en un seul peuple, et bien la grande majorité de ces premiers chrétiens sont d’origine juive, qui pratiquent les coutumes et la Loi juive. Et qui pratiquent notamment la circoncision, une coutume juive qui symbolise l’appartenance au peuple de Dieu.

Petit à petit le message de l’Évangile se répand dans tout l’Empire Romain. Et fatalement de plus en plus de non juifs sont touchés par ce message et se convertissent. Ils reçoivent le Christ comme Seigneur et Sauveur, ils reçoivent l’Esprit de Dieu, et ils sont unis par Dieu au reste de son peuple, qui est l’Église.

Mais que faire de la circoncision ? Que faire de cet ancien signe d’appartenance au peuple de Dieu ? Faut-il toujours le pratiquer ou non ? En plus d’être converti, faut-il être circoncis pour appartenir pleinement au peuple de Dieu ? Voilà la grande question qui pose problème dans le début de l’histoire de l’église.

Tous les chrétiens de l’époque annoncent le salut en Christ, mais il reste aussi les écrits de l’Ancien Testament, avec notamment la Loi de Moïse, qui a été donnée par Dieu. Et ce qui divise, c’est la compréhension de ces textes de l’Ancien Testament lu avec l’éclairage de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ. Tous les chrétiens de l’époque se basent sur une même foi en Christ. Tous se basent aussi sur les mêmes textes. Mais comment les comprendre, et quelle conséquence cela doit avoir dans la vie des croyants ?

Vous connaissez surement ce grand principe de la Réforme, le Sola Scriptura, l’Écriture seule, la Bible comme seule référence de notre compréhension de la foi. Ce principe est en effet très bon, mais il ne répond pas à la question suivante : « quelle interprétation, quelle compréhension de l’Écriture ? ».

Alors qu’a fait l’Église du 1er siècle ? Notre texte nous dit que les églises ont envoyé des délégués, qui se sont réunis en un grand Synode, le 1er de l’histoire, et qui ont réfléchi ensemble à la question qui posait problème.

En tant qu’église de professant, nous prônons avant tout la foi confessée, la relation individuelle que nous avons avec Dieu, et la lecture personnelle de sa Parole. Mais nous reconnaissons aussi que nous n’avons pas toutes les réponses, toute la compréhension de la volonté de Dieu pour nous et pour son peuple en général. Et nous croyons que si effectivement Dieu agit en chacun de nous, il agit aussi lorsque nous œuvrons ensemble, lorsque nous réfléchissons ensemble, lorsque nous cherchons à comprendre sa Parole et sa volonté ensemble.

Les églises locales du 1er siècle se sont réunies pour discerner ensemble la volonté de Dieu pour son peuple. Et l’Esprit de Dieu a guidé leur réflexion commune pour les aider dans leur discernement. Ils en sont arrivés à la conclusion qu’il ne fallait rien surajouter à la foi dans l’acquisition du salut. Ce synode a alors rédigé une lettre à destination des différentes églises locales. Ce synode a aussi désigné des délégués pour apporter cette lettre aux églises.

Et comme tout ce qui avait été fait avait été guidé par l’Esprit Saint dans une recherche humble et soumise de la volonté de Dieu pour son peuple, voici l’effet qu’a produit cette lettre auprès des croyants de l’époque.

Lecture v.30-31.

C’est avant tout dans cette même optique que notre union d’Église existe. Nous, églises locales ou chrétiens individuels, nous avons conscience d’être des membres à part entière du peuple de Dieu. Mais nous reconnaissons aussi n’être qu’une fraction de ce peuple. Nous reconnaissons l’œuvre de l’Esprit en nous et entre nous, mais nous avons également conscience de nos limites et du besoin de complémentarité que nous avons les uns les autres dans ce grand peuple uni à Dieu. Nous ne voulons pas être des chrétiens isolés. Mais nous désirons prendre notre place légitime dans ce peuple bien plus vaste que Dieu s’est acquis à la croix.

Notre Union d’Église n’est pas non plus le peuple de Dieu. Elle n’en est également qu’une fraction, une partie, qui doit pouvoir entrer en dialogue avec le reste de ce peuple, et qui le fait d’ailleurs au sein d’autres structures. Mais au sein de cette Union, tout comme l’église du 1er siècle, nous désirons vivre et mettre en pratique cette complémentarité, cette humilité, cette unité et cette soumission mutuelle que Dieu désire pour nous au sein de son peuple.

Voilà la 1ère et principale raison de l’existence de notre Union d’Églises. Vivre ensemble la complémentarité, l’humilité, l’unité et la soumission mutuelle que Dieu désire pour nous.

C’est la 1ère et  principale raison, mais j’en ai trouvé une autre dans un autre texte. Ce n’est pas la seule autre raison biblique qui peut expliquer l’existence de notre Union d’Églises, mais je me limiterai ce matin à ces deux-là. Et je vous invite à suivre une lecture dans la 2ème épître aux Corinthiens, au chapitre 8. Encore une fois je ne vais pas lire tout le chapitre 8, seulement quelques passages.

Lecture 2Co 8.1-4, 10-15.

A l’époque, il y avait une grande famine dans la région de Jérusalem. Et les chrétiens de cette région souffraient gravement à cause de cette famine.

Alors une idée commence à germer dans les autres églises dispersées dans tout l’Empire romain. Organisons une collecte. Que toutes les églises locales mettent en commun une partie de leurs biens pour les faire parvenir à Jérusalem et ainsi venir en aide aux chrétiens de cette région qui sont dans le besoin.

Cette idée a germé tout d’abord dans l’église de la ville de Corinthe, puis elle s’est répandue en Macédoine, notamment dans les églises des villes de Philippe et de Thessalonique. Paul en parle même dans son épître aux romains, qu’il destine aux chrétiens de la ville de Rome.

L’idée germe, prend forme, puis s’organise. Les églises locales mettent de côté une partie de leurs biens, puis on délègue des représentants afin de réunir les collectes des différentes églises pour enfin les faire parvenir jusqu’à Jérusalem.

Mais si Corinthe a en effet lancé l’idée de cette collecte, avec le temps ils commencent à trainer dans la mise en pratique. Alors Paul vient les titiller, les relancer. Il leur dit que les autres églises locales, même bien plus pauvres, ont fait leur part. A eux maintenant de faire aussi la leur.

Mais si certaines églises ont donné selon Paul au-delà de leurs moyens, ce n’est pas ce que Paul demande à l’église de Corinthe. Non. Il leur demande de donner en fonction de ce qu’ils ont, et non en fonction de ce qu’ils n’ont pas. Il ne leur ordonne pas non plus de donner. Il le dit lui-même « c’est un simple avis que je vous donne ». Mais il veut que le zèle qu’ils montrent dans leur foi, leur connaissance et leur amour puisse aussi se manifester dans cet acte de générosité concret.

Et enfin Paul fait appel à un concept qui découle directement du même salut que nous avons reçu en Christ, de la même foi que nous partageons, de l’unité que nous vivons en faisant tous partie d’un même peuple, le peuple de Dieu. Et ce concept, c’est l’égalité. Et je vous relis ce passage v.13-15.

Toutes les églises locales sont des morceaux de ce peuple bien plus vaste, le peuple de Dieu, l’Église Universelle. Mais si elles sont effectivement toutes d’égale valeur devant Dieu, elles ne sont pas toujours égales sur la terre. Certaines sont dans le besoin, d’autres dans l’abondance. Certaines ont profusion de biens et de serviteurs, d’autres peinent à trouver un local ou se réunir, ou à financer le travail d’un serviteur ou d’un pasteur.

Mais l’unité que nous professons, l’égalité devant Dieu que nous reconnaissons, la même foi, le même Sauveur, le même salut que nous partageons, la complémentarité que nous désirons vivre, tout cela nous pousse à vouloir rechercher également une certaine égalité même matérielle entre nos églises.

L’église du 1er siècle a organisé cette collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem. Ils ont mis de côté une partie de leurs biens, ils ont désigné des délégués pour collecter le tout et pour le faire parvenir là où se trouvaient les besoins.

De la même manière, notre Union d’Églises veille à respecter une certaine égalité entre nos églises locales. Chaque communauté met de côté une partie de ses biens en fonction de ce qu’elle a. Les églises plus riches donnent plus, là où les plus pauvres donnent moins voir pas du tout. Le tout est réuni par notre Union, et des personnes déléguées et élues en synode, par nos églises locales, veillent à répartir ces fonds en fonction des besoins. Pour que, selon notre texte, celui qui avait beaucoup n’en ait pas de trop, et celui avait peu ne manque de rien.

Ce bel élan, cette belle initiative, chacune de nos églises locales s’y est engagée. Mais parfois, comme pour l’église de Corinthe, avec le temps, l’enthousiasme vient à s’essouffler. D’ailleurs, actuellement, notre Union peine à répondre aux besoins de ses églises.

Et tout comme Paul il faut pouvoir, sans culpabiliser, sans contraindre, rappeler à nos communautés l’importance de cette générosité et de cette égalité. En rappeler les principes, comme nous l’avons fait ce matin, mais en rappeler aussi la mise en pratique.

Notre question initiale était « Pourquoi une Union d’Églises ? ». Et ce matin, dans notre étude de ces textes, nous avons dégagé deux réponses.

La 1ère, la principale, c’est qu’étant unis en Christ en un seul peuple, le peuple de Dieu, nous désirons vivre ensemble la complémentarité, l’humilité, l’unité et la soumission mutuelle que Dieu désire pour nous dans la recherche de sa volonté.

Et la 2ème réponse, qui découle de la première, c’est notre désir de rechercher et de vivre une certaine égalité entre nos communautés.

Voilà ce à quoi nous aspirons, non seulement nous mais aussi toutes les autres églises en France qui participent à ça. Et je vous encourage à penser dans vos prières à notre Union d’Églises, à son travail, et particulièrement à celles de nos communautés qui sont dans la difficulté ou dans le besoin.

Que le Seigneur nous aide à vivre ce qu’il désire pour son Église. Pour la seule gloire de Dieu.

Amen.

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