Soutien à l’Ukraine

Prenez soin les uns des autres

Bonjour à tous. Ca fait plaisir de vous retrouver après ces 2 semaines passées dans le sud-ouest. Il y a plusieurs manières de partir en vacance. Certains choisissent un endroit et décident d’y passer un long séjour. J’avoue que pour se reposer c’est très certainement la meilleure option. Mais on peut également choisir de multiplier les étapes, en passant donc moins de temps à chaque endroit. On se repose moins, mais on voit plus de choses et plus de monde.

Nos vacances à mon épouse et moi-même ont plutôt ressemblé à ce deuxième type. On a pas mal bougé. Et durant chaque étape de nos périples j’ai eu l’occasion de passer dans des églises différentes.

Faire ce petit tour des églises m’a permis de voir tout un tas de belles choses, de recevoir beaucoup d’encouragements, d’observer les changements et les évolutions qui ont eu lieu depuis notre dernière venue. On a échangé les nouvelles, les salutations, j’ai fait la bise à pleiiiiiiiiiiiiiiiin de monde.

Mais j’ai eu également l’occasion de prendre du temps. J’étais en vacance quand même. Prendre du temps pour parler plus en profondeur avec certaines personnes, qu’elles soient pasteur, conseiller, responsable d’activité, ou simplement membre d’assemblée. Et c’est le fruit de ces discussions qui a inspiré la prédication de ce matin.

Et pour cela je souhaiterais vous lire quelques textes.

Tout d’abord ce passage de la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre 5, les versets 9 à 11, où l’apôtre Paul nous dit ceci.

Lecture 1 Thessaloniciens 5.9-11.

Un texte très court, mais qui nous réexplique la base de ce qu’est l’Église. Cette base, c’est le Christ, qui est mort pour nous afin qu’ENSEMBLE, nous puissions avoir la vie. Et c’est donc ensemble que l’apôtre nous appelle à nous encourager et à grandir dans la foi.

La mort du Christ est le fondement même de ce qu’est l’Église, et parfois les évangéliques que nous sommes ont tendance à l’oublier. Selon les principes de la réforme, nous mettons en avant la foi personnelle, la lecture personnelle de la Parole de Dieu, le témoignage personnel. Et toutes ces choses sont bonnes, parce que le Christ est bel est bien mort puis ressuscité pour chacun d’entre nous, qui sommes des individus.

Mais le Christ ne souhaitait pas racheter QUE des individus isolés. Et notre texte nous le rappelle, « notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour nous afin que nous entrions ENSEMBLE avec lui dans la vie ».

La Réforme a remis à l’honneur la foi et la piété personnelle. La relation directe de l’homme avec son Dieu sans aucune forme de médiation. Et par la suite les mouvements évangéliques ont accentué encore l’importance de ces aspects individuels de la vie chrétienne. Avec raison, je le pense sincèrement.

Mais nous y avons un peu perdu l’importance de ce « ensemble » dont nous parle l’apôtre Paul.

Si nous prenons l’exemple de l’église catholique romaine, ce serait plutôt l’inverse. Elle n’a que très récemment remis en avant la pratique personnelle de la foi et la lecture personnelle de la Parole. Ca date d’à peine quelques 10ènes d’années. En revanche l’accent sur le « ensemble » est et à toujours été le centre de leur théologie et de leur pratique. Et ça se voit jusque dans leur rassemblement du dimanche matin.

Peut-être avez-vous déjà assisté à une messe catholique. Bien évidemment je ne vais pas rentrer dans un débat sur l’ensemble de pratiques ou de points dogmatiques avec lesquels nous serions en désaccord. Mais lorsqu’il m’est arrivé d’assisté à une messe catholique, ce qui m’a frappé en premier, c’est combien ça m’a semblé impersonnel par rapport à ce que je vis dans les milieux évangéliques. On répète des phrases tous « ensemble », aucun moment de prière personnel. Ca ne me correspond pas.

Mais pour ces personnes, le « ensemble » prime sur l’individu, jusque dans le rassemblement communautaire. Et comme ils regardent avant tout à l’ensemble, si jamais ce qui se vit ne leur correspond pas individuellement parlant, ils ne s’en plaignent pas forcément.

Mais sans tomber dans une caricature, un évangélique, lorsque dans une église la louange ne lui correspond pas vraiment. Ou si le prédicateur n’est pas à son goût. Ou lorsqu’il n’y trouve pas ce qu’il désire. Qu’est-ce qu’il fait ?

Tout d’abord il le fait savoir, il s’en plaint, il dit que franchement ce matin c’était nul. Et ensuite bien souvent, il change d’église. Parce que dans notre théologie et dans nos pratiques, l’individuel a revêtu une importance telle que le « ensemble » est passé au second plan. Parfois même il disparait. Nous ne disons que très rarement une prière communautaire, comme le Notre Père. Nous n’affirmons que rarement une confession de foi communautaire, comme le Symbole des Apôtres. Encore qu’ici ça nous arrive de temps à autre. Mais nous pratiquons plus volontiers les temps de prière libre, où chaque individu peut s’exprimer. C’est notre manière de faire, et elle reflète ce qui est au centre pour nous.

Les uns mettent en avant l’individu, les autres l’assemblée. Mais ce que nous rappelle la Parole de Dieu, c’est que notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour moi, pour toi, pour lui, pour elle, pour vous, pour eux, afin qu’ENSEMBLE, nous entrions avec lui dans la vie.

Ce n’est pas l’individu qui doit être mis au centre. Ce n’est pas l’ensemble qui doit prendre le pas sur l’individu. Mais l’Église, ceux sont des « individus » qui ont été sauvés pour rentrer dans la vie « ensemble ».

D’où l’appel de Paul au verset 11, « C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et aidez-vous mutuellement à grandir dans la foi, comme vous le faites déjà. ». Mais cet appel n’est pas isolé. Nous trouvons, dans la Bible, une trentaine de verbes différents associés à l’expression « les uns les autres », qui constituent un puissant antidote à l’individualisme ou à la division dans l’Eglise. Ils nous tracent le cadre des relations telles que Dieu les voudraient pour ses enfants : « Aimez-vous les uns les autres, accueillez-vous, édifiez-vous, honorez-vous… », mais aussi : « supportez-vous, veillez les uns sur les autres, pardonnez-vous réciproquement… »

L’amour mutuel n’est pas facultatif pour le disciple de Christ ; il est la marque du chrétien. Il est la preuve notre appartenance à Christ. Il est le plus puissant des témoignages que nous pouvons rendre envers l’œuvre de salut de notre Seigneur. C’est le moyen d’évangélisation par excellence tout comme la seule voie possible pour faire qu’un rassemblement de personnes aussi différentes n’en viennent pas à s’écharper les uns les autres, mais à vivre dans la paix et l’amour que le Seigneur désirait pour nous lorsqu’il nous a sacrifié jusqu’à sa propre vie.

Et c’est donc naturellement que nous trouvons dans la Bibles des appels à s’intéresser à l’autre, à leur témoigner de l’affection, et à en prendre soin. En voici quelques exemples.

Tout d’abord en 1 Théssaloniciens 5 les versets 12 et 13 qui parlent des responsables d’église.

Lecture 1 Théssaloniciens 5.12-13.

Témoigner de l’affection et du respect envers ceux qui travaillent dans l’Église aide à maintenir la paix nous dit l’apôtre Paul.

Encore en 1 Timothée 5 les versets 1 et 2.

Lecture 1 Timothée 5.1-2.

Voir dans l’autre non pas un autre, mais un père, une mère, un frère, une sœur dans la foi. Et l’encourager, en prendre soin comme si c’était effectivement un parent. Voila ce qui est bon aux yeux du Seigneur, parce que c’est ce qu’il a désiré bâtir sur la croix.

Ceci est la responsabilité chrétienne par excellence. Pas la responsabilité de quelques uns, pas le rôle de certains responsables qui le feraient pour tous les autres. Mais cet amour, cette affection, cette attention mutuelle est au cœur de notre nouvelle identité que nous avons reçu en Christ.

Je vous disais tout à l’heure que cette prédication m’a été inspirée par le petit tour de plusieurs églises que j’ai effectué durant mes vacances, comme des nouvelles que j’ai pu recevoir d’encore d’autres communautés.

Et effectivement si j’ai eu la joie d’y voir beaucoup de choses réjouissantes, ça a été également l’occasion de partager avec des pasteurs en dépression. Avec d’anciens conseillers d’église qui ont souffert de querelles internes à un point tel qu’ils n’arrivent plus à mettre le pied dans une église sans avoir le cœur serré, et les tripes nouées. Avec aussi des membres d’églises qui ont reçu de leurs soi disant « frères et sœurs » de la haine, du jugement, du rejet, de l’abandon, du mépris, ou même tout simplement de l’indifférence.

J’ai pris des nouvelles de couples pastoraux qui s’ont en instance de divorce. De pasteurs qui craquent sous le poids de leur ministère. De communautés qui se déchirent en assemblée générale. De personnes qui n’arrivent même plus à se saluer dans l’église tant la rancœur est profonde.

Le Christ a payé le prix fort pour racheter tous ceux qui croiraient en lui et pour faire d’eux un peuple uni en lui. Mais ce peuple a également un ennemi qui porte beaucoup de noms différents. En voici certains que la Bible nous rapporte : le tentateur, le père du mensonge, le diviseur, et l’accusateur. Et si le Christ se réjouit lorsque son peuple travaille à vivre uni dans l’amour, cet ennemi trouve son plaisir dans la contemplation d’une église divisée. Et il y travaille avec acharnement.

Je ne sais pas ce que le Seigneur nous réserve pour cette année qui va démarrer. Je n’ai même pas forcément conscience des tensions qui pourraient exister parmi nous. Certaines peuvent même être de mon fait, par des attitudes, des maladresses ou des malentendus qui peuvent blesser. La rancœur s’accumule si facilement. L’incompréhension s’installe si insidieusement.

Mais je veux réaffirmer ce qui est ma conviction et ma volonté profonde pour le temps que nous passons ensemble : notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour nous afin que nous entrions ensemble, avec lui, dans la vie. Alors dans cette vie, travaillons à maintenir, à préserver, et à faire grandir cet amour et cette unité que le Christ a si chèrement payé. Amen.

0 Comments

Add a Comment