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Quels effets te fait l’Esprit ? – Actes 2:1-19 (culte de Pentecôte)

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Chants:
Viens Esprit de sainteté
Te ressembler, Jésus

« Quels effets te fait l’Esprit ? »

Une attente en suspens

La scène 1 de l’acte 2 du livre des Actes des Apôtres commence par une phrase qui laisse planer un certain suspense : « Quand le jour de la Pentecôte arriva ! » Comme si on attendait quelque chose. Bien sûr pour tous les Juifs de la diaspora c’est une fête qui arrive 50 jours après Pâques mais pour les disciples c’est une autre attente qui est en suspens : ils attendent la réalisation de la promesse de Jésus. Il y a quelques semaines, avant de rejoindre le Père à l’ascension il leur avait promis une puissance, le Saint Esprit… Et il arrive tout à coup comme un coup de vent. « Tout à coup, un grand bruit survint du ciel : c’était comme si un violent coup de vent s’abattait sur eux et remplissait toute la maison où ils se trouvaient assis » (v. 2).

Le vent de l’Esprit s’est abattu sur eux et a rempli la maison. Comme souvent, on aurait aimé être présent et voir tout l’épisode, voir surtout à quoi ressemblait ce qui ressemblait à des langues de feu et puis entendre les disciples sans instruction, parler en langues étrangères, enfin voir cette effusion de l’Esprit s’accomplir selon la promesse.

Les effets du Saint Esprit

Mais il ne faut quand même pas trop se plaindre, on a un récit malgré tout assez précis et qui nous donne des indications sur les effets de l’Esprit dans la vie des personnes. Si je parle d’effets c’est bien parce que l’Esprit-Saint, la 3ème personne de la Trinité, qu’on appelle le souffle de Dieu (en hébreu comme en grec) ne se voit que dans ses effets ! Un peu comme le vent que l’on ne voit que dans les effets qu’il a sur les branches de l’arbre qui plient un jour de grand vent ou sur le parapluie de la dame qui se retourne sous l’effet du vent. Dans ce récit de la Pentecôte et un peu plus loin dans le livre des Actes on peut distinguer 3 effets de l’Esprit. Nous allons les passer en revue. C’est le titre de la prédication en ce dimanche de Pentecôte « Quels effets te fait le Saint-Esprit ? »

1. Une unité vécue dans la diversité (Actes 2 :42)

Le premier effet est directement lié au récit de la Pentecôte et à cet événement extraordinaire où l’on voit les disciples parler dans des langues étrangères, c’est à dire des langues qu’ils n’ont pas apprises et qui sont connues et comprises par ceux qui sont autour d’eux.

On peut s’interroger sur le parler en langues et beaucoup d’encre a déjà coulé (et un peu de sang peut-être !) à ce sujet mais ce qui est important c’est de voir que sous l’effet de l’Esprit tout le monde comprend le message. Tous ces gens qui venaient à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte provenant de la dispersion juive dans tous les pays alentours ont leur propre langue et culture. Il y a là des Juifs tout ce qu’il y a de « normaux » mais aussi des Juifs hellénisés (sous l’influence grecques), des craignant Dieu qui s’intéressent de près à la foi juive, des Iraniens, Irakiens, Grecs, Italiens, Turcs, Egyptiens… des gens que tout sépare et voilà qu’ils entendent l’Evangile dans leur propre langue !

On peut discuter sans fin de l’aspect technique du parler en langues mais le but de l’auteur c’est de montrer l’effet unificateur de l’Esprit, l’unité de l’esprit dans la diversité des langues et des cultures. On en avait parlé dans la série sur la Genèse et l’épisode de la tour de Babel. A Babel nous voyons une certaine unité mais elle est faite sans Dieu et dans l’orgueil de se bâtir une tour qui va toucher au ciel, Pentecôte est en quelque sorte l’anti Babel où c’est l’Esprit qui descend pour faire l’unité dans la diversité. Diversité d’hommes et de femmes bien différents mais tous intégrés dans le projet d’amour de Dieu.

Unité et diversité dans l’Eglise

Cette unité est manifestement une action du Saint Esprit et les premières Eglises vont le vivre intensément. On a par exemple, dans Actes 13, l’Eglise d’Antioche dont on parlera plus tard dans la série mais qui est l’exemple parfait (ou presque) d’une Eglise qui marche par l’Esprit, une Eglise où l’Esprit souffle.

Nous lisons dans Actes 13: «  Il y avait alors, dans l’Eglise d’Antioche, des prophètes et des enseignants : Barnabas, Siméon surnommé le Noir, Lucius, originaire de Cyrène, Manaën, qui avait été élevé avec Hérode le gouverneur, et Saul. Un jour qu’ils adoraient ensemble le Seigneur et qu’ils jeûnaient, le Saint–Esprit leur dit : Mettez à part pour moi Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés. »

On voit que le Saint Esprit est bien présent, il leur parle même, il les conduit à prendre des décisions importantes pour l’église et pour la mission. Et que voit-on à Antioche ? Pas spécialement de parler en langues, mais de l’unité ! Nous l’avons lu, ils sont tous ensemble dans l’adoration et dans la prière. Tous ensemble, unis mais là aussi dans la diversité de leurs origines culturelles. Il y avait un africain (Siméon surnommé le noir), un Manaën un gars de la haute société, un BCBG élevé avec Hérode, et Barnabas un type certainement très sympa, et puis Saul un intellectuel très doué mais parfois difficile. Une grand diversité mais une belle unité dans la foi, la prière, le service de l’Evangile. Et c’est là, un des plus beaux effets de l’Esprit: cette communion que nous pouvons vivre ensemble malgré ou au-delà de nos différences.

Une unité à conserver

C’est l’Esprit qui fait l’unité mais en même temps et c’est bien dans l’esprit de la Parole de Dieu, nous sommes appelés à la rechercher ou plutôt à la conserver « Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit » (Ephésiens 4 :3). Vous notez bien le verbe qui parle d’efforts à fournir. Oui, l’unité nous est donnée par l’Esprit mais il faut la conserver parce que l’unité est fragile, parce que « chassez le naturel et il revient au galop », parce que chacun sera tenté de la jouer perso comme Benzema au foot. L’unité se travaille, l’unité se recherche !

Plus loin dans Ephésiens Paul se sent poussé à parler de l’Eglise comme un corps et de rappeler avec force qu’« il n’y a qu’un seul corps ». Un appel aux chrétiens d’Ephèse à maintenir l’esprit de corps ! Les anglais utilisent parait-il cette expression en français dans le texte. Comme si l’esprit de corps ou l’unité étaient des particularités françaises. Ce n’est pas vraiment le cas mais qu’importe, tous les citoyens et surtout tous les chrétiens des églises doivent rechercher et travailler à l’unité, celle qui se vit et se renforce dans l’Esprit.

2. Une certaine assurance dans le témoignage

Le deuxième effet de l’Esprit dans la vie des gens et des premiers chrétiens est souvent oublié au profit de choses plus spectaculaires, mais il est très souvent signalé dans la Bible et en particulier dans le livre des Actes: quand on est saisi ou rempli par le Saint-Esprit on se met à témoigner de l’Evangile avec une nouvelle assurance. C’est un effet radical de l’Esprit. Directement après l’effusion de l’Esprit, voilà Pierre qui se lève et qui fait le sermon de sa vie ! Actes 2: 14 « Alors Pierre se leva entouré des Onze et, d’une voix forte, il dit à la foule : Ecoutez-moi bien, vous qui habitez la Judée et vous tous qui séjournez à Jérusalem : comprenez ce qui se passe. »

Un sermon qui sera un peu long et qui ne passerait certainement pas sur YouTube aujourd’hui mais qui va se terminer avec 3 000 personnes avec le cœur touché et qui se tournent vers le Seigneur Jésus-Christ. Un sermon qui, on peut vraiment le dire, était inspiré, traversé par le souffle de l’Esprit. Cet Esprit qui a donné à Pierre l’assurance pour annoncer l’Evangile.

Une assurance en toutes circonstances

Et un peu plus loin (Actes 4: 8), Pierre se trouve devant le grand sanhédrin accusé d’avoir fait du trouble sur la voie publique. Ils sont tous là, Caïphe, Anne toutes les autorités compétentes ou non mais en tous cas les gens qui comptent et le petit pécheur Galiléen leur répond : « Alors Pierre, rempli de l’Esprit Saint, leur répondit : Dirigeants et responsables de notre peuple !  C’est au nom de Jésus que cet homme a été guéri… » Pierre le fuyard, le renégat rétabli, témoigne en toutes circonstances de l’Evangile du Christ ressuscité. Parce qu’il était rempli de l’Esprit.

Rien de très sensationnel mais une action de l’Esprit dans le domaine simple du témoignage que nous voulons rendre au Christ ressuscité dans notre quotidien. Alors il faut noter que tous les disciples n’ont pas témoigné de la même manière que Pierre. Chacun garde son style, sa personnalité et les dons qui lui sont propres. On n’est pas tous appelés à parler devant 3 000 ou 300 personnes ou même 30 ! Mais nous sommes tous appelés à être des témoins qui ne seraient pas timides, qui auraient quelque peu d’audace. Peut-être devrions nous accueillir le Saint-Esprit plus largement pour qu’il fasse de nous des témoins plus hardis ? Voilà une question qu’il faudrait méditer: « Quel effet me fait l’Esprit Saint au niveau du témoignage ?

3. Une nouvelle tendance à la louange

Et puis le troisième effet du Saint-Esprit que l’on peut voir dans le livre des Actes est celui de la louange. L’esprit pousse à la louange. Dès le premier rassemblement de ce qu’on appelle désormais l’Eglise ou l’Ekklesia, on y trouve une disposition nouvelle à la louange : « Ils louaient Dieu et le peuple tout entier leur était favorable et le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qu’il sauvait » (Actes 2 :47).

Et il me semble qu’il y a là également un effet « Pentecôte ». Bien évidemment, cela ne veut pas dire qu’avant la pentecôte il n’y avait pas de louange ! David l’auteur de beaucoup de Psaumes n’était pas un débutant en louange, mais il y a un renouveau dans la louange. Et ce renouveau de la louange va perdurer, nous lisons un peu plus loins dans le livre des Actes alors que Paul et Silas sont en prison dans la bonne ville de Philippes : « Vers le milieu de la nuit Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, les autres prisonniers les écoutaient » (Actes 16 :25). Un moment de louange en milieu carcéral. On peut dire qu’ils louaient à guichets fermés !

Plus actuel mais dans un même contexte, Yvonne m’a montré sur YouTube le témoignage émouvant d’un afro-américain nommé Archie Williams condamné à 37 ans de prison en Louisiane pour un crime qu’il n’a pas commis. Il a été libéré récemment grâce à un test ADN qui prouvait son innocence. Lors d’un concours de chant, l’animateur lui a demandé comment il avait fait pour traverser cette épreuve, Archie a répondu : « J’ai prié et j’ai chanté ! J’ai pu trouver la paix. Si je suis allé en prison, mes pensées elles n’y sont jamais allées. J’ai trouvé cela à la fois très simple et très beau : « J’ai prié et j’ai chanté et j’ai trouvé la paix. »

La louange qui nous va bien

La louange est souvent encouragée dans nos Eglises parce que Dieu en est digne tout simplement. Digne dans le sens où c’est conforme à sa nature que ses créatures lui rendre gloire par leur louange. Parce qu’il le vaut bien en quelque sorte. C’est totalement vrai. La louange va bien à Dieu, mais la louange nous va bien aussi, on s’y retrouve également !

J’aime le Psaume 33 qui nous dit : « Car la louange sied aux hommes droits. »

Et j’aime cette traduction avec le verbe « sier » d’habitude réservé à des vêtements que l’on essaye dans une cabine pour voir s’ils nous « seyent », « la louange te sied bien » : « ah oui ? tu trouves ? » On dirait qu’elle a été faite pour toi ! Du cousu main je te dis !

La louange vous va bien, mesdames messieurs, vous les justes ou les justifiés, vous les hommes et les femmes droits ou qui avez été redressés par Dieu. Vous les habités par l’Esprit, la louange vous convient tout à fait ! Et je vous invite à l’essayer pour voir comme elle vous va bien, pour expérimenter comment cet esprit de louange peut rencontrer votre esprit et faire une belle chimie.

Le Psaume 147:1 souligne bien les deux aspects de la louange : « Loué soit l’Eternel, oui qu’il est bon de célébrer notre Dieu en musique et qu’il est agréable de le louer ainsi qu’il en est digne. » La louange parce que Dieu en est digne mais qu’il est bon et agréable pour l’homme de le faire. Oui, il y a un certain bonheur à louer Dieu.

La louange en temps de crise

Je termine par un témoignage personnel. Au début du confinement pendant les 3 premières semaines, j’ai été saisi par de l’anxiété relativement forte. On peut même parler d’angoisse qui me serrait la gorge et me nouait l’estomac le matin surtout. J’en ai parlé avec un ami pasteur de l’Union et il m’a demandé ce qui m’avait aidé à passer ces moments tendus. J’ai répondu que je récitais le Psaume 23 en boucle mais j’ai aussi écouté de la musique chrétienne de louange. Je me mettais sur le divan après le petit déjeuner et pendant 45 minutes j’écoutais les chants de louange même ceux des années 80 ou 90 EXO et Amy Grant complètement démodés ! Je n’avais aucune envie d’écouter mes groupes préférés comme Queen ou Supertramp. Non, j’avais envie et même besoin d’écouter des chants de louange avec des paroles qui me ramenaient à Dieu. Je ne pouvais pas chanter, ma gorge était prise, mais d’écouter ces paroles et cette musique qui me parlaient de Dieu m’a procuré beaucoup de paix.

La louange change nos perpectives

La louange voyez-vous nous permet de remettre les choses dans une juste perspective, à leur place en quelques sorte. La louange permet de se décentrer de soi et de ses petits bobos perso, de ses vieux démons et d’entrer dans la présence de celui qui sait tout et qui a pour chacun et nous tous ensemble un avenir fait d’espérance.

Dans un monde troublé et incertain, il est bon de célébrer le Dieu de l’espérance.

Dans un monde qui fait peur, il est bon de célébrer sa fidélité.

Dans un monde qui semble complètement fou et égaré, il est don de louer Dieu pour sa sagesse.

Dans ce monde où la valeur de l’humain est de plus en plus aléatoire, il est bon de louer Dieu pour son amour inconditionnel.

Dans ce monde égoïste et injuste, il est bon de louer Dieu pour sa bienveillance et son pardon.

Dans ce monde de la performance et de la compétition il est bon de louer Dieu pour sa grâce et sa paix.

Entrer dans un esprit de louange

Et si je me mettais à rêver avec vous ? Si au lieu de désespérer de mon entourage et de ma situation et si au lieu de critiquer tout ce qui ne me plait pas dans ce bas monde, et si au lieu de m’énerver contre cette société qui ne fait rien comme il faut, si au lieu de m’inquiéter pour mon avenir et celui de mes proches, si au lieu de tout cela j’entrais dans un esprit de louange, un nouvel état d’esprit, un esprit de pentecôte. On imagine les changements que cela pourrait produire. On peut rêver !

L’esprit de Pentecôte

Vivre dans cet esprit qui nous pousse à la louange, un esprit qui nous donne de l’assurance dans notre témoignage, un esprit qui nous permet de vivre cette unité dans la diversité. C’est là tout l’esprit de Pentecôte.

Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas de devenir pentecôtistes ou quoi que ce soit d’autres. Je plaisante bien sûr et vous faites comme vous voulez.

Mais il s’agit tout simplement d’être chrétien ou d’être simplement chrétien !

Pas sa grâce et par l’action du Saint Esprit !

Bon dimanche de Pentecôte !

Chantons ensemble le chant du groupe Glorious: « Viens Saint Esprit voici mon coeur »