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Retour à la réalité… de l’Eglise — Actes 4:1-22

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Retour à la réalité… de l’Eglise !

Actes 4 :1-22

Introduction

Nous continuons notre série sur le film des Actes des Apôtres écrit et réalisé par Luc médecin grec, historien et ami de Paul. Nous avons vu que le premier acte était plutôt l’acte du Saint Esprit qui descend sur les disciples pour leur permettre d’être témoins d’abord à Jérusalem là où ils sont et dans un contexte qu’ils connaissent bien, ensuite plus loin là où ils ne sont pas encore et dans un contexte qu’ils connaissent beaucoup moins bien. Et donc les apôtres témoignent à Jérusalem et 3 000 personnes se convertissent, c’est la fameuse métanoia/repentance/conversion et tous ces convertis de la première heure vont former la première Eglise qui nous interpelle par le fait qu’elle vit une communion fraternelle exceptionnelle, c’est la fameuse Koinonia dont nous avons parlé il y a 2 semaines : « Ils avaient tout en commun, ils partageaient tout » Actes 2:44.

Une Eglise idéale ?

Alors vous êtes comme moi, quand on lit cette description de cette première Eglise d’Actes 2 on est d’abord impressionné mais on peut aussi être jaloux, voire envieux. C’est vrai que cette première Eglise dont nous parle Luc semble être idéale, utopique presque. On se demande si Luc n’a pas un peu idéalisé la chose ou exagéré. Mais pas tant que cela puisque il y a ce chapitre 4 et aussi le 5 et le 6 qui nous font revenir à la réalité de la vie de l’Eglise. J’ai appelé cette prédication  « Retour à la réalité… de l’Eglise » et la réalité de l’Eglise comme de la vie chrétienne, c’est de faire face à des difficultés.

Les difficultés arrivent

Au chapitre 4, la difficulté vient des autorités: Le Grand conseil, le fameux Sanhédrin. 71 membres, les chefs : le groupe des grands prêtres et des hauts fonctionnaires du temple, les anciens, les chefs des familles les plus influentes de Judée et enfin les scribes et les docteurs de la loi…

Et c’est devant ce respectable conseil religieux que cette minable bande de disciples du nazaréen est amené. Il pensaient pourtant avoir mis un terme à cette secte en se débarrassant de leur chef de file quelques semaines plus tôt. Il faut savoir que nous sommes quelques semaines après la crucifixion de Jésus et nous sommes en présence des premiers responsables de sa mort… C’est le sanhédrin qui a pris la décision de faire disparaître ce Jésus. C’est ce grand prêtre Caïphe qui a déchiré son vêtement en accusant Jésus de blasphème… On est (ou plutôt les apôtres) se trouvent devant ceux qui ont expédié Jésus sur la croix des romains, ils sont au plein cœur de la fournaise. Surtout quand on sait que le sanhédrin se réunit en hémicycle, les apôtres sont mis au milieu. Impressionnant !

Je me souvient avoir été il y a quelques années au Tribunal de Tarbes pour une affaire de sécurité sociale pour l’Eglise de Pau. il n’était pas question de crimes ni même de délit, juste des affaires sociales, mais j’ai été impressionné. Le juge n’était pas commode. Certains se faisaient un peu gronder. Je n’étais pas à l’aise. Alors imaginez les apôtres qui risquent tout simplement leur vie !

Et là on n’est pas à Tarbes, on est à Jérusalem, la ville, la grand ville, celle de David au milieu de l’hémicycle, face au grand sanhédrin !

Mais on ne va pas simplement décrire la situation, j’aimerais donner quelques propositions qui rendent compte de cet événement au sanhédrin des années 30 du premier siècle. Quelques propositions qui valent pour années 20 du XXI siècle.

1. Quand on témoigne de Jésus, il faut s’attendre à des réactions

Versets 1-3 : « Pendant qu’ils parlaient ainsi à la foule, survinrent quelques prêtres accompagnés du chef de la police du Temple et des membres du parti des sadducéens: ils étaient irrités de voir les apôtres enseigner le peuple et leur annoncer que, puisque Jésus était ressuscité, les morts ressusciteraient eux aussi. Ils les arrêtèrent donc. Cependant, parmi ceux qui avaient entendu leurs paroles, beaucoup crurent, ce qui porta le nombre des croyants à près de 5 mille hommes. »

Un effet double

On le voit il y a une double réaction au témoignage, deux choses qui grandissent en même temps. Il y a la croissance de l’opposition (les apôtres se font arrêter) mais aussi croissance de l’Eglise (+ 2 000). Parler de Jésus, provoque deux sortes de réactions, la foi ou l’opposition et il semble que les deux vont de pair.

Témoignage d’un chrétien de Chine : « Si on ne témoigne pas de Jésus on n’a aucun problème en Chine. » Il n’y a aucune opposition quand on ne parle pas de Jésus. Mais parce qu’il s’y trouve des gens prêts à témoigner de Jésus, il y a de la croissance en Chine, l’Eglise grandit d’une manière exponentielle mais il y a aussi pour ceux qui témoignent de l’opposition et les problèmes avec l’administration. C’est partout pareil, si on ne témoigne pas de Jésus, il n’y aura pas d’opposition mais il n’y a pas de croissance non plus… Il n’y aura rien tout simplement.

De l’opposition multiforme

Il y a toutes sortes d’opposition : irritation, intimidation, incarcération, et un peu plus tard il y aura une bastonnade, et encore plus tard pour les apôtres cela ira jusqu’à l’élimination physique comme cela se passe aujourd’hui encore pour certains chrétiens dans certains pays. L’association Portes Ouvertes nous en parle et elle fait bien de le faire.

Un couple d’allemands nous rappelait qu’il n’y a pas si longtemps (30 ans) en Allemagne de l’Est, les chrétiens n’avaient pas accès aux études supérieures. En clair on leur disait « tu es chrétien et bien les études ce n’est pas pour toi ! » Je me dis qu’il fallait être sûr de sa foi et de ses choix pour être chrétien là-bas, derrière le rideau de fer.

Alors est-ce à dire que nous n’avons pas d’opposition dans ce pays des droits de l’homme, qu’est la France ? Si, il y en a aussi, mais un plus difficile à cerner, elle serait plutôt de l’ordre de l’indifférence, teintée d’un certain mépris, une certaine mise à l’écart, un ostracisme, une condescendance…

Mais témoigner de Christ provoque des réactions !

Mais s’il y a peu de réactions, ce pourrait-il que nous soyons un peu trop discret, timide, ou trop poli, policé, trop consensuel, trop modéré ?

Témoins du salut en Jésus !

Si on revient au texte qui nous occupe, on s’aperçoit que le témoignage porte sur un seul homme : Jésus, exclusivement sur Jésus avec cette phrase qui revient plusieurs fois : « Jésus que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité ». Autrement dit, Dieu dans son plan d’amour et d’intervention pour l’humanité, annule en quelque sorte le mal que vous les hommes avez pu concevoir, il annule ou il pardonne c’est la même chose, et en disant cela Pierre ne fait pas porter le chapeau au Sanhédrin mais il leur présente le salut. Première apparition de ce mot dans le livre des Actes : « C’est en lui seul que se trouve le salut. Dans le monde entier, Dieu n’a jamais donné le nom d’aucun autre homme par lequel nous devions être sauvés » Actes 4:12.

Alors il y a aussi des positions à prendre sur tel ou tel sujet, comme le fait le Défi Michée pour mettre un terme à la corruption généralisée et lutter contre la pauvreté… Il faut certainement être présent dans le débat public, Il y a des combats à mener sur des questions de société, mais sans jamais perdre de vue cet évangile du salut en Jésus Christ, sans jamais perdre l’occasion de l’annoncer… Comme dans le sanhédrin on peut imaginer que quelqu’un nous demande, au nom de quoi faites-vous cela ? (Encore faut-il que nous fassions quelque chose qui se remarque un peu ! mais imaginons que cela arrive.) Et bien c’est au nom de Jésus le sauveur crucifié mais que Dieu a ressuscité ! Il n’y a de salut en aucun autre…

Ce message ne va peut-être pas bien passer ! On va peut-être vous obliger à vous taire, ou faire pression pour que vous vous taisiez… Mais et c’est ma deuxième proposition:

2. Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes

C’est en tous cas ce que disent les apôtres au grand conseil de la grande ville de Jérusalem, au grand tribunal. Verset 18 : « Là-dessus, ils les firent rappeler et leur interdirent formellement de parler ou d’enseigner au nom de Jésus. Mais Pierre et Jean leur répondirent: « Jugez-en vous-mêmes: est-il juste devant Dieu de vous obéir, plutôt qu’à Dieu? Quant à nous, nous ne pouvons pas garder le silence (ou nous ne pouvons pas ne pas parler) sur ce que nous avons vu et entendu. »

Et un peu plus loin quand le sanhédrin les arrête de nouveau, ils récidivent.

Actes 5:28-29 « Mais Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »

Et ils le font, ils désobéissent à l’autorité, ils désobéissent au pouvoir en place. Il ne font pas ce qui leur est demandé et ils revendiquent le droit voire même le devoir de désobéir au sanhédrin ! Y’a-t-il ici un appel à la désobéissance systématique ? Un appel à une sorte d’anarchisme au nom de la foi ? Que faire aujourd’hui en France avec cette phrase « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes »

Evidemment on sent tout de suite le danger d’une application un peu facile: prenons un exemple: Une maman demande à son fils Nathan « Nathan tu veux bien m’aider à ranger les courses » et Nathan lui répond « Désolé maman mais je lis ma bible, il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, Actes 4:18 !» On se dit qu’il y a peut-être un problème dans l’application du texte. On se dit qu’il serait très facile de mettre Dieu de son côté pour échapper à certains devoirs et rester dans le confort de sa chambre. On peut imaginer toutes les dérives possibles.

Le contexte de la désobéissance: le témoignage

Il faut rappeler le contexte de cette parole, les autorités veulent faire taire les apôtres sur ce qu’ils ont vu et entendu. Le contexte est celui du témoignage chrétien. Il y a là pour les apôtres un devoir de désobéissance, parce qu’ils sont témoins de ces choses, ils ne peuvent pas ne pas parler de ce qu’ils ont vu et entendu ! La double négation renforce l’affirmation. Je dois en parler à tout prix parce que j’en suis témoin ou parce que je suis un témoin (témoin en grec se dit marturos qui a donné martyre). Au nom du Christ, tout puissant, au-dessus de César, la Christ pantocrator assis à la droite de Dieu, je ne peux me taire, et je vais donc désobéir, personne ne va m’empêcher de parler de lui. Et cela même si cela me met en danger ou dans une situation inconfortable voire difficile. Et dans notre société ou la laïcité prend de plus en plus le contrôle, où la religion est régulièrement reléguée dans la sphère du privé, on risque de se mettre en danger à parler de Jésus ou de Dieu dans l’espace public… Il nous faut être peut-être un peu plus désobéissants à ce niveau-là. Inverser la tendance et obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Risquer le mépris, le haussement d’épaule, la mise à l’écart, risquer l’inconfort… Parce que nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vécu, nous sommes témoins.

Yes we can! Sachant que et c’est le troisième point, on peut compter sur le soutien d’une personne avec une énergie incroyable, j’ai nommé le Saint Esprit.

3. Il faut compter sur l’assistance du Saint-Esprit

On voit le Saint-Esprit au verset 8, Pierre prend la Parole alors qu’il est rempli du Saint Esprit et c’est parce qu’il est rempli du Saint Esprit qu’il peut parler alors qu’il est au milieu de l’hémicycle dans un milieu hostile et extrêmement intimidant. Il s’adresse aux dirigeants de la nation et aux responsables du peuple.v. 8-9 « Alors Pierre, rempli de l’Esprit Saint, leur répondit: Dirigeants de la nation et responsables du peuple… »

Et les membres du conseil sont surpris de voir l’assurance…

Verset 13 : « Les membres du Grand-Conseil étaient étonnés de voir l’assurance de Pierre et de Jean, car ils se rendaient compte que c’étaient des gens simples et sans instruction. »

Assurance-liberté-audace

Le mot « Assurance »  dans le grec est un mot intéressant : liberté de parole. Originellement ce mot désigne le droit de parole reconnu au citoyen grec, signe de sa liberté. Après on est passé au sens de l’audace dans la parole, parler sans céder à la peur ni aux pressions. Et cette audace de la foi surprend les autorités qui tout d’un coup se rendent comptent qu’ils ont affaire à des gens simples et sans instruction ou (autre traduction) des illettrés et des amateurs. J’aime ce mot des amateurs, alors qu’ils sont en face de professionnels, ils ont l’audace de leur parler du salut en Jésus-Christ. Et vous savez quel est le mot pour amateurs ou sans instructions dans l’original grec ? C’est le mot « idiotaï » je vous laisse deviner ce que cela a donné en français. Ils était surpris parce qu’ils avaient devant eux une bande de crétins qui leur parlaient avec audace d’un homme crucifié et ressuscité… L’audace des idiots remplis du Saint Esprit, et c’est lui qui fait la différence.

Une promesse de Jésus

Il faut savoir c’est que c’est là une promesse de Jésus tout à fait formelle par rapport au témoignage.

Marc 13 :11 « Il faut, avant tout, que la Bonne Nouvelle soit annoncée à toutes les nations. Quand on vous emmènera pour vous traduire devant les autorités, ne vous inquiétez pas à l’avance de ce que vous direz, mais dites simplement ce qui vous sera donné au moment même: car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. »

Alors je ne sais pas trop quoi dire comme application pour aujourd’hui. Simplement peut-être une question, est-ce que cette promesse ne s’appliquait qu’aux premiers chrétiens ou pourrait-elle s’appliquer à moi aussi dans ma situation professionnelle, sur mon lieu de travail, dans mon Lycée, mon université, dans ma situation familiale, dans mes relations interpersonnelles de la vie de tous les jours, au magasin, chez le coiffeur à la chorale…? Est-ce que je peux compter sur le soutien du Saint Esprit pour avoir cette assurance dans le témoignage, cette liberté de parler de lui…? Oui je suis convaincu que cela s’applique encore aujourd’hui. Même si comme vous j’ai du mal à l’appliquer au quotidien.

Conclusion: se saisir de la promesse

Mais peut-être sommes-nous aussi un peu timide pour lui demander son aide. Peut-être que nous ne voulons rien provoquer non plus en restant dans nos nos zones de sécurité. On ose pas trop s’avancer. En peu comme Malachie le disait pour un autre domaine : Mettez-moi à l’épreuve dit l’Eternel et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux » 

C’est le principe des promesses, il faut s’en saisir, faire le pas de la foi pour qu’elle devienne une réalité de ma vie. Si je ne bouge pas, il ne se passe rien…

On peut prier pour qu’on ait cette foi-là celle qui se saisit des promesses de Dieu et pouvoir vivre ce qu’ils ont vécu au premier siècle !

Oui nous voulons vivre cette koinonia exceptionnelle d’Actes 2 mais aussi ce témoignage avec assurance d’Actes 4, cette audace dans la vie, cette audace de la foi. Allez, je fais un voeu : Que le Seigneur nous trouve suffisamment désobéissants pour ne pas être complètement assimilés par notre monde, qu’il nous trouve ouverts à l’action de l’Esprit par notre obéissance afin d’en être rempli pour être des portes-parole de la Parole dans ce monde qui en a toujours autant besoin.

Amen