Soutien à l’Ukraine

Un zeste de prévention – Colossiens 2:4-23

Vous connaissez peut-être l’histoire du missionnaire du début du 20° siècle qui se retrouve au beau milieu de la jungle africaine pour rejoindre le centre missionnaire. Au détour du sentier, il se retrouve nez à nez avec un lion ! Le missionnaire apeuré met les mains sur son visage et fait vite une prière « Seigneur veuille donner à ce lion des sentiments chrétiens » Il attend quelques secondes et il ne se passe rien. Alors plein d’espoir il ouvre les yeux et il voit le lion qui a mis sa serviette autour de son cou et qui chante « Pour ce repas pour toute joie nous te louons seigneur ».

Cette histoire vraie bien entendu peut introduire bien des thèmes, comme celui de l’exaucement inattendue de la prière mais ce matin je me sers de cette histoire pour parler des dangers dans la vie chrétienne, il y a des lions au détour des sentiers de la vie ou des loups plus exactement prêt à nous manger tous cru.

Mais parce qu’il « il vaut mieux prévenir que guérir. » , Paul va faire de la prévention dans ce chapitre 2 de la lettre qu’il écrit aux chrétiens qui sont à Colosses. Nous continuons la série de prédications sur cette lettre et la semaine dernière nous avions parlé de la passion de Paul pour l’Eglise « ce grand combat qu’il soutient pour eux »  Col 2 : 1. Et c’est justement parce qu’il est un passionné d’Eglise pour les gens de l’Eglise de Colosses qu’il va faire de la prévention. Quand on est passionné on prévient des dangers.

Quand on est jeunes parents on est passionnés par ses enfants, on tient à eux, quand ils s’en vont pour leur premier camp d’enfant vers 6 ans, pour une nuit et deux jours, vous passez 3 heures a les prévenir de toutes les situations possibles, « tu prends ton pull si il fait froid, tu ne te couchez pas trop tard, tu prends tes médicaments, pommade si tu te fais mal…n’oublie pas ton cache nez, ne traine pas avec le fils du pasteur ce voyou » Qu’ils nous écoutent ou pas c’est une autre question mais on fait de la prévention parce qu’on tient à ces petits bouts de chou.

Et Paul tient à cette Eglise de Colosses et toutes les Eglise locales disséminés dans l’impitoyable empire romain. Et Dieu tient à l’Eglise de Cannes et à toutes les autres qui sont elles aussi insignifiantes sur l’échiquier mondial, perdues dans cet océan post moderne, monde rempli de dangers et de loups autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Quand on aime on fait de la prévention !

Et le verset 4 (chp 2) donne le ton : « j’affirme cela afin que personne ne vous égare par des discours séduisants » Je dis tout cela, parce qu’il y a du danger, séduction, risque de dérapage incontrôlés…

J’ai intitulé ce message « un zeste de prévention », vous pourriez dire que c’est un grand zeste puisqu’il s’étale sur tout le chapitre deux, et vous auriez raison c’est un zeste appuyé, et cela d’autant plus que certains commentateurs de la Bible pensent que toute la lettre de Paul aux Colossiens est préventive. Dans la vie et en matière de prévention il faut savoir de temps en temps faire un zeste.

J’aurais pu intituler ce passage autrement par exemple en parlant d’intimidation « attention à l’intimidation spirituelle » ou au « terrorisme spirituel »…Des titres qui pourraient paraître un peu trop forts peut être mais le verset 8 est fort « Veillez à ce que personne ne vous prenne au piège » littéralement« veillez à ce que personne ne se taille un butin dans vos rangs »…ne se fasse un lot d’esclave dans vos rangs…une razzia en quelque sorte. Il y a pour Paul un vrai danger.

Alors je ne sais pas si vous vous sentez spécialement en danger ce matin…qu’à première vue, vous ne voyez rien qui pourrait vous intimider et c’est une bonne nouvelle, mais les Colossiens semblaient être dans cette situation également comme le disent les versets 5 et 6, il y aurait de l’enracinement, de la stabilité des convictions fermes…Mais malgré tout il y a pour eux et pê pour nous aussi le risque de tomber dans une certaine nonchalance ou plutôt une certaine naïveté par rapport à l’activité de l’adversaire…qui cherche l’intimidation et le dérapage, qui caresserait le rêve de nous voir tomber d’une manière ou d’une autre mais de nous voir sombrer corps et âme par rapport à la foi.

C’est ainsi que malgré notre fermeté légendaire nous allons voir ensemble 3 dangers ou trois intimidations dont Paul veut avertir les amis de Colosses et tirer profit de ce qui pourrait nous concerner.

Du légalisme

v. 16-17 « C’est pourquoi, ne vous laissez juger par personne à propos de ce que vous mangez ou de ce que vous buvez ou au sujet de l’observance des jours de fête, des nouvelles lunes ou des sabbats. Tout cela n’était que l’ombre des choses à venir : la réalité est en Christ. »

IL faut savoir qu’à l’époque, à la naissance du Christianisme les chrétiens sont souvent d’origine juive ou très sensibles à la culture juive et donc très tournés vers les commandements, les rites, les règles, la loi. Et donc la tentation était grande non seulement de maintenir ces règles dans les églises chrétiennes mais aussi de les imposer aux jeunes chrétiens d’origine païenne. Comme une sorte d’ajout à la foi chrétienne.

Et on imagine facilement, le jeune Colossien d’origine païenne qui se convertit en écoutant Epaphras lui parler de la grâce de Dieu en Jésus Christ, de la mort de Jésus sur la croix, qui prend sur lui son péché; de la résurrection pur une vie nouvelle. Le jeune homme se sent tout renouvelé et il rend témoignage à l’église de Colossses. Tout le monde se réjouit. Mais à la fin de la réunion, le dimanche soir, y’a un type qui lui met la main sur l’épaule et qui lui dit « J’ai beaucoup aimé ton témoignage ce soir, gloire à Dieu, mais maintenant si tu veux être dans la foi, il faudra surveiller ton alimentation, respecter le sabbat et fêter certains jours » Et le jeune homme de lui répondre « Mais je ne vois pas pourquoi, on m’avait dit que la grâce… » « Ecoute il faudra t’y faire et surtout il faudra le faire » OK dit le jeune homme qui s’en va troublé et légèrement déçu. C’est de l’intimidation spirituelle par le légalisme.

Combien de jeunes ont pu être intimidés dans nos Eglises par des légalistes de tout poil qui multiplient les règles sur des questions de musique, de vêtements, de comportements. Et tout ce poids tombe sur les épaules du jeune chrétien et peut le déstabiliser.

Jeune ou moins jeune d’ailleurs: Sur une radio chrétienne, un ami a entendu le témoignage d’un pasteur qui disait « je me lève tous les matins à 4H30 et j’ai un temps de méditation et de lecture biblique jusqu’à 8 heures » Et tous les auditeurs sont impressionnés et se disent Quel homme de Dieu ! Et le pasteur ajoute « et s’il y a des pasteurs dans ce pays qui ne font pas pareil, je plains leur ministère » Boum, la bombe légaliste est lancée. Heureusement il parlait à des pasteurs américains et je ne me suis pas senti concerné mais devant des affirmations comme cela, on peut se sentir déstabilisé. Mais il faut pouvoir se dire, non ! Je ne laisserai pas la liberté que j’ai en Christ être prise en otage. Je ne me laisserai pas kidnapper ! Je n’ai pas à ajouter une série de règles pour mériter la grâce de Dieu? Nous avons tout pleinement en Jésus Christ. Il a effacé l’ardoise (comme le dit le verset 14) supprimé tout ce qui pouvait figurer contre moi, il m’a rétabli dans ma position d’enfant de Dieu. Je n’ai rein à ajouter pour asseoir ma position. Je ne me laisserai intimider par les légalistes.

Je ne me laisserai pas intimider mais aussi je me poserai la question de savoir dans quelle mesure je ne fais pas moi aussi dans l’intimidation ? Si je n’ajoute pas aussi quelques règles à l’Evangile quand j’en témoigne autour de moi ? Bonne question à débattre dans le groupes de maison peut-être.

Un peu plus loin Paul va parler du deuxième danger et d’une autre intimidation possible

Le mysticisme

v. 18-19 « Ne vous laissez pas condamner par ces gens qui prennent plaisir à s’humilier et à s’adonner à un « culte des anges ». Ils se livrent à leurs visions, ils s’enflent d’orgueil sans raison, poussés par leurs pensées tout humaines. Ils refusent de s’attacher au Christ, qui est le chef, la tête. »

Le mouvement mystique dont il est question ici est peut-être le « Mysticisme de la Merkaba » qui recherchait la vision du chariot céleste d’Ezechiel la Merkaba justement. Et pour atteindre cette extase il fallait passer par une période de privation et surtout conjurer l’hostilité des anges pour protéger les visionnaires de leur expérience ascensionnelle. D’où peut être ce « culte des anges » de notre passage.

Alors tout cela est assez mystérieux et ce genre de mouvement joue sur ce côté mystérieux, la connaissances de ces mystères étant réservé aux initiés dont tu ne fais pas partie (comme c’est dommage) nous disent-ils avec un sourire mystérieux lui aussi.

C’est mystérieux et c’est surtout très intimidant comme toutes les expériences mystiques qui nous parle d’ascensions ou de visions, ou tout simplement d’expériences spirituelles en tous genres qu’il faudrait avoir dans sa panoplie si on veut vraiment « vivre des choses » C’est très intimidant parce quand ces gens nous parlent de leurs expériences, ils semblent vous dire que si vous n’avez pas ce genre d’expérience vous ne seriez pas au point spirituellement parlant ou du moins qu’il vous manquerait quelque chose d’important, ou que vous passeriez à côté de quelque chose d’essentiel. Bien sûr vous êtes chrétien mais il en faudrait plus. Et ce mysticisme dans le sens d’une recherche d’expérience spirituelle plus ou moins mystérieuses est quelque chose d’extrêmement séduisant en raison de notre propre insécurité liée à notre nature humaine qui a toujours besoin de quelque chose de plus pour être confirmée dans son positionnement. Ce besoin d’être dans le coup, besoin d’avoir une expérience spéciale pour être rassuré.Le mysticisme joue là dessus.

Et on reprend l’histoire du jeune Colossien converti à la grâce de Dieu manifesté en JC Dans la même soirée, un autre personnage avec un collier bizarre lui tape sur l’épaule ou le prends dans ses bras « As-tu eu la vision du char d’Ezechiel ? » Non pourquoi je devrais ? Non bien sûr, mais c’est quand même un plus »

Comme ce serait un plus d’avoir une seconde expérience de l’Esprit, de tomber dans l’Esprit, de rire dans l’esprit, de danser dans l’esprit, de pousser des cris dans l’esprit. Je vous passe toute la liste d’expériences spirituelles proposées qui s’empilent en fonction des modes et surtout nous éloignent de la simplicité de l’Evangile.

C’est d’ailleurs la réponse de Paul aux Corinthiens pour le même problème «  Ne vous détournez pas de la simplicité à l’égard de Christ » Pas le simplisme qui réduit les difficultés et évite la réflexion et l’approfondissement; Ici il s’agit de la simplicité et la sobriété de l’évangile de la grâce en Jésus Christ, qui n’est pas réservé aux initiés mais qui est offerte à tous les hommes et les femmes de bonne volonté comme le dit l’ange à la naissance de Jésus. La simplicité de la grâce en Jésus Christ seul et suffisant.Et là on pourrait reprendre les maximes de la réforme. La grâce seule, la foi seule, Jésus Christ seul. Il n’y a pas d’expérience particulière à ajouter sinon celle de la foi et de la confiance en la grâce de Dieu.

Et puis dernière danger possible, la dernière intimidation

L’ascétisme 

v.20-23 « Ne vous laissez pas imposer des règles du genre : Ne prends pas ceci, ne mange pas de cela, ne touche pas à cela !… » (…) Voilà bien des commandements et des enseignements purement humains ! Certes, les prescriptions de ce genre paraissent empreintes d’une grande sagesse, car elles demandent une dévotion rigoureuse, des gestes d’humiliation et l’assujettissement du corps à une sévère discipline. En fait, elles n’ont aucune valeur, sinon pour satisfaire des aspirations tout humaines »

Ici on a affaire à des gens qui ont de la discipline sur eux-mêmes, qui pratique la privation, restriction alimentaire, qui jeunent très souvent, ce sont des ascètes… L’ascétisme est très prisé à l’époque, surtout avec le stoïcisme qui prône le contrôle de soi et qui nous reste par l’expression « rester stoïque » qui signifie rester en contrôle de son corps en le bridant ou en le privant. Alors si c’était juste pour garder la forme et résister aux tablettes de chocolat pour en avoir en guise d’abdominaux, cela passerait encore. Mais il s’agit d’une pratique qui consiste à se libérer du corps pour élever son âme, si on voit l’ascétisme comme un moyen de se libérer de soi-même, c’est à dire en fait comme un moyen de salut, là cela devient inquiétant.

Et c’est aussi assez pernicieux parce que même si on parle de libérer son âme pour aller vers Dieu, ce n’est pas le moyen que Dieu a choisi pour nous sauver. Il a choisi de venir, de descendre jusqu’à nous en Jésus Christ pour nous toucher dans notre être tout entier, âme et corps. Ce n’est pas en exerçant la privation sur mon corps que je vais élever mon âme jusqu’à Dieu. C’est en accueillant le Christ qui s’est sacrifié dans son corps pour moi que je vais être accueilli par Dieu dans mon corps et toute ma personne au jour de la résurrection. L’ascétisme n’est pas un moyen de salut et les privations ne sont pas méritoires…

Quel parallèle pour aujourd’hui ? On pourrait parler de ces spécialistes du jeûne qui en font un moyen de pression sur Dieu et qui nous disent avoir prié et jeuné deux jours entiers. Et on trouve cela admirable mais en même temps intimidant et troublant? QUe font-ils vraiment ? Est-ce queDieu nous le demande vraiment ? Et cela nous met dans le doute. Est-ce qu’on ne devrait pas se mettre à jeûner nous aussi pour atteindre une autre dimension dans notre vie de prière ??

On peut penser à ces récits d’homme de Dieu qui ont tout sacrifié même parfois leur mariage pour la cause de l’Evangile comme Charles Studd, Champion de Dieu, qui a laissé sa femme à Londres pendant 50 ans alors qu’il évangélisait la Chine. Là aussi on est impressionné, ce sont des lectures simulantes mais aussi intimidantes. Mais il ne faut pas être intimidé, ce genre de comportement n’est pas nécessaire ! La foi en Jésus Christ est seule nécessaire. Le sacrifice du Christ est pleinement suffisant, lui seul me permet d’être délivré de touts mes dépendances et de mes liens.

Notre vie est cachée en Lui dit la Bible, j’aime beaucoup cette expression qui évoque pour moi la protection de Jésus, un peu comme quand je me cachais derrière un rocher en forêt de Fontainebleau. En lui, derrière lui, je peux me réfugier avec mes faiblesses et mes incapacités. Il prend tout sur lui, Il me justifie, il me pardonne il m’accueille, il me sanctifie, il me renouvelle pour une vie à son service. Et dans son service il y aura peut-être des sacrifices à faire, mais ces sacrifices ne seront pas des actes méritoires qui nous permettraient de revendiquer une certaine position spirituelle. Non, bien positionné en Jésus Christ et dans sa grâce nous pourrons poser ces actes de service qui demandent parfois des sacrifices comme des actes de reconnaissance qui découleraient de notre communion avec le Dieu de la grâce et qui seront fait dans l’esprit de la grâce. Ce sera là des sacrifices vraiment spirituels.

Et fait et c’est vrai aussi pour légalisme et le mysticisme L’ascétisme sous toutes ses formes peuvent apparaitre comme de la grande piété /dévotion (Paul le dit) et il dit aussi qu’elles peuvent couvrir justement des pratiques tellement humaines. Quand on tente d’ajouter quelque chose à la foi en Christ et à la grâce, on retombe dans l’humain, le lourdement humain.

Et c’est pour cela que la réponse de Paul à ses trois intimidations, tient en une seule phrase elle apparait au verset 10 et elle est merveilleuse de concision et de densité : « Vous avez tout pleinement en Jésus Christ. » (Semeur parle d’être « pleinement comblés »). Il n’y a rien à ajouter au salut en Jésus Christ il n’y a pas de « plus » à mettre après Jésus-Christ. Et dans la suite du passage Paul parle du salut, en lui ou par lui. Dans notre passage nous avons 9 fois cette expression «  Vous avez été ensevelis avec Christ par le baptême, et c’est aussi en lui que vous êtes ressuscités avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité des morts. » « Solus Christus » dit Paul aux Colossiens et à tous ceux qui sont tentés d’ajouter quelque chose au salut en Jésus Christ comme si il n’était pas suffisant.

Et avec cette expression « en lui » qui revient très souvent dans la Bible. Paul nous parle d’un positionnement en Christ, d’un lieu ou nous sommes bien positionnés et ce lieu est en lui. Et nous verrons plus tard dans la série sur Colossiens que Paul développe une théologie positionnelle avec des conséquences pratiques qui seront les chapitres 3 et 4 de la lettre. Mais aujourd’hui le point clef était de dire que et ce positionnement en Christ est suffisant pour nous donner toute l’assurance dont nous avons besoin. Parce que Jésus Christ est mort une fois pour toutes, que sur la croix il a tout accompli, qu’il est ressuscité le troisième jour et qu’il est pour nous les prémices de notre propre résurrection, nous sommes complets en lui !. Il n’y a rien à ajouter; tout est accompli. Nous ne nous laisserons pas intimider: Nous avons tout pleinement en Jésus Christ.

Chant : Jésus soit le centre JEM 772