Soutien à l’Ukraine

Une Église en Diagnostic – Apocalypse 3.1-6

Bonjour à tous.

Aujourd’hui pour la prédication, je vous invite à suivre la lecture d’un texte dans le livre de l’Apocalypse. Ce texte est un morceau de ce qu’on appelle « la lettre aux 7 Églises ». Et nous lisons ce qui est adressé à l’Église de Sardes, au chapitre 3, les versets 1 à 6.

Lecture Apocalypse 3.1-6.

Comme je le disais avant la lecture, ce texte fait partie de ce qu’on appelle « la lettre aux 7 Églises », qui occupe les chapitres 2 et 3 du livre de l’Apocalypse.

J’ai bien dit LA lettre, parce que si effectivement chaque morceau semble s’adresser à une Église en particulier, la structure de la lettre montre en fait que c’est un tout. LA lettre dans son ensemble s’adresse à toute l’Église, et donc à nous aussi, Église Évangélique Libre de Cannes en cette année 2015 de notre calendrier.

Dans cette lettre, le Christ nous présente la situation des premiers chrétiens qui vivaient dans l’Empire Romain. Il nous parle des problèmes auxquels ils doivent faire face, il nous parle aussi de leurs points forts et de leurs faiblesses. Il leur fait des reproches, des compliments, il les encourage.

  • Faire le point face au changement.

Et je pense que c’est une première chose importante que nous dit cette fameuse « lettre aux 7 Églises ».

Dans cette lettre, le Christ parle aux Églises pour faire le point avec elles. Faire le point sur ce qu’elles sont, sur leur contexte, sur les difficultés qu’elles rencontrent, sur leurs faiblesses, sur les joies également, les œuvres bonnes, la fidélité dans la foi, l’obéissance à la Parole de Dieu.

Le critère qui sert de référence, c’est la mission que le Christ a confiée à son Église : être des témoins fidèles, apporter la Bonne Nouvelle de Dieu à tous les hommes.

Et le Christ vient aider les Églises à faire le point sur leur œuvre dans cette mission. Pourquoi ?

Parce qu’une Église, c’est des gens, c’est une partie du peuple de Dieu. Et des gens, c’est pas figé, c’est pas immuable. Des gens, ça change. Nous changeons durant notre vie. Le contexte dans lequel nous vivons change lui aussi. L’Église est un peuple qui change et qui vit dans un monde qui change.

D’ailleurs on va faire un petit test.

Qui parmi vous fréquentait déjà cette communauté il y a 30 ans ? Pas très nombreux.
Qui parmi vous fréquentait déjà cette communauté il y a 20 ans ? Un peu plus nombreux, mais pas tant que ça.
Qui parmi vous fréquentait déjà cette communauté il y a 10 ans ? Un peu plus de monde, mais une partie non négligeable d’entre nous n’a pas pu lever la main.

Pourtant 10 ans, 20 ans, même 30 ans, c’est pas si vieux que ça. Je le sais, j’ai 30 ans, et je me trouve pas vieux.

Voyez comme cette communauté a changé en 10, 20, 30 ans. Et bien c’est normal ! Il ne faut pas en être attristé, ou être nostalgique du passé. C’est normal qu’une communauté change. Parce qu’une Église, c’est des gens, c’est un morceau du peuple de Dieu. Et les gens, ça change, ça ne reste pas figé.

Mais il n’y a pas que l’Église qui change. Le monde dans lequel elle vit, le monde dans lequel elle doit accomplir sa mission change lui aussi.

Reprenons les durées que nous avons utilisées pour parler de notre Église : 10 ans, 20 ans, 30 ans.

Il y a 10 ans, donc en 2005. C’est très récent, et bien regardez comme les choses ont changé :

-en 2005, le pape Jean-Paul II décède, et Joseph Ratzinger est élu pape sous le nom de Benoît XVI.
-en 2005 ont lieu les premières élections législatives en Irak.
-en 2005 a eu lieu le premier vol de l’airbus A380.
-en 2005 en France est lancée la TNT, Télévision Numérique Terrestre.
-en 2005 a lieu le référendum sur le projet de constitution européenne, à laquelle la France répond « non » à 55%.
-en 2005, notre président est Jacques Chirac, et le premier ministre Jean-Pierre Raffarin est remplacé par Dominique de Villepin.

2005, c’était à peine il y a 10 ans. Et en 10 ans, notre pays et notre monde ont quand même vachement changé. Alors bien sûr c’est encore plus flagrant si l’on remonte à 20 ans, en 1995, mais je vais aller plus vite.

En 1995, les tours jumelles étaient encore debout, il n’y a eu ni la guerre d’Afghanistan, ni celle d’Irak. En 1995 la France n’était pas encore championne du monde de foot. En 1995, Bill Clinton est président des États-Unis depuis seulement 2 ans et Jacques Chirac devient président de la France.

Et si nous remontons il y a 30 ans, en 1985, l’URSS était encore debout, et le mur de Berlin également. En 1985 on parlait pas d’internet, d’ordinateur portable, de tablette, de smartphone…

Il n’y a pas que notre Église qui a changé. Le monde dans lequel nous vivons, le pays, la ville dans lesquels nous devons agir en tant que chrétien et en tant qu’Église, ils ont eux aussi changé.

Le Christ, par son Esprit, vient aider les Églises à faire le point, parce qu’elles changent, et que le monde change lui aussi.

Mais malgré ces changements, il y a des choses qui ne change pas : la Parole de Dieu reste la même, et elle reste toujours aussi pertinente pour notre vie. Elle reste le centre de notre foi. On parle de son message dans un langage d’aujourd’hui et avec des moyens d’aujourd’hui, mais elle ne change pas.

Ça me fait penser à un poème que me récitait souvent mon grand-père.

Dans un coin de la forge, inutile ferraille,
Gisaient sur le sol noir des marteaux ébréchés,
Pareils à des guerriers que la mort à fauchés,
Pêle-mêle au champ de bataille.
Pour user tous ces frappeurs-là, dis-je, il fallut plus d’une enclume !
Mais l’homme, entre deux coups, plus forts que de coutume
Répondit : Sur celle-ci mon père martelât
Et mes fils après moi pourront frapper encore
Sans l’entamer jamais mon enclume sonore.
Critiques, écrivains. Sous vos marteaux pesants
La Parole de Dieu dure, toujours plus belle.
Vous passerez, rebus des ans !
La vieille Bible est immortelle.

Dans ce monde qui change, dans cette Église qui change, la Parole de Dieu reste le rocher sur lequel nous bâtissons.

De même la mission que le Christ a confiée à ses disciples, à son Église, cette mission n’a pas changé. Nous devons toujours apporter la Bonne Nouvelle du Christ à tous les hommes.

Mais le monde a changé, les hommes ont changé, et notre manière d’accomplir cette mission doit pouvoir s’adapter également.

« La lettre aux 7 Églises », dont nous avons lu un extrait, cette lettre prépare en fait les croyants à un exercice particulier : discerner dans leur vie et dans leur monde, avec l’aide de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint, comment rester des témoins perspicaces et persévérants.

  • Une Église imparfaite.

L’Église change, parfois en bien, parfois en mal. Et notre texte est lucide là-dessus. Une Église fidèle, persévérante, peut en venir à se refroidir, à se reposer, à ne plus agir aussi fidèlement qu’avant dans son témoignage.

C’était le cas de l’Église de Sardes manifestement. Et voici le constat que fait le Christ sur cette Église.

Lecture v1b, 2b.

Il y a certainement de très bonnes choses dans cette Église, mais le Christ vient la secouer par ce constat qui fait mal « tu sembles vivante, et pourtant, tu n’es pas parfaite ».

Vous allez me dire, c’est normal. Une Église, c’est des gens. Les gens sont imparfaits. Donc une Église est imparfaite.

Oui, mais l’Église est celle du Christ, qui Lui est parfait. Et nous devons donc essayer toujours plus de le devenir également, avec l’aide de l’Esprit de Dieu que le Seigneur nous a envoyé.

L’Église de Sardes était imparfaite, et peut-être qu’elle l’avait oublié. Toutes les belles et bonnes choses qu’il y a dans cette Église de Sardes empêchaient peut-être ses membres de se rendre compte de ce qui n’allait pas.

Alors le Christ commence par faire un bilan, un constat. Le Christ fait le diagnostic de cette Église. Et le diagnostic est sans appel « Tu sembles vivante, mais tu n’es pas parfaite » ».

Faire le point, faire un bilan, faire un diagnostic, ça peut faire peur. Ça peut faire mal. Ça peut aussi révéler de très belles choses. Parce que dans un bilan on ne relève pas que ce qui cloche, mais aussi ce qui est bon. Mais en tout cas, faire le point, c’est nécessaire, et la Bible nous en donne un exemple dans cette lettre.

Faire un diagnostic, c’est pas non plus un but en soit, et le Christ ne s’arrête pas au diagnostic. Non, il vient également remettre l’Église de Sardes dans le droit chemin. Nous pouvons le lire dans notre texte.

Lecture v.2b-3a.

Face à un constat pas aussi glorieux qu’on le voudrait, le Christ nous renvoie vers la Parole de Dieu, la Bible, qui nous transforme, qui nous remue, qui nous rappelle qui est Dieu, qui nous sommes. Qui nous rappelle aussi ce que le Christ a fait pour nous, et la mission qu’il nous a confiée. Et il nous lance cette exhortation très forte : Obéis et change !

Pourquoi une telle urgence ? Pourquoi cet ordre ? Et bien le Christ l’explique dans la suite de notre texte.

Lecture v.3b.

La mission que le Christ nous a confiée dure jusqu’au retour du Seigneur. Mais ce retour, nous ne savons pas quand il se fera. Il ne sera pas annoncé de manière grandiose, il sera tout simplement.

Si jamais on savait quel jour le Christ reviendra, on pourrait planifier les choses. On pourrait se dire « bon, on a encore le temps, on va y aller mollo, et on mettra un bon coup de collier sur la fin ».

Mais le retour du Christ reste un mystère. Et ce mystère nous oblige à rester vigilants. A rester persévérants. Constamment. Il y a une urgence dans la mission que le Christ nous confie, tout simplement parce que nous ne savons pas quand elle prendra fin. Et si elle devait prendre fin dans peu de temps. Quel serait notre bilan ?

Dans notre texte, dans cette fameuse « lettre aux 7 Églises », le Christ vient nous encourager à faire notre propre diagnostic, afin que nous puissions discerner où nous en sommes, et le chemin qui nous reste à parcourir.

  • Le parcours vitalité.

Dimanche dernier, pour notre journée de rentrée d’Église, Benjamin Turillo, membre de la Commission Évangélisation de notre Union d’Églises, est venu nous présenter un parcours. Le parcours « Vitalité ». C’est un parcours que notre Union propose à toutes ses Églises.

« Vitalité » doit être vécu comme un cheminement. C’est un outil. Et il nous guide tout d’abord, pas à pas, dans ce dont nous venons de parler, le diagnostic de notre communauté. C’est un outil pour nous aider à faire le point. Et notamment, il est prévu de constituer une équipe de 7-8 personnes qui doivent travailler, sur plusieurs mois, à préparer, à faciliter ce bilan que nous voulons réaliser ensuite tous ensemble.

Cette équipe devra notamment faire un tour d’horizon de l’histoire de notre communauté, pour voir comment l’Église a évolué au fil du temps, et comment elle a pu accomplir par le passé la mission que le Christ nous confie.

Elle devra aussi étudier le contexte dans lequel se trouve notre communauté. C’est-à-dire la ville de Cannes, avec ses besoins, ses ressources, les liens que nous y avons tissés.

Cette équipe doit également faire un état des lieux de notre communauté elle-même, et donc des membres qui la composent.

Cette équipe devra aussi bien évidemment informer l’assemblée, de manière régulière et ludique, du résultat de son travail. Travail qui s’étalera sur des mois si nous voulons bien faire les choses.

Mais surtout, surtout, elle aura besoin de nos prières. Si nous désirons rentrer dans ce cheminement, nous tous, nous allons devoir prendre un engagement de soutien dans la prière et nous y tenir ! Prier les uns pour les autres. Prier pour notre communauté. Prier pour que Dieu nous guide. Prier pour que le Christ nous mette en avant, chacun d’entre nous, comme il le fait dans le texte que nous avons étudié.

Ce parcours Vitalité est un outil pour nous aider à faire le point, mais nous l’avons dit dans cette prédication, faire un diagnostic n’est pas un but en soi. C’est un premier pas nécessaire, mais ce n’est qu’un 1er pas qui est là pour nous relancer avec toujours plus de zèle dans le chemin que Dieu veut que nous suivions.

Et dans ce parcours Vitalité, il est prévu que ce diagnostic que nous ferons, tous ensemble, au fil des mois, serve à l’élaboration d’un projet d’Église qui guide nos efforts, qui définisse notre action commune pour les années à venir. C’est ainsi que nous voulons être interpellés tout à nouveau dans la mission que le Christ nous confie.

La première étape reste la constitution de cette équipe de 7-8 personnes, nous sommes en train de la constituer, et j’espère que nous pourrons la présenter à notre assemblée dimanche prochain.

Mais dès maintenant, prions, prions, prions sans cesse pour que le Seigneur bénisse cette Église, Son Église. Pour qu’il nous guide, et qu’il nous mette en marche, selon sa volonté, et pour sa Gloire.

Et j’aimerais pour terminer vous relire simplement deux passages de notre texte.

Tout d’abord cette exhortation, cette interpellation si forte que le Christ nous adresse : « Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu la Parole : Obéis et change ! ».

Mais également cette magnifique promesse que le Seigneur donne à son Église : « Le vainqueur portera ainsi des vêtements blancs, je n’effacerai jamais son nom du livre de vie, je le reconnaitrai comme mien en présence de mon Père et de ses anges.

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises ». Amen.

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