Larry Hester, américain de 66 ans, est atteint d’une rétinite pigmentaire qui détruit les photorécepteurs de son l’œil et qui l’a conduit à devenir progressivement aveugle. Et durant 33 ans, il a vécu dans la cécité la plus complète.
Mais depuis quelques années, une équipe de la Duke University développe le principe d’une prothèse rétinienne. Cet « œil bionique », composé d’une soixantaine d’électrodes, est greffé sur la rétine. En parallèle, le patient est équipé de lunettes avec une caméra, qui transmettent les images à l’implant, via des signaux électriques. Ce sont finalement les électrodes qui transforment les signaux en décharges électriques pour le nerf optique.
Le patient aperçoit alors des flashs lumineux, qui l’aident à s’orienter dans l’espace. Une restauration d’une partie de la vision qui permet, par exemple, de différencier une porte d’un mur.
En septembre dernier, Larry Hester a bénéficié de l’implantation d’une de ces prothèses rétiniennes. L’opération fut un succès, et Larry a pu recouvrer la vue, même si ce n’est que très partiellement, après trente-trois années passées dans le noir.
Et le moment où pour la première fois l’équipe médicale active le dispositif est très parlant. L’émerveillement de Larry devant un simple flash de lumière, la joie poignante de son épouse lorsque son mari se tient face à une porte en disant « je sais que cette porte est là », le soulagement du Dr Paul Hahn parlant de cette instant comme « le jour 1 du reste de la vie de Larry », l’émotion de tous leurs proches se tenant la main pour prier Dieu et le remercier de ce cadeau merveilleux. Enfin le témoignage de Larry lui-même, « La lumière est tellement basique qu’on n’y accorde plus d’importance. Mais pour moi ça en a. Je peux voir la lumière. Et je peux avancer à partir de ça. »
Comment ne pas faire le rapprochement entre ce fait médical extraordinaire et le miracle de l’instant de la conversion. La vie sans Dieu peut s’apparenter à la cécité, une vie dans le noir, où la vision que nous avons du monde ne bénéficie pas de l’éclairage qu’apporte la lumière de l’Esprit de Dieu en nous. Notre compréhension est livrée à nos seules autres perceptions.
Une vie dans le noir, mais une vie quand même, et qui peut être parfaitement heureuse. Une vie que ceux qui ne voient pas partagent au milieu de ceux qui voient. Une vie où la lumière ne manque pas puisqu’on ne l’a jamais connue. Et même si ceux qui voient veulent parler de cette lumière avec les aveugles, parfois la peur de gêner, de blesser, de déranger ou de paraître différents peut les en dissuader.
Mais lorsque, par sa Parole et son Esprit, Dieu vient toucher notre cœur, éclairer notre intelligence, ouvrir nos yeux à sa lumière, nous pouvons ressembler à Larry, bouche bée devant cette clarté qui était là toute sa vie mais qu’il ne pouvait tout simplement pas voir. Et l’ensemble des croyants, pareils aux proches de Larry, se réjouit alors avec nous de nous voir les rejoindre dans cette clarté, cette lumière dans laquelle ils vivaient au quotidien, de laquelle ils nous ont parlé, qu’ils voulaient tant partager avec nous tout en se sentant impuissant face à notre cécité. Et tout comme le déclare le Dr Hahn au sujet de Larry, cet instant devient alors le jour 1 du reste de notre vie. Une vie qui cette fois sera non seulement baignée de lumière, mais également vécue éternellement avec Dieu.
En Jean 9, alors que les pharisiens interrogent un aveugle à qui le Christ a redonné la vue, celui-ci déclarera dans son incompréhension de ce qui lui arrive « Il y a une chose que je sais : j’étais aveugle et maintenant je vois ». Puis lorsque le Christ lui demandera s’il croit au Sauveur qui était promis, et que l’ancien aveugle répond « Qui est-ce ? », le Christ lui déclare « Tu le vois de tes yeux ». Et l’ancien aveugle de s’exclamer « Je crois Seigneur ».
C’est là la mission du Christ, telle qu’il l’exprime dans ce même chapitre, « Je suis venu dans ce monde (…) pour que ceux qui ne voient pas voient ».
Jean-François Comba