Martin Luther était-il fou ? Pour certains, sa nature anxieuse et hypochondriaque, son profond sentiment de culpabilité qui le faisait sombrer dans la permanente confession de ses péchés dans ses jeunes années, ses propos enflammés contre Erasme, ses 95 thèses et sa condamnation violente de la révolte paysanne sont des raisons suffisantes pour le croire. Mais la folie la plus notoire de Luther, comme le souligne R.C.Sproul, a été celle qui nait de sa confrontation avec la Parole de Dieu et qui l’amène à comprendre la folie du Créateur, celle qui se cache dans le mystère de la justification par la foi.
On commémore cette année les 500 ans de la publication des ses thèses contre les indulgences, symbole d’un système ecclésial corrompu. La folie de contester un ordre établi, de vouloir soumettre au débat public ce qui n’est pas contestable a contribué aux bouleversements politiques qui ont donné naissance au monde que nous connaissons aujourd’hui. La démocratie, la liberté de penser et d’exprimer son désaccord découlent en partie de la folie de Luther.
Notre Église est à l’image de la diversité de notre société. Notre provenance, notre histoire personnelle, nos faiblesses et nos dons font de chacun d’entre nous quelqu’un d’unique. Mais nous tenons à marcher dans le chemin de Seigneur et nous tenons à le faire ensemble, malgré nos différences, dans la joie de la communion. C’est ce sentiment qui anime ce numéro du Riou, spécialement consacré au personnage de Martin Luther et à la Réforme que sa folie a fait naître.
Diego Moreno