La nature de la prière chrétienne n’est ni d’ordre magique ni d’ordre mystique, bien que beaucoup de religions la conçoivent ainsi. Pour un chrétien, la prière est avant tout relationnelle : c’est une affaire de relation entre un humain et Dieu. Elle doit donc se réfléchir et se pratiquer dans le cadre de cette relation vécue de manière juste.
Une relation juste selon l’enseignement biblique ne cherche ni le harcèlement, ni le marchandage, ni le compromis. Mais elle se vit dans le regard vers l’autre, dans la soumission à l’autre, à ses besoins, à ses qualités, à sa pensée. Elle se vit dans un amour qui regarde vers l’autre, amour qui devient mutuel lorsque l’autre regarde vers nous de la même façon.
Dans la prière, « l’autre » de l’être humain, c’est Dieu, notre Père par adoption, notre Seigneur à qui nous devons obéissance, notre créateur à qui nous devons adoration. La prière en tant que relation à Dieu doit donc nous amener à nous soumettre à sa volonté. « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite » (Mt 6.10). Voilà qui devrait être le centre de notre prière : la recherche de la volonté de Dieu.
Nous comprenons alors mieux les paroles du Christ à ses disciples en Jean 15.7 « Mais si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez ». En effet notre demande à Dieu vécue dans une juste relation nous fait nous soumettre à la volonté de Dieu, aux paroles du Christ, jusqu’à ce que sa volonté devienne la nôtre, que notre demande devienne la sienne et que son but soit celui exprimé par notre prière.
Il est intéressant de regarder le dialogue entre Dieu et Salomon en 1 Rois 3. Dieu déclare à Salomon : « Demande ce que tu désires que je t’accorde ». Celui-ci parle alors de la fidélité de Dieu envers son père, David, et de la difficulté que représente sa position de roi. Il réclame alors la sagesse de bien gouverner le peuple de Dieu, et Dieu lui répond: « Puisque c’est là ce que tu demandes, et que tu ne demandes pour toi ni longue vie, ni richesse (…) je te donnerai de la sagesse et de l’intelligence (…) de plus, je t’accorde ce que tu n’as pas demandé ».
Salomon a discerné dans sa relation à Dieu que le Seigneur est fidèle, juste et bon envers lui. Dieu connait ses besoins primaires, et en Père aimant il y pourvoit. Alors à son tour, Salomon désire être fidèle, juste et aimant envers Dieu : il demande les qualités nécessaires pour pouvoir accomplir au mieux la volonté de Dieu dans sa vie. Il discerne la volonté de son Père, et il s’y soumet jusque dans la prière.
Cela rejoint l’appel du Christ à ses disciples en Matthieu 6.31 : « Faites donc du royaume de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus ».
Alors pourquoi parfois une requête qui nous semble être légitime et conforme à la volonté de Dieu nous serait-elle refusée ? Tout simplement parce que même avec discernement et persévérance dans la prière, il faut garder à l’esprit que le plan de Dieu puisse être différent de celui que nous avions imaginé.
Nous n’avons pas la certitude de toujours bien discerner ce que Dieu désire que nous priions. Mais nous avons deux certitudes bien plus grandes encore :
– notre Père nous aime, il scrute notre cœur, il connait nos pensées mieux que nous-même, et il connait aussi nos limites et ne nous en tient pas rigueur.
– jusque dans notre difficulté à prier selon sa volonté, notre Dieu vient nous épauler. Car « L’Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. En effet nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède en gémissant d’une manière inexprimable. Et Dieu qui scrute les cœurs sait vers quoi tend l’Esprit, car c’est en accord avec Dieu qu’il intercède pour ceux qui appartiennent à Dieu. » (Rm 8.26-27).
Jeff Comba