Soutien à l’Ukraine

Prendre Position

Bonjour à tous. Aujourd’hui pour la prédication, J’ai choisi un texte qui a fait l’objet d’une des méditations de la semaine de l’application Express’Ô. Pour ceux qui ne connaissent pas, Express’Ô est une application pour smartphones et ordinateurs qui donne chaque jour un court texte biblique et une petite méditation associée. Et c’est un outil dont nous nous servons en communauté pour lire la Bible au quotidien au même rythme.

Et il y a eu cette semaine un texte assez troublant. Un texte pas facile. Un texte qui m’a rappelé des débats passionnés sur son interprétation à l’époque où je fréquentais les Groupes Bibliques Universitaires. Mais c’est un texte aussi qui perturbe souvent les croyants, et qui fait peur même à certains, qui les maintient dans une certaine crainte.

Du coup je me suis dit que c’était l’occasion de traiter paisiblement ce texte ensemble, en prédication, vu que beaucoup d’entre nous l’ont eu en méditation dans la semaine.

Et nous lisons donc en Matthieu chapitre 12 les versets 22 à 32.

Lecture Matthieu 12.22-32.

Nous parlerons de ce fameux « blasphème contre le Saint-Esprit » un peu plus tard, commençons par le début de notre texte.

Tout part d’un exorcisme réalisé par Jésus. Un homme est démonisé, c’est-à-dire soumis à l’influence d’un être spirituel mauvais, et Jésus l’en délivre. Il chasse le démon en question. Vous me direz, c’est pas la première fois, c’est pas non plus la dernière. Le ministère de Jésus est marqué, ponctué de très nombreux exorcismes dont certains nous sont racontés dans les Évangiles. Ca en devient presque une routine.

Nous avons tellement l’habitude de lire ces miracles de délivrance opérés par le Christ que nous en oublions parfois tout l’incroyable de ces actes même pour les juifs de son époque. En effet l’Ancien Testament est également rempli de miracles accomplis par des prophètes. Et dans ces miracles il y a de tout : multiplication de nourriture, armée ennemie mise en déroute, purification de l’eau, maîtrise d’invasion d’insectes ou d’animaux, feu qui tombe du ciel, résurrection de mort… et j’en passe !

Les juifs de l’époque du Christ ont donc dans leurs récits sacrés beaucoup d’exemples de miracles réalisés par des prophètes. Mais vous pouvez éplucher tout l’Ancien Testament, vous ne trouverez aucun récit d’exorcisme. Aucun.

Alors ça ne veut pas forcément dire qu’il n’y en avait pas du tout. Il a pu y avoir des exorcismes sans que ça ne soit rapporté dans le récit biblique. Et d’ailleurs Jésus n’est visiblement pas le seul à pratiquer des exorcismes, vu qu’au verset 27 il demande aux pharisiens « D’ailleurs, si moi je chasse les démons par Béelzébul, qui donc donne à vos disciples le pouvoir de les chasser ? ». Il semble bien que d’autres pratiquent aussi des exorcismes. Mais si l’Ancien Testament n’en parle pas, si même la loi de Moïse n’en fait aucune mention, c’est bien que ce n’était pas une pratique courante dans la vie du peuple d’Israël. Si l’exorcisme était central dans la vie religieuse juive, la Bible en aurait parlé. Mais ce n’est pas le cas. Ca devait donc être rare, anecdotique.

De la même manière, vous pouvez lire toutes les épîtres du Nouveau Testament, toutes les lettres que les apôtres ont écrites aux premières églises pour les guider, les encourager, vous ne trouverez aucune mention d’exorcisme, aucune. Pas forcément parce que c’était totalement inexistant. D’ailleurs le livre des Actes nous rapporte certains cas d’exorcismes réalisés par les apôtres. Mais parce que ce n’était pas non plus une pratique centrale ou même habituelle de l’église du premier siècle.

On a parfois l’impression que cela fait partie du quotidien de l’époque du Christ, mais ça ne l’est pas. Pour les juifs de l’époque de Jésus, cela reste également extraordinaire.

Mais si les exorcismes sont si rares dans tout l’Ancien et le Nouveau Testament, pourquoi y en a-t-il autant uniquement durant le ministère du Christ ? Et bien c’est justement ce texte qui nous donne la réponse.

Le Christ vient sur terre pour une raison bien précise. Il a une mission : celle de libérer les humains de l’esclavage du péché, du mal qui est en eux. Ce mal qui rend tous les humains coupables devant Dieu, qui les prive d’une relation éternelle avec leur créateur. Ce mal qui amène tous les humains vers la mort, pas seulement physique, mais également spirituelle et éternelle.

En Jésus-Christ, Dieu vient nous libérer de cette fatalité. Il vient prendre sur lui le poids de nos fautes, la sanction que nous méritions tous. Et en retour il nous donne son pardon et la vie éternelle auprès de Dieu.

Mais je le répète, sans le Christ les humains sont esclaves. Esclaves du péché, du mal et de ses conséquences jusque dans l’éternité. Et tous les esclaves ont un maître, qui a des droits sur eux. Dans notre texte les pharisiens l’appellent Béelzébul. Mais plus généralement la Bible en parle comme du Satan, ou Satan tout court. Satan qui signifie simplement « accusateur ». Parce que ce Satan, cet être spirituel mauvais, a un droit sur nous : celui de nous accuser des fautes que nous avons commises. Et ses accusations sont vraies, elles sont justes, elles sont méritées, parce que ce mal nous le commettons.

Le Satan observe ce mal que nous faisons, il nous y pousse également parfois, puis il nous accuse, et nous ne pouvons rien y faire, parce que sur ce point il a raison. Les humains sont donc prisonniers, esclaves de ses accusations.

Et lorsque le Christ vient sur terre pour libérer les humains, il vient donc les arracher à cet accusateur. Il le fait par le pardon, en nous pardonnant il nous rend justes, innocents, il n’y a donc plus d’accusation possible, c’est ce qui nous libère de l’esclavage du péché.

Mais il vient aussi marcher sur les plates bandes de l’accusateur, il vient lui enlever ses esclaves. Et vous vous en doutez l’accusateur n’est pas prêt à l’accepter.

C’est la raison pour laquelle il y a une tellement activité de démonisation dans les Évangiles. Parce que le Christ vient abattre le règne de l’accusateur et les droits qu’il avait sur nous, alors l’accusateur se défend, il lance toutes ses forces dans la bataille. Le Satan défend son bout de gras, il veut protéger son Royaume. Ce Royaume dont Jésus nous parle au verset 26 : « Si donc Satan se met à chasser Satan, son royaume est divisé contre lui-même. Comment alors ce royaume subsistera-t-il ? ».

L’accusateur se défend, mais c’est peine perdue. Parce qu’on ne peut pas lutter contre Dieu. Seul Dieu est tout-puissant. Le Satan lui bien que puissant reste limité. Il ne peut rien faire face au renversement de son Royaume, à la libération de ses esclaves. Il résiste, mais c’est perdu d’avance.

Et comme le dit le Christ dans notre texte, le fait que Jésus chasse les démons, serviteurs de l’accusateur, cela montre bien qu’il est plus fort que leur maître. Plus puissant que le Satan. Il est Dieu, et il peut donc réellement délivrer les humains de leur esclavage.

C’est ce que Jésus explique au verset 29 « Comment quelqu’un peut-il pénétrer dans la maison d’un homme fort et s’emparer de ses biens s’il n’a pas, tout d’abord, ligoté cet homme fort ? C’est alors qu’il pillera sa maison. ».

La grande activité de démonisation durant le ministère du Christ, qui est absente ou presque de tout le reste de l’histoire biblique, elle montre tout simplement qu’avec la venue de Jésus, Satan est aux aboies. Et la grande facilité, l’extrême simplicité avec laquelle Jésus chasse les démons est une preuve pour ceux qui l’entoure qu’il est bien le messie, l’envoyé de Dieu. Il est Dieu en personne, plus fort que l’accusateur, qui vient libérer les humains.

C’est un signe, une preuve ! Et les contemporains du Christ ne s’y trompent pas. Ils sont clairvoyants ! Et ils s’interrogent suite à cet exorcisme au verset 23 : « La foule, stupéfaite, disait : Cet homme n’est-il pas le Fils de David ? », c’est-à-dire le messie promis par Dieu.

Les contemporains du Christ voient dans ce signe l’œuvre de Dieu, et nous qui croyons en Jésus nous savons qu’ils ont vu clair. Nous croyons que le Christ est Dieu venu sur terre en tant qu’être humain. Nous croyons que sans lui nous sommes esclaves du péché. Nous croyons qu’il a vaincu le mal en prenant sur lui nos fautes sur la croix. Nous croyons qu’il nous pardonne gratuitement si nous nous tournons vers lui. Nous croyons qu’il nous arrache alors à notre esclavage. Le Christ est vainqueur ! Vainqueur sur le Satan, vainqueur sur la mort, vainqueur sur le mal ! Et le fruit de cette victoire il nous l’offre pour nous libérer du péché et nous amener vers la vie.

Les contemporains du Christ ne s’y sont pas trompés. Mais pas tous. Certains l’ont vu, ils l’ont compris, et ils l’ont refusé. Certains dans notre texte rejettent la déduction de la foule. A la place ils accusent même de manière stupide et illogique : « Si cet homme chasse les démons, c’est par le pouvoir de Béelzébul, le chef des démons. ». Il y a une fracture, une division qui commence à émerger entre les humains au sujet du Christ.

Et Jésus en vient alors à montrer, à révéler, à mettre en évidence cette fracture qui va inévitablement s’opérer au sein même de l’humanité.

« Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi, et celui qui ne se joint pas à moi pour rassembler, disperse. »

L’humanité se divise. D’un côté ceux qui accepteront le Christ comme nouveau maître et qui seront libérés du mal. De l’autre ceux qui rejetteront le Christ et qui resteront esclaves du péché. D’un côté ceux qui se rassemblent autour de Dieu. De l’autre ceux qui cherchent à disperser l’humanité loin de son créateur. D’un côté ceux qui reçoivent dans leur vie l’œuvre de l’Esprit de Dieu, œuvre de pardon, de réconciliation avec Dieu, d’adoption par Dieu. De l’autre ceux qui refusent que l’Esprit de Dieu agisse en eux.

C’est tout simplement cela que signifie ce fameux « blasphème contre l’Esprit » dont parle ce texte. Rejeter toute sa vie durant l’œuvre que Dieu désire opérer en nous par son Esprit. Cette œuvre de salut, de pardon et de vie. Et c’est alors logique que fatalement, en rejetant l’œuvre de salut de l’Esprit de Dieu, on s’exclut de ce salut.

J’ai souvent entendu des croyants croire qu’ici on parlerait d’une sorte de péché un peu mystérieux qu’il faut bien faire attention à ne pas commettre parce que sinon paf, on ne peut plus être sauvé. C’est fini. Et ce péché serait on ne sait pas trop quoi. Certains tentent un rapprochement avec l’épisode d’Ananias et sa femme dans le livre des Actes qui sont morts parce qu’ils avaient menti au Saint-Esprit. J’ai entendu aussi des croyants affirmer que le doute, douter de Dieu, ça serait déjà blasphémer contre son Esprit. J’ai envie de dire, si c’était vraiment ça, on serait mal barré.

Mais ce n’est pas du tout le propos de ce texte. Ici, devant la fracture qui émerge au milieu du peuple, le Christ avertit simplement l’humanité qu’elle doit choisir son camp. Ou bien nous acceptons le Christ comme Sauveur et nous recevons l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous, ou bien nous ne l’acceptons pas, nous rejetons le Christ et donc également l’œuvre de l’Esprit de Dieu. C’est tout l’un, ou tout l’autre, il n’y a pas de juste milieu. Tout simplement parce que sans le Christ nous restons esclaves du péché et incapables de nous en libérer. Donc sans le Christ, point de salut possible.

Si dans ce choix, nous nous positionnons du côté du Christ, alors Jésus l’affirme : « C’est pourquoi je vous avertis : tout péché, tout blasphème sera pardonné aux hommes (…) Si quelqu’un s’oppose au Fils de l’homme, il lui sera pardonné ». C’est ce message fabuleux de libération totale du péché que Jésus est venu annoncer et accomplir ! L’assurance, la certitude du pardon et du salut en Jésus-Christ ! La certitude ! Pas le doute de peut-être il y aurait un péché, je sais pas bien lequel, mais si je le fais c’est fichu ! Non ! La CER-TI-TU-DE d’avoir le pardon de TOUS nos péchés en acceptant le Christ comme Sauveur et en recevant dans notre vie l’œuvre de l’Esprit de Dieu.

Et pour bien montrer qu’on parle ici du pardon de tous les péchés, Jésus affirme que même le rejeter Lui pour un temps, même lutter contre Lui et contre ses disciples, même ça peut être pardonné ! C’est ce qui arrivera à l’apôtre Paul, qui a d’abord rejeté le Christ, qui a persécuté l’Église, pour ensuite se convertir, demander pardon à Dieu, et recevoir le pardon même pour ce péché-là ! Ce pardon total qui amenait l’apôtre à affirmer en Colossiens 1 verset 21 « Dieu vous a réconciliés avec lui par le sacrifice de son Fils qui a livré à la mort son corps humain, pour vous faire paraître saints, irréprochables et sans faute devant lui. »

L’apôtre Paul, l’ancien persécuteur de l’Église peut affirmer être sans faute devant Dieu grâce au sacrifice du Christ et à l’œuvre de l’Esprit de Dieu en lui.

En Jésus-Christ nous avons la certitude de notre salut parce que le Christ nous affirme que TOUS nos péchés sont pardonnés.

Ca c’est si nous choisissons le camp du Christ, le camp de Dieu. Mais il y a un autre camp. Et Jésus nous dit alors « mais si quelqu’un s’oppose au Saint-Esprit, il ne recevra pas le pardon, ni dans la vie présente ni dans le monde à venir. »

Le Saint-Esprit est donné « aux croyants » pour les transformer intérieurement. S’opposer au Saint-Esprit, le refuser, c’est donc refuser de croire, refuser de croire en Jésus-Christ et en son œuvre de salut pour nous.

Mais on ne parle pas ici d’un refus seulement temporaire, parce que Jésus l’a dit, « si vous luttez même contre moi, cela peut vous être pardonné », comme ça a été le cas pour l’apôtre Paul.

Ici le Christ parle d’un cas où l’œuvre de L’Esprit est rejetée et contestée durablement et systématiquement durant toute une vie. Jésus parle tout simplement d’un refus de se convertir, un refus de croire, et ceci jusqu’à la fin. Ce refus du pardon de Dieu qui amène fatalement à ne pas être pardonné. Ce refus du salut qui amène à ne pas être sauvé.

Je suis attristé de voir que ce texte garde encore aujourd’hui beaucoup de croyants dans une certaines crainte de pouvoir perdre leur salut même par inadvertance. Alors que justement le Christ était en train de démontrer dans ce texte qu’il est bien Dieu, plus fort que l’accusateur, victorieux sur Satan, plus fort que les accusations qui pèsent sur nous, et donc capable lui seul de nous libérer totalement de notre culpabilité, de notre esclavage. Il n’y a aucune raison de craindre dans ce texte. Uniquement de nous réjouir. Il n’y a pas d’épée de Damoclès au-dessus de la tête des croyants. Mais au contraire une affirmation extrêmement puissante et sans contestation du salut en Christ et en Christ SEUL !

En revanche, ce texte doit nous faire prendre conscience tout à nouveau de la position terrible de ceux qui ne croient pas en Christ encore aujourd’hui. « Si quelqu’un s’oppose au Saint-Esprit, il ne recevra pas le pardon, ni dans la vie présente ni dans le monde à venir. ». Leur sort ne s’arrêtera pas à cette vie, c’est d’une éternité loin de Dieu dont Jésus est en train de parler.

D’où l’importance cruciale de notre témoignage. De notre appel aux autres à recevoir le Christ comme Sauveur. De l’exemplarité de nos vies pour que le pardon que nous avons reçu se reflète dans tout notre être. Pour que notre vie entière soit un témoignage de ce salut en Christ.

Si vous avez accepté Jésus comme votre Sauveur, n’ayez aucune crainte pour vous-mêmes, et recevez le pardon, le salut et la paix de notre Dieu. Mais craignez, non pas pour vous-mêmes, mais pour les autres, ceux qui n’ont pas accepté le salut en Jésus-Christ. Craignez pour eux, avec raison. Et que cette crainte vécue dans l’amour du prochain nous pousse à faire de notre vie un témoignage de chaque instant.

Amen.