Soutien à l’Ukraine

Accueillir Dieu, ou être accueilli par lui?

Bonjour à tous.

On approche encore un peu plus de l’évènement de la Pâques, le souvenir de la mort et de la résurrection du Christ pour nous. C’est tout juste dans une semaine. Et une semaine avant Pâques, il y a l’évènement des Rameaux.

Les Rameaux, c’est en fait le souvenir de l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem quelques jours avant la Pâques, quelques jours avant sa mort. Et si cette entrée est triomphale c’est pas à cause de Jésus lui-même. Il est pas entré dans la ville de manière spectaculaire, hyper classe et tout. Il était juste monté sur un âne, entouré de ses disciples. Soft.

Non c’est une entrée triomphale parce que l’accueil qu’il reçoit est spectaculaire. Les gens accourent, la foule grandit, les habitants de la ville chantent, ils crient, ils font un tapis sur le sol avec leurs manteaux, et avec des branches, des rameaux de palmier, d’où le jour dit des Rameaux. C’est une entrée spectaculaire parce que l’accueil que reçoit Jésus est grandiose.

Mais justement, d’habitude, accueillir, ça nécessite 2 démarches : il faut une première démarche de déplacement, il faut que l’un aille vers l’autre, pour créer la rencontre, et il faut ensuite une démarche d’accueil pure, accepter cette rencontre, la provoquer, accueillir l’autre.

Et quand on parle d’accueillir le Christ, qui c’est qui fait ces 2 démarches ? Qui est-ce qui va vers l’autre et qui est-ce qui accueille ?

On aurait tendance à dire je pense naturellement que Dieu fait le 1er pas, il vient vers l’humain, et que l’humain doit lui accueillir Dieu. Vous savez, comme ce fameux texte où Dieu dit « Voici : je me tiens devant la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je dînerai avec lui et lui avec moi ». C’est le Christ qui vient vers nous, et nous qui l’accueillons dans notre vie.

Mais c’est finalement peut-être pas si simple que ça. Et on va regarder ensemble un texte pour chercher à mieux comprendre cette rencontre entre Dieu et les humains. Ce texte est très connu, et il est long, donc on va pas tout lire, je vais résumer simplement tout d’abord une grande partie de ce texte, parce qu’il est vraiment très connu.

Et ce passage biblique c’est une parabole qu’on trouve dans Luc chapitre 15, celle du « Fils Prodigue ».

Alors pour résumer le début, c’est l’histoire d’un père qui a 2 fils. L’aîné travaille dans la propriété familiale, mais le plus jeune aspire à autre chose, et il demande à son père de lui donner par avance sa part d’héritage. Son père le fait, il partage ses biens entre ses 2 fils, et le plus jeune se barre à l’étranger pour vivre une vie de plaisir avec tout cet argent.

Bon bien sûr à un moment donné il a plus rien, il se retrouve à la rue, il gagne 3 piécettes en gardant des porcs qui mangent mieux que lui. Et au final il se dit « Même les serviteurs de mon père vivent mieux que moi. Alors j’ai qu’à y retourner, demander pardon à mon père et devenir un de ses serviteurs. Ça sera toujours mieux que maintenant ».

Et là on va lire un morceau de ce chapitre 15 de l’Évangile de Luc, à partir du verset 20.

Lecture Luc 15.20-24

Bien sûr cette histoire c’est une parabole, c’est-à-dire une histoire inventée, fictive, mais qui sert à expliquer quelque chose. Et ici le Père représente Dieu, et le fils perdu représente l’humain pécheur qui vit loin de Dieu.

Et cette rencontre, cet accueil qui se fait entre ce fils et son père est assez surprenant. Dans sa tête, le fils pense qu’il va devoir faire la démarche de se déplacer, d’aller vers son père, et qu’il devra également faire ce qu’il faut pour être accueilli, accepté comme serviteur. Les 2 démarches d’aller vers l’autre et d’être accueilli, le fils pense qu’elles vont dépendre de lui.

Donc il y va, il retourne chez son père, mais avant même qu’il ait fini cette démarche, son père court à sa rencontre, et c’est finalement le père qui se retrouve à faire la démarche de se déplacer vers son fils, d’aller vers lui.

Le fils est tout étonné. Il s’attendait pas à ça. Surtout que pour vous dresser un peu le tableau, imaginez qu’à l’époque, un riche propriétaire terrien en Palestine, comme c’est le cas ici, c’est habillé comment ? Bé ça porte une robe, un long vêtement d’une seule pièce, et des sandales, des tongs. C’est robe/tongs. Et je sais qu’aujourd’hui c’est pas l’habitude des messieurs, alors je vais m’adresser à ces dames, mesdames, quand vous devez courir avec une robe longue, qui va jusqu’au sol, vous faites quoi ? … Il faut relever la robe, la tenir, pour pas se prendre les pieds dedans, et ensuite courir le moins… ridiculement possible. J’voulais essayer mais ma femme a pas de robe à ma taille. Enfin bref…

Non seulement c’est au final le père qui fait la démarche d’aller vers son fils, mais en plus il se fiche du comment, il se fiche du paraître, il se fiche du ridicule. Il le fait, c’est tout, parce qu’il souhaite de tout son cœur cette rencontre.

Dans cet accueil entre l’humain pécheur et Dieu, c’est bien Dieu qui fait le 1er pas. C’est pas l’humain.

Mais ensuite la 2ème démarche, celle d’accueillir, de recevoir, d’ouvrir la porte, vous vous souvenez au début on a dit que c’était le boulot de l’humain ça.

Et le fils pensait pareil. Il pense que l’accueil va dépendre de lui. De ce qu’il va dire, de ce qu’il va faire. Il veut être accueilli comme serviteur, alors il a préparé tout un beau discours, il l’a même répété en chemin. Et ce discours le voici dans le texte : « Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi. Je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils. Accepte-moi comme l’un de tes ouvriers. » C’est beau. C’est sincère. C’est une belle démarche ! Assurément avec ce discours l’accueil va réussir ! C’est c’qu’il pense ! Et j’crois vraiment qu’il est sincère.

Alors quand il se remet un peu de sa surprise de voir son père courir en robe et se jeter à son cou pour l’embrasser, il reprend ses esprit et il commence à réciter son discours. « Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi. Je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils… » et le père il l’écoute même pas, il le coupe, en plein milieu de sa phrase, il appelle ses serviteurs pour qu’ils amènent des beaux vêtements, une bague, des sandales, lui aussi il va finir en robe et tong, heureusement que la mode a changé.

Et avant même que le fils ait pu faire quoi que ce soit, c’est son père qui l’accueille, et pas en tant que serviteur, mais en tant que fils. « Mon fils était perdu, et je l’ai retrouvé ». C’est pas « mon fils est revenu chez moi », c’est « je l’ai retrouvé ».

Toute la démarche d’accueil, que ce soit d’aller vers l’autre ou de l’accueillir, tout vient uniquement de Dieu. C’est Dieu qui vient nous chercher, qui vient nous trouver, qui vient à notre rencontre dans nos vies. Et c’est lui qui nous prend dans ses bras comme ce père. C’est lui qui nous reçoit. C’est lui qui fait de nous des fils et des filles de Dieu, là où on se sent tellement nuls, mauvais, qu’on pense qu’on est digne à la rigueur d’être serviteur. Dans cette rencontre tout vient de Dieu. Tout est don de Dieu. Tout est cadeau de Dieu.

Et là vous vous allez peut-être me dire : non mais attend un peu, quand même, moi j’ai fait une démarche personnelle auprès de Dieu. J’ai « choisi » de lui donner ma vie, j’ai « choisi » de lui demander pardon pour mes fautes, j’ai « choisi » de le suivre ! Si je suis sauvé c’est un peu grâce à moi quand même ! Parce que c’est moi qui ai dit « oui » à Dieu ! C’est moi choix.

Et là je vais vous raconter un truc qui m’est arrivé cette semaine. Y a une jeune fille de 16 ans, donc une ado, une lycéenne, qui m’a appelé, on se connait pas, mais elle voulait parler à un pasteur, elle a cherché sur google, et elle trouvé le site web de notre église où y a un numéro de téléphone pour me joindre. Donc elle m’a appelé pour prendre rendez-vous pour discuter. J’savais pas de quoi. On fixe un jour et une horaire, et elle vient ce jour-là à l’église. Avec 45 minutes d’avance, c’qu’est surprenant dans la région, d’habitude c’est 45 minutes de retard. Bon…

Et là elle commence à me parler. Sa famille est musulmane, pas forcément pratiquante, même pas du tout, en tout cas elle a jamais reçu d’enseignement biblique. Mais dans sa vie, dans ce qu’elle a vu, réfléchi, vécu, discuté, lu parce qu’elle lit beaucoup, avec tout ça elle était pas bien. Elle était pas heureuse, pas satisfaite. Y a un truc qui allait pas. Elle recherchait Dieu, elle voulait trouver ce Dieu bon et juste auquel elle aspirait, mais elle le trouvait pas dans ce qu’elle recevait dans sa famille ou autour d’elle.

Alors elle a commencé à s’intéresser à ce Dieu des chrétiens, ce Jésus Christ. Elle s’est procuré un nouveau testament. Elle l’a lu. Et là elle a trouvé quelque chose de différent. Sans contradiction, sans compromis. Un Dieu bon, rempli d’amour, mais qui ne supporte pas le mal. Qui n’appelle pas au mal. Au contraire un Dieu qui accepte de subir le mal à notre place.

Ça a commencé à travailler son cœur. Et au final, un jour elle est rentrée dans une église, d’elle-même, et elle a prié. Et là elle m’a dit, ça y est, j’ai senti qu’enfin Dieu m’avait trouvé, qu’il était venu me chercher, et que devant sa venue vers moi, je pouvais dire rien d’autre que « oui »… Elle a 16 ans…

Et là j’me suis dit mais elle a tout compris ! Elle était en recherche, mais c’est Dieu qui est venu vers elle. Elle pensait faire une démarche vers Dieu, notamment en rentrant dans une église, mais c’est Dieu qui l’a accueillie. Elle a pas choisi, elle a pas ouvert, mais devant la démarche de Dieu qui vient à sa rencontre et qui l’accueille comme sa fille, elle pouvait QUE dire oui.

Toute la démarche vient de Dieu. Tout est un cadeau. Et ça malgré ses 16 ans, elle l’a bien compris. Il vient vers ses fils et ses filles qui sont perdus pour les retrouver et les accueillir comme ses enfants. Nous on a juste à le vivre. Parce que même si on résiste, même si on se braque, même si on refuse, devant tant d’amour, à un moment, on peut QUE dire oui. Pour ça il faut juste arrêter de dire non, et laisser Dieu nous faire dire OUI.

Le moment des Rameaux, c’est le souvenir d’un accueil triomphal du Christ à son arrivée à Jérusalem. C’est un peuple qui justement attendait que le sauveur vienne vers eux, ils attendent un sauveur qui les délivre de l’envahisseur romain, et ils pensaient que ça serait eux qui l’accueilleraient, qui diraient « bienvenu à celui qui va nous délivrer » ! Et c’est ce qu’ils font ce jour-là. Il accueille le Christ comme celui qui les délivrera de l’oppresseur. Ils le choisissent, ils le reconnaissent, ils le désignent comme tel. Mais ils oublient de laisser Dieu les accueillir comme ses enfants.

Et quand ils verront que justement Jésus n’est pas celui qu’ils voulaient accueillir, qu’il n’est pas celui qui les délivrera des romains, alors ils vont tout simplement le rejeter, l’abandonner et le mettre à mort. Et là encore ils pensent agir sur lui, ils pensent lui « prendre la vie ». Mais on ne peut pas agir sur Dieu, c’est lui qui agit sur nous, qui agit pour nous. Ils n’ont pas pris la vie du Christ, mais c’est encore un cadeau que Dieu fait aux hommes, parce que Jésus nous dit (Jean 10.18) « personne ne peut m’ôter la vie : je la donne de mon propre gré. »

Tous les évènements dont nous souvenons cette semaine, ces évènements des rameaux et de la Pâques, c’est finalement l’histoire d’un accueil raté, biaisé, tordu par l’homme. Un accueil pas si triomphal que ça finalement. Mais c’est surtout et avant tout l’histoire d’un cadeau de Dieu qui vient vers nous pour nous chercher et nous accueillir non pas comme des serviteurs, mais comme des fils, comme des filles, comme des amis.

Et je terminerai par ce passage de Jean chapitre 15 les versets 12 à 16, ces quelques paroles du Christ.

Lecture Jean 15.12-16a.

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