Bonjour à tous. Aujourd’hui pour la prédication, on va faire comme la semaine dernière, on va regarder un des livres les plus courts de la Bible. Dimanche dernier on avait lu le livre d’Abdias. Aujourd’hui on va lire le livre de Philémon.
Et comme la semaine dernière, on va avoir une introduction assez longue pour expliquer le contexte de cette lettre. Sinon, on comprend pas tout.
Ce livre fait partie des épîtres de Paul. C’est une lettre, que l’apôtre Paul écrit au dénommé Philémon. Ce fameux Philémon habite dans la ville de Colosse, et l’Église de Colosse se réunit même dans sa maison. C’est un des responsables de l’Église, et Paul nous parlera un peu dans sa lettre de tout le bien qu’il pense de Philémon.
On sait aussi que c’est Paul qui est à l’origine de la conversion de Philémon. Paul est en quelque sorte son père spirituel. C’est par Paul que Philémon a entendu l’Évangile, qu’il s’est tourné vers le Christ, qu’il a été enseigné, guidé, pour au final devenir un des piliers de l’Église de Colosse.
Ils se connaissent donc très bien, et ils s’aiment énormément.
Philémon est également quelqu’un de riche, vu qu’il a une maison suffisamment grande pour pouvoir accueillir chez lui l’Église de Colosse. Oui on est dans les premières décennies de l’histoire de l’Église, et les communautés chrétiennes ne construisaient pas de bâtiment spécialement pour se réunir, comme notre local par exemple. Ils se réunissaient là où ils le pouvaient. Et si un des membres de la communauté avait une maison suffisamment grande, et bé il pouvait la mettre à la disposition de la communauté.
Philémon est riche, et à l’époque, dans l’Empire Romain, ça veut dire aussi qu’il avait des serviteurs, mais aussi des esclaves. C’était comme ça que fonctionnait l’économie de l’époque, tout était basé sur l’esclavage. Au 1er siècle, en Italie, le cœur de l’Empire Romain, presque 30% de la population était esclave, c’est-à-dire 2 à 3 millions de personnes, juste en Italie. C’est des chiffres astronomiques.
Et il y avait toutes sortes d’esclaves, des esclaves maltraités, qui faisaient des travaux pénibles dans des conditions inhumaines, mais aussi des esclaves de luxe, très cultivés, très recherchés, à qui on confiait parfois les plus hautes responsabilités dans l’Empire.
Et en fait, il y avait tellement d’esclaves pour faire tous les boulots d’absolument toutes les sortes qu’au final, ben c’était très difficile pour une personne libre de trouver du travail. Du coup, pas mal de personnes libres mais pauvres en venaient à devenir esclaves pour dettes impayées, vu qu’ils trouvaient pas de boulot pour payer leurs dettes.
A l’époque toute la société fonctionnait sur la base de l’esclavage.
Philémon vit donc à Colosse, il est riche, il a une grande maison, et il a aussi des esclaves. Et l’un d’eux s’appelle Onésime.
Ce fameux Onésime s’est enfui de chez son maître, Philémon, après semble-t-il lui avoir volé quelque chose. Donc devant la loi romaine, il était très très mal barré. Déjà, il y a vol, et en plus esclave en fuite.
Onésime a donc fui, et il est allé jusqu’à Rome pour trouver refuge auprès de l’apôtre Paul, qui à l’époque était prisonnier dans la capitale de l’Empire.
Paul était prisonnier, mais il était pas dans une prison, avec des barreaux et tout. Il était juste assigné à résidence, sous bonne garde. Il vivait dans une maison, il avait pas toute la liberté de mouvement qu’il voulait, mais les gens pouvaient venir le voir sans soucis, et depuis Rome il a écrit pas mal de lettres aux Églises de l’époque.
Onésime s’est donc rendu jusqu’à Rome pour trouver refuge auprès de Paul, et là, au contact de l’apôtre, Onésime a découvert la Bonne Nouvelle de l’Évangile, il s’est même converti à la foi en Christ, il est devenu un croyant, un chrétien. Et il s’est mis au service de Paul.
Mais il reste un souci. Onésime est un esclave qui s’est enfui de chez son maître. Et Paul ne veut pas que ça reste un problème en suspend. Il renvoie donc Onésime à Colosse, chez son maître, accompagné d’une lettre que Paul écrit à l’attention de Philémon et de l’Église de Colosse.
Et c’est là que nous lisons donc cette lettre que reçoit Philémon, de la part de Paul, lettre qui lui est apportée par son esclave en fuite, Onésime.
Lecture Philémon.
- Une affaire de liberté…
Dans cette lettre, il y a un premier thème qui est très présent. C’est celui de la liberté.
Philémon est le maître d’Onésime, un esclave en fuite et probablement coupable de vol, et il a toute la liberté d’amener son esclave devant la justice.
Onésime est un esclave, il n’a donc normalement aucune liberté en-dehors de celle que lui donne son maître.
Paul est un apôtre du Christ, il a reçu du Seigneur une très grande autorité sur l’Église naissante. Il aurait donc toute la liberté de pouvoir imposer, ordonner, dicter à Philémon ce qu’il doit faire. Et pourtant il est en même temps prisonnier, donc il n’est pas libre de ses mouvements.
Cette lettre nous parle beaucoup de liberté. Certains hommes ont la liberté de faire beaucoup de choses, comme Philémon. D’autres ont à la fois une grande liberté et pourtant ne sont pas totalement libres, comme Paul. D’autres enfin ne sont pas libres du tout, comme Onésime.
La liberté… Si vous allumez la télé, si vous écoutez la radio, si vous lisez les journaux et encore plus si vous vous baladez sur le web, vous verrez que la liberté est devenue LA valeur fondamentale de notre société.
Liberté de manifester, liberté de contester, liberté d’aimer ou non, liberté de vivre comme on l’entend, liberté de s’engager envers quelqu’un ou de rompre cet engagement, et surtout, surtout… Quelle est la liberté dont on parle le plus ces derniers mois ? La liberté d’expression. Liberté de s’exprimer pour la paix, liberté de s’exprimer pour la haine, liberté de bénir ou de blasphémer…
Peu importe, nous sommes libres de le faire, alors on nous encourage à le faire. La liberté est devenue LA valeur centrale qui régit notre société.
Et cette épître de Philémon nous parle des libertés de chacun de ses protagonistes : Philémon est totalement libre vis-à-vis de son esclave, Paul est libre vis-à-vis de Philémon mais pas de la société vu qu’il est prisonnier, et Onésime lui n’est libre de rien.
- … ou une histoire d’amour ?
Et la manière dont cette lettre traite la liberté est tout simplement révolutionnaire. Révolutionnaire à l’époque, mais également j’en suis persuadé à notre époque également.
En effet, Paul parle ici de la liberté qu’il a de dicter sa conduite à Philémon, mais il ne met pas cette liberté en pratique.
Paul parle de la liberté qu’a Philémon d’amener son esclave en fuite devant la justice, mais il lui demande de ne pas la mettre en pratique.
Paul parle aussi du cas d’Onésime, qui n’a aucune liberté, mais il demande à Philémon de le recevoir comme un homme et comme un frère, pas comme un esclave sans liberté aucune.
Et pourquoi ? Au nom de quoi Paul renonce-t-il à sa liberté ? Au nom de quoi demande-t-il à Philémon de renoncer à la sienne ? Au nom de quoi accorde-t-il des libertés à celui qui n’en a pas ?
Et bien Paul nous l’explique lui-même très clairement lorsqu’il dit ceci à Philémon : « Malgré toute la liberté que le Christ me donne de te prescrire ton devoir, je préfère t’adresser cette demande au nom de l’amour ».
En Christ, la valeur suprême n’est pas la liberté. Parce que même notre liberté doit se soumettre à une valeur plus grande encore : l’amour.
Et pourtant, en Christ, nous avons effectivement été libérés ! Nous avons été libérés du poids de notre péché ! Nous avons été libérés de la crainte de la mort, qui est le salaire du péché ! Nous avons été libérés de l’esclavage aux valeurs de ce monde, parce que Dieu lui-même est devenu notre seul Seigneur et notre Père ! Jamais de toute notre vie nous n’avons été aussi libres qu’en Jésus-Christ !
Mais cette liberté, que Dieu nous donne, qui est un cadeau gratuit, qu’on a pas mérité. Cette liberté, Dieu nous demande de la mettre à son service, et de la soumettre à une valeur plus grande encore : l’amour.
Lorsque Dieu nous libère, il ne nous redonne pas tout un tas de lois, de directives à suivre. Mais il nous donne seulement 1 commandement, celui de l’amour, qu’il décline de 2 manières : aime Dieu, et aime ton prochain comme toi-même.
Paul était libre de dicter sa conduite à Philémon, mais par amour il préfère lui demander. Philémon était libre d’amener son esclave devant la justice, mais par amour Paul lui demande de l’accueillir comme un homme, pas comme un esclave, et surtout comme son frère en Christ qu’Onésime est devenu à sa conversion. Onésime n’avait aucune liberté, mais en Christ il a été libéré du péché et de la mort, et par amour pour Philémon il revient chez son maître pour réparer les tors qu’il lui a faits.
Dans notre vie, de quoi sommes-nous libres ? Et bé de plein de choses, on a des centaines, des milliers de lois qui définissent nos libertés.
Nous sommes libres de faire du profit et de profiter de nos richesses, et ces libertés sont bonnes. Mais par amour pour notre prochain, est-ce que nous acceptons de renoncer à cette liberté pour partager, pour venir en aide à ceux qui en ont besoin ?
Nous sommes libres de rejeter de notre pays ceux qui y viendraient de manière illégale. Mais par amour, sommes-nous prêts à renoncer à cette liberté pour accueillir ?
Nous sommes libres de critiquer, juger les autres qu’ils soient chrétiens ou non, ou même de blasphémer leurs croyances. Mais par amour, sommes-nous prêts à respecter les avis qui ne sont pas les nôtres sans pour autant y adhérer ?
Nous sommes libres de parler, mais par amour sommes-nous prêts à écouter ?
En revanche nous ne sommes pas libres de partager notre foi partout autour de nous. Nous n’avons pas la liberté de témoigner du Christ en France dans l’espace public. Mais par amour pour tous ceux qui n’ont pas été libérés par le Christ, par amour pour tous ceux qui ont besoin d’entendre sa Bonne Nouvelle, parce que leur vie jusque dans l’éternité en dépend, est-ce que nous sommes prêts à témoigner, quand bien même ça peut parfois être inconfortable ?
Quelle est la devise de notre pays ? Liberté, égalité, fraternité. Et bien regardez autour de vous. Nos concitoyens clament haut et fort leur liberté, ils recherchent aussi ardemment l’égalité, surtout celle qui leur ferait avoir ce que l’autre a et que eux n’ont pas. Mais y a pas grand monde qui se préoccupe de la fraternité, qu’on peut tout simplement traduire par l’amour de l’autre.
Et bien pour nous ça doit être différent. Parce que notre liberté c’est Dieu qui nous la donne, gratuitement, par le sacrifice de son Fils pour nous. On a pas besoin de la rechercher, ou de la revendiquer, nous l’avons pleinement en Jésus-Christ.
Notre égalité, ici, dans l’Église, entre nous, c’est également Dieu qui nous la donne, gratuitement, parce qu’il a fait de nous tous ses enfants. Dieu adopte de manière totalement identique tous ceux qui croient en Jésus-Christ. Il devient leur Père, et nous sommes sa famille, tous égaux devant lui. On n’a pas besoin d’essayer de ressembler à celui qui est assis à côté de nous, ou d’avoir tout ce qu’il possède. Nous sommes déjà tous égaux devant Dieu. Nous sommes tous ses fils et ses filles.
Et notre fraternité ? Et bien c’est également lui qui nous la donne en faisant de nous des frères et des sœurs du Christ. Mais à la différence de la liberté et de l’égalité, qui ne dépendent que de Dieu, il nous ordonne de prendre soin de notre fraternité. Et pas qu’entre nous. Dieu exige que la valeur suprême qui dirige notre vie et nos choix soit l’amour. L’amour de Dieu et l’amour de l’autre.
S’il devait y avoir une devise chrétienne, ça serait pas « liberté, égalité, fraternité ». Ça se résumerait en un seul mot : « Aimer ».
Et j’aimerais de tout mon cœur que, si l’apôtre Paul devait écrire une lettre à notre sujet, au sujet de notre Église, il puisse dire la même chose qu’il dit de Philémon. J’aimerais qu’il puisse écrire : « Toi, Église Évangélique Libre de Cannes, je ne cesse d’exprimer ma reconnaissance à Dieu lorsque je fais mention de toi dans mes prières, car j’entends parler de l’amour et de la confiance que tu as envers le Seigneur Jésus et envers tous ceux qui lui appartiennent. Je demande à Dieu que la solidarité qui nous unit à cause de ta foi se traduise en actes et qu’ainsi tout le bien que nous t’aurons amené à faire pour le Christ soit rendu manifeste. Car j’ai éprouvé une grande joie et un grand encouragement en apprenant comment tu mets ton amour en pratique. »
Que le Seigneur nous guide, et que nous puissions nous laisser diriger par lui pour que ce témoignage fait au sujet de Philémon puisse également l’être à notre sujet.
Amen.
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