Bonjour à tous. Aujourd’hui, le temps de prédication sera un peu particulier, parce qu’il va se dérouler en 2 temps. En effet, nous avons le plaisir d’accueillir ce matin Mouna, missionnaire engagée avec ASER, que notre église suit et soutien régulièrement. Et Mouna va débuter ce temps de prédication par nous donner des nouvelles et témoigner de l’évolution de son ministère, puis sur la base de son témoignage je viendrai ensuite apporter une exhortation reposant sur un passage de l’apôtre Paul, qui sera donc bien plus courte qu’habituellement.
Mais pour l’instant je vais donc laisser la place à Mouna.
Merci beaucoup Mouna. Et pour venir rebondir sur ce qui a été partagé, j’aimerais que nous lisions ensemble un court texte dans l’épitre de Paul aux Philippiens, au chapitre 1, les versets 21 à 25.
Lecture Philippiens 1.21-25.
Lorsque Paul écrit ces quelques lignes, il est dans une situation très compliquée. Cela fait déjà de très nombreuses années qu’il parcourt sans relâche tout l’empire romain pour annoncer l’évangile, pour implanter des églises, pour former des responsables d’église et des enseignants. Il a effectué 3 longs voyages missionnaires. Il a souffert de la persécution, il a été emprisonné plusieurs fois, il a subi le fouet, la lapidation, il a vécu des naufrages en bateau, il a connu le pire comme le meilleur durant sa mission pour le Seigneur. Puis il a été arrêté une nouvelle fois parce que les juifs de l’époque l’accusaient de troubler l’ordre public par son témoignage. Il a donc été arrêté par les romains et conduit à Rome pour répondre de ces accusations devant la justice de l’empereur, parce que Paul été citoyen romains de par son père.
Paul est donc à Rome, prisonnier mais pas en cellule, il est simplement assigné à résidence et sous bonne garde. Et depuis la capitale de l’empire il écrit plusieurs lettres à différentes églises. Et notamment cette lettre destinée aux chrétiens de la ville de Philippe, en Macédoine. C’est au nord de la Grèce actuelle.
Paul écrit une lettre aux philippiens et il leur parle notamment de sa captivité. Paul est fatigué de tout ça. Et après tout ce qu’il a vécu, tout ce qu’il a subi durant les années passées ça se comprend. Il a œuvré sans cesse, il n’a jamais baissé les bras malgré les difficultés, il en a fait plus qu’aucun autre disciple du Christ de son époque. Et il aimerait qu’enfin ça se termine. Qu’enfin le Seigneur le rappelle à lui et qu’il puisse goûter au repos d’une vie éternelle auprès de son Sauveur.
« Pour moi, en effet, la vie, c’est le Christ, et la mort est un gain (…) J’ai le désir de quitter cette vie pour être avec le Christ, car c’est, de loin, le meilleur. »
Après une vie de lutte et d’efforts pour l’annonce de l’évangile, Paul désire enfin goûter à la récompense, à cette vie éternelle promise par le Christ. Depuis sa conversion, Paul a toujours œuvré pour le bien des autres, sans hésiter, sans rechigner, maintenant il souhaite connaître le bien pour lui-même.
Dans la vie chrétienne, on parle volontiers du choix entre le bien et le mal, entre la volonté de Dieu et ce que Dieu ne désire pas. Mais ce choix entre le bien et le mal, cette dichotomie très nette ne ressemble pas vraiment au quotidien de la vie humaine.
Bien souvent dans ma vie je n’ai pas à choisir entre le bien et le mal, mais entre le bien pour l’autre et le bien pour moi. J’ai le choix entre un bien et un bien. Il n’y a que le bénéficiaire de ce bien qui change. L’autre, ou moi. Il n’est pas question ici de mal. Il n’est question que de bien. Mais alors, dans ce cas, quel bien choisir ?
C’est le choix qui se pose à Paul au moment de sa captivité. Il est tiraillé. Il souhaite de tout son cœur le bien pour lui-même, en terminer avec cette vie de lutte et de souffrance pour enfin rejoindre son créateur dans une paix et une joie éternelle. Ca serait merveilleux pour Paul. Mais d’un autre côté il y a le bien des autres. Le bien de tous ceux auxquels Paul n’a pas encore annoncé l’évangile. Le bien de tous ceux qu’il pourrait encore aider à grandir dans la foi. Le bien de toutes les églises qu’il peut encore guider, exhorter, enseigner.
« Si je continue à vivre dans ce monde, alors je pourrai encore porter du fruit par mon activité », nous dit Paul au verset 22. Et il ajoute « Je ne sais que choisir. Je suis tiraillé de deux côtés ».
Parfois dans notre vie, il n’est pas forcément question de mal. Mais nous pouvons avoir le choix entre le bien pour les autres et le bien pour nous-mêmes. Alors que choisir ?
En préparant cette prédication, j’ai repensé à un personnage d’un livre très célèbre d’héroic fantasy. Ce personnage s’appelle Albus Dumbeldore. C’est un grand sage que l’on trouve dans la saga Harry Potter. Et à un moment donné du récit, il discerne que des temps très sombres, très durs sont à venir. Alors il met en garde ses contemporains en leur disant ces quelques mots : « bientôt, nous aurons tous à choisir entre le bien et la facilité ».
Et je trouve que c’est une distinction qui décrit très bien la situation de l’apôtre Paul, mais également notre vie au quotidien. Paul nous dit qu’il « désire quitter cette vie pour être avec le Christ, car c’est, de loin, le meilleur », pour lui-même. C’est le plus simple, la facilité, le bien pour lui-même.
Mais il reconnait également qu’ « il est plus nécessaire que je demeure dans ce monde à cause de vous (…) pour contribuer à votre progrès et à votre joie dans la foi ». C’est le plus difficile, le bien pour les autres.
Et Paul sait au fond de lui-même lequel parmi ces deux biens est le bien par excellence. C’est le bien pour les autres. L’autre bien n’est pas mauvais, mais ce n’est qu’une facilité. Et l’apôtre affirme alors « Je sais donc que je resterai et que je demeurerai parmi vous ».
Combien de fois, dans notre vie, s’est posé ce choix : le bien pour moi-même, ou le bien pour l’autre ? Et notre penchant humain naturel nous pousse à rechercher avant tout le bien pour nous-mêmes. Ce qui n’est pas mauvais en soi. Paul affirme même dans sa situation que « c’est, de loin, le meilleur ».
Mais il nous enseigne, par ce texte et par son exemple de vie, que ce qui est plus nécessaire encore, ce qui est le bien par excellence, c’est le bien pour l’autre.
Le choix entre le bien, et la facilité. Ce choix peut-être dur à faire dans une situation difficile, extrême, comme par exemple celle de Paul à son époque, ou bien celle des missionnaires actuels, comme Mouna, qui sont confrontés à la misère, la corruption, la violence… On aimerait que tout ça s’arrête, et rechercher le bien pour soi.
Mais dans une situation plus confortable, plus simple, comme par exemple dans notre pays, où les aides sociales sont sensées donner à chacun de quoi vivre et de quoi être soigné. Un pays où nous ne croisons pas forcément une misère profonde à tous les coins de rue. Un pays où tout semble plus paisible, plus facile. Ce choix entre le bien et la facilité est beaucoup plus insidieux. Et nous savons vers quel choix nous pousse notre monde, et vers quel choix nous pousse notre Dieu.
Que ce soit dans quelques minutes, dans quelques heures, ou dans quelques jours, que ce soit pour quelque chose de vital ou de très banal, nous aurons tous le choix, à de très nombreuses rerprises, entre le bien pour nous-mêmes et le bien pour l’autre, entre le bien par excellence et la facilité.
Alors que le Seigneur nous guide pour discerner sa volonté dans tous les aspects de notre vie. Amen.
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