Nous continuons ce matin, notre série de prédications sur la lettre que l’apôtre Paul écrit au chrétiens qui sont à Colosses dans les années 60 du 1er siècle alors qu’il est en prison à Rome. Nous avons parlé la semaine dernière des bonne nouvelles qui peuvent venir d’une Eglise au sujet de la foi, l’amour et les progrès de l’Evangile. Ce sont de bonnes nouvelles qui pourraient venir de chez nous aussi. Quelqu’un m’a écrit dimanche après midi pour me dire dire qu’il avait bien retenu les bonnes nouvelles et que cela formait l’acronyme FAPE.
Après les bonne nouvelles vient la prière : « Aussi, depuis le jour où nous avons entendu parler de vous, nous aussi, nous ne cessons de prier Dieu pour vous. » Après les bonnes nouvelles la prière, mais la prière pour quoi ? On sait que la prière est centrale dans la vie chrétienne,,- un incontournable de notre relation avec Dieu, mais elle pose quand même un certain nombre de questions: des questions théologiques, psychologiques, pratiques, mais aujourd’hui on va s’attarder sur la question du contenu. Pour quoi (en deux mots) prier ? Que peut-on réellement demander ? On sait que demander une Ferrari n’est peut être pas une bonne idée, mais qu’en est-il de prier pour qu’on réussisse ses examens, ou qu’il fasse beau le jour de son mariage, qu’on trouve la femme de sa vie sur Internet ?
Loin de moi l’idée ou l’envie de vous faire la leçon. Chacun est libre de prier comme il le veut, la prière est avant tout un dialogue avec Dieu. Alexandre Vinet l’appelle la « respiration de l’âme ». On ne donne pas de directives pour respirer surtout pour l’âme qui est par définition tellement personnelle et intérieure.
Mais il y a dans la Bible des prières qui peuvent quand même nous inspirer. On connaît le notre Père de Jésus mais Paul, l’apôtre Paul peut lui aussi nous inspirer dans notre vie de prière, alors qu’il prie pour ses amis de Colosses, cette petite Eglise, implanté par Epaphras, qui est venu jusqu’à Rome pour apporter des nouvelles et un peu de finances. Cette prière de Paul pour les Colossiens pourraient être aussi ma prière pour toi, mon ami, pour vous les Cannois et assimilés, mais aussi votre prière pour moi, je l’espère du moins, cela pourrait être ma prière pour mes enfants, votre prière pour votre conjoint, votre ami, votre voisin … notre prière les uns pour les autres.
Qu’est-ce qui semble important à Paul dans la vie des Colossiens pour qu’il en fasse un sujet de prière constant ? Je ne cesse de prier pour vous.
Pour la vision spirituelle (v9) renouvelée
Le premier de ces sujets se trouve au v.9 : « Nous lui demandons qu’il vous fasse connaître pleinement sa volonté, en vous donnant, par le Saint-Esprit, une entière sagesse et un parfait discernement. »
Paul prie tout simplement pour que les amis chrétiens sachent ce que Dieu veut. Qu’ils puissent développer dans leur vie le sens de la volonté de Dieu. Paul prie pour que les chrétiens de Colosses aient une vision spirituelle renouvelée
Vous vous souvenez de la campagne publicitaire dans les années 70 : « Au volant la vue c’est la vie. » Dans la course de la vie chrétienne, il semble que cela soit au moins également important de bien voir. Parce que sans cette vision ou connaissance, mon ami usager de la route de la vie se trouve complètement perdu dans ce monde si complexe, qui propose des choix multiples à chaque coin de rue.
Illustration : Comme dans les sports collectifs et le rugby notamment, si tu n’es pas au courant de la combinaison à venir, tu as beau courir dans tous les sens, il ne se passera rien sinon la défaite. L’équipe de France en a fait l’amère expérience contre la perfide et très bien organisée Angleterre qui a déroulé son rugby alors que nous balbutions le nôtre par manque de vision de jeu.
On peut se démener dans la vie, mais si on ne sait pas ce que Dieu veut, on va se perdre dans des voies de garage. « Ils ont du zèle, » dit Paul aux Romains (10:2) « mais sans connaissance », sans vision du jeu. La prière de Paul est donc tout à fait pertinente pour nous. Elle touche à un point névralgique ou stratégique de notre vie et de celle de notre ami. Connaitre la volonté de Dieu.
Il s’agit pour nous de mettre la connaissance de la volonté de Dieu comme une priorité dans la vie et dans nos prières pour les autres. Et à l’exemple de Paul, nous pourrions prier pour que nos amis, nos enfants, notre conjoint soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu. Au lieu peut-être de décider à leur place quelle serait pour eux la volonté de Dieu, ou d’imposer notre volonté ou de les manipuler pour qu’ils fassent ce que l’on a envie qu’il fassent, prions les uns pour les autres pour que nous soyons tous remplis de la connaissance de sa volonté, et qu’ainsi chacun fasse ses choix et prennent les décisions qu’il doit prendre devant Dieu.
Quand j’étais jeune, j’ai acheté un livre qui s’intitule : « A la découverte de la volonté de Dieu ». Ce livre est très bien, mais le titre semble suggérer que la volonté de Dieu serait cachée, comme si Dieu jouait avec sa volonté et nous une partie de cache-cache, ou alors un jeu de piste avec des énigmes et des fausses pistes, où le but du jeu serait de nous perdre. Non, Dieu est bon et il veut qu’aucun de ses enfants ne se perde. Sa volonté nous dit la Parole est « bonne agréable et parfaite ». Pourquoi jouerai-t-il à nous la cacher ? Dieu aime la communiquer, car il désire plus que tout nous voir la suivre. Marcher selon sa volonté est donc tout à fait à notre portée. Dieu révèle sa volonté.
D’abord dans sa parole, la Bible, la volonté révélée de Dieu. Et le texte de Colossiens nous parle « d’être rempli de la connaissance de la volonté de Dieu » qui suggère fortement que nous ne sommes pas une fois pour toutes illuminés à la conversion, mais que nous devons sans cesse être remplis, toujours en train d’être remplis. On pourrait penser au verbe « s’imprégner » pour rendre compte du phénomène, une imprégnation continue de la Parole et du Saint Esprit qui se saisit de la Parole et qui l’imprime dans notre cœur et qui fait forte impression.
Etre imprégné de la Parole de Dieu dans toute sa richesse et sa diversité pour que devant la multitude des choix de la vie nous sachions que faire, que nous comprenions l’esprit du jeu pour reprendre une expression rugbystique, pour « être dans l’esprit du jeu », être imprégnée de cette parole vivante pour pouvoir jouer dans l’Esprit.
Nous avons parfois du mal à lire la Bible. Ce n’est un scoop pour personne. Ne serait-ce pas un stimulant supplémentaire à la lecture personnelle que de savoir qu’en y plongeant les regards nous pouvons connaître la volonté de Dieu pour notre vie ?
Et ensuite quand il s’agit de choisir entre devenir motard ou PDG, s’il faut prendre l’option MPi ou SES ou STI (comprenne qui pourra), s’il faut dormir la barbe au dessus des draps ou en dessous comme le Capitaine Haddock. Pour ces questions un seul principe : liberté. Car la recherche de la volonté de Dieu n’exclut pas la liberté de choix, cette liberté qu’un Père veut donner à son enfant devenu grand. Et nous sommes des grands quand nous usons de cette liberté pour faire des choix et prendre des décisions en toute sagesse et intelligence spirituelle. Un renouvellement de notre vision spirituelle, premier sujet de prière.
Pour la vitalité spirituelle retrouvée (v10)
La 2ème sujet pour lequel Paul prie apparaît au v.10. L’impression que donne ce verset est celle d’une activité tous azimuts : marcher dignement, plaire en tous points de vue, porter du fruit par toutes sortes de bonnes oeuvres, croître dans la connaissance de Dieu. Quelle vitalité ! Paul prie pour la vie et j’ai intitulé ce deuxième point : la vitalité spirituelle retrouvée. Un deuxième V. après Vision spirituelle la vitalité spirituelle.
Voilà un sujet de prière important peut-être même urgent : de prier pour la vitalité spirituelle des uns et des autres. Pour que nous puissions comme le disait un marchand d’eau de source « Retrouvez la vitalité qui est en vous. »
Alors en pourrait passer en revue toutes les expressions de cette vitalité, mais je voudrais m’attacher à une des expressions dans la deuxième partie de la première phrase qui dit littéralement : « Marcher dignement dans le Seigneur en vue de tout sujet de plaisir », sous-entendu du plaisir de Dieu. Une autre version dit : « Cherchez en toutes choses le plaisir de Dieu. »
Il semble donc que cette vitalité spirituelle passe d’une manière ou d’une autre par la recherche du plaisir de Dieu.
Hénoc, ce héros de la foi qui est repris dans la liste de Hêbreux 11, est monté au ciel sans passer par la mort et il nous est dit « qu’il avait reçu le témoignage qu’il plaisait à Dieu ». Je ne sais pas comment tout cela s’est passé, mais une chose est sûre, Hénoc était vivant parce qu’il plaisait à Dieu. Le plaisir de Dieu est une source de vitalité
Mais alors se pose la question, comment plaire à Dieu ?
J’imagine qu’il y a bien des façons de plaire à Dieu et même des manières que je n’imagine pas, mais je pensais à la relation père/enfant que Dieu veut avoir avec nous.
Illustration : Quand mes enfants disent « je t’aime », je ressens évidemment un très grand grand plaisir. Mais il est un autre plaisir pour les parents encore plus intense, quand les enfants deviennent un peu plus grands de pouvoir discuter avec eux et surtout de voir que malgré les petites révoltes, les faux-pas, ses enfants mettent en pratique les principes enseignés longuement et patiemment par les parents. C’est parfois surprenant d’entendre de la bouche de ses enfants des phrases qu’on leur a dites souvent. Quand un petit bout de 7 ou 8 ans vous dit : « Papa moi, je pense que l’honnêteté est très importante. » « Tu l’as dit mon fils » Quel plaisir ! Et quand non seulement il le dit, mais il le montre dans sa vie, c’est l’extase.
On peut penser que Dieu prenne plaisir aux mêmes choses ? Il prend plaisir dans la communion de ses enfants avec lui. Il prend plaisir à les voir s’épanouir, à les voir grandir et s’équilibrer dans la vie. Prendre le large avec lui, prendre des risques pour lui, à les voir être simplement des hommes et des femmes devant lui. Dieu prend aussi plaisir à leur obéissance, pas une obéissance servile mais une obéissance dans la confiance et sous la grâce et dans la liberté de l’esprit, mais une obéissance quand même.
Oui, comme un père, Dieu prend plaisir à l’obéissance de ses enfants ! Comme le roi lion et le lionceau. L’être humain normalement constitué passe son temps dans la vie à essayer de plaire à tout le monde. Même si une émission à la TV nous rappelait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, il semble que le souci d’une grande partie de la population de la planète est d’essayer de plaire à tous, ou du moins de plaire à ces quelques-uns qui pourraient nous aider à nous sentir bien, ou qui pourrait favoriser notre ascension professionnelle et sociale. Nous avons des tas de bonnes raisons pour essayer de plaire à un grand nombre de personnes, tout simplement pour être tranquille et ne pas faire de vagues, ou pour qu’ils nous renvoient une image positive de nous-mêmes, ce qui est toujours bon à prendre.
Et c’est une recherche tellement naturelle, qu’on a presque rien à dire, mais en même temps on en perçoit souvent tous les risques. Alors qu’on se trouve en plein effort de séduction pour plaire à tout le monde, on pressent la fadeur ou la sécheresse d’une vie qui n’aurait que cela comme objectif.
En pleine opération séduction, on mesure tout le vide d’une vie où l’on chercherait à plaire à tout le monde sauf à Dieu. Qui voudrait de cette vie là ?
Alors je ne sais pas très bien comment changer ces réflexes, comment arriver à penser au plaisir de Dieu dans sa vie. J’imagine que le Saint Esprit à sa part de travail à accomplir dans notre intérieur. Mais pour nous et pour le moment, il s’agit de prier pour que chacun puisse retrouver la vitalité qui est en Dieu, dans la recherche de son plaisir en nous. Voilà un beau sujet de prière.
Voilà nos deux sujets de prière : la vision renouvelée et la vitalité retrouvée.
Pour conclure voudrais simplement vous faire remarquer un dernier point important dans cette prière. Au verset 11 : « C’est Dieu qui fortifie pleinement ! » Littéralement, Paul prie pour que les Colossiens soient« puissantisés en toute puissance ». C’est le mot dynamisé qui a donné dynamique ou dynamite. Puissantisés en toute puissance et on ajoute « à la mesure de la puissance glorieuse de Dieu ». Cette puissance vient de Dieu. Il s’agit de la puissance de sa résurrection. Cette même puissance qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et qui a vaincu la mort est disponible en Jésus-Christ. C’est une puissance de vie.
Et non seulement cette puissance vient de Dieu, de sa puissance, elle est « à la mesure de sa puissance glorieuse » ou « selon » sa force glorieuse Quelqu’un faisait remarquer que lorsqu’un milliardaire donne de sa richesse cela peut-être très peu, mais quand il donne selon sa richesse, c’est toujours beaucoup. Dieu donne de la puissance selon sa force. Cette puissance de vie qu’il nous donne est donc quelque chose d’énorme. Mais paradoxalement, on remarque le contraste entre toute cette puissance, toute cette énergie transmises et le résultat : « en vue d’une persévérance et une patience à toute épreuve ». Il y a un contraste saisissant. On a parlé de dynamisme et d’énergie, on parle maintenant de persévérance et de patience qui ne sont pas des vertus explosives.
Selon leur définition, la persévérance est le refus d’abandonner la course parce quelle serait trop longue ou trop difficile. La patience est la capacité à endurer les afflictions sans se plaindre. Ces deux qualités sont des lieux de manifestation de la puissance de Dieu.
Et il est possible d’accrocher le mot « « joie » du verset 12 (comme le fait le Semeur) à nos deux mots du verset 11. La puissance de Dieu serait manifeste dans la persévérance et patience vécues toutes deux dans la joie. Ça c’est puisant, ça c’est fort.
Et donc quoi qu’en disent certains qui ont fait de la puissance leur fond de commerce spirituel, cette dynamique de Dieu ne se manifeste pas dans des choses toujours extraordinaires ou spectaculaires. Elle le fait et on peut s’attendre aussi à ce que Dieu accomplisse encore des prodiges aujourd’hui dans sa grande liberté d’agir, mais il faut se souvenir aussi que sa puissance se manifeste également dans les choses simples d’une vie de service : la persévérance et la patience joyeuse. Une puissance qui se manifeste dans notre fragilité, comme le rappelle notre magazine du Riou.
C’est en plein coeur de la vie et de la vie chrétienne normale que la puissance de Dieu se manifeste au travers d’hommes et de femmes qui tiennent le coup, qui persévèrent et qui patientent activement en attendant l’héritage des saints dans la lumière, 12b.
Je termine enfin en rappelant les deux sujets de prières :
- une vision spirituelle renouvelée, par la recherche de la volonté de Dieu.
- une vitalité retrouvée par la recherche du plaisir de Dieu,
- le tout dans la puissance de Dieu pour vivre la persévérance et la patience dans sa vie.
J’avais comme une idée : et si nous nous mettions à prier ?