Nous sommes à la fin de la série de prédications sur la lettre que Paul a écrite aux Chrétiens de la bonne ville de Colosses dans les années 60 du premier siècle. Vous le voyez sur l’écran les 10 épisodes de cette série bientôt sur Netflix !
En cette fin de lettres quoi de plus normal que d’en arriver aux salutations et quand on arrive à ces salutations, nous devons résister à la tentation de les escamoter comme si elles ne présentaient aucun intérêt. Mais ce matin nous résistons ensemble à cette tentation, persuadés qu’elles peuvent être une source d’enrichissement. Voyez-vous, il me semble que ces salutations avec des noms de personnes ayant existé donnent en quelque sorte de la chair aux lettres de Paul. Elles signalent qu’il y a bien des personnes autour de Paul. Pas juste des principes théologiques ou des vérités bibliques désincarnées. Il y a des gens. Et pas n’importe lesquels, des gens comme… vous et moi.
Vous savez que dans le livre des Actes des apôtres et dans les épîtres, on dénombre plus d’une centaine de personnes liées à Paul. Paul n’est pas un franc-tireur isolé. Il travaillait en équipe, il avait une famille. Paul était très people en fait. Et il donne des noms, qui sont connus de Paul et de Dieu, des personnes connues et reconnues. Et ce matin je vous propose de tirer un petit portrait de famille.
Ce qui est intéressant dans ces portraits de famille c’est d’essayer de s’y reconnaître. Et je vous propose pendant le tirage de vous poser quelques questions : Tiens où suis-je sur la photo ou qui suis-je sur la photo…à qui pourrais-je bien ressembler ? C’est là que réside tout l’intérêt dans un portrait de famille, dans cet exercice d’identification. Se tirer le portrait en quelque sorte.
Tychique
Le premier à apparaître se nomme Tychique. Outre son très joli nom, c’est un homme très précieux comme on peut le lire aux versets 7 et 8 « Tychique, notre cher ami et notre frère, qui est un serviteur fidèle et notre collaborateur dans l’œuvre du Seigneur, vous mettra au courant de tout ce qui me concerne. Je l’envoie exprès chez vous pour qu’il vous donne de mes nouvelles et qu’ainsi il vous encourage. »
Sur la photo il est peut-être accroupi aux pieds de Paul, juste devant lui, sous la main de Paul, juste sous la main. Paul l’a sous la main. Nous l’avons appelé l’homme de main. Son nom apparaît 5 fois dans le Nouveau Testament et à chaque fois en relation avec Paul. Il est attaché à Paul. Il semble être au service rapproché de Paul. Mais pourtant Paul précise bien que Tychique est avant tout un compagnon de service du Seigneur. Il est au service de Jésus avec Paul. L’homme du coup de main
Ce qui est surprenant avec Tychique c’est de voir que par trois fois (sur les 5 apparitions tychiquiennes) son nom revient avec le verbe envoyer.
Il l’envoie en Crète (Tite 3 :12) Il l’envoie à Ephèse (II Tim 4 :12) Et ici dans Colossiens « je vous l’envoie tout exprès. » (Col 4 :8). Il semble bien que Tychique soit toujours en train d’être envoyé, un peu comme un colis de Chronopost. Mais lui est envoyé pour des missions sur le terrain. Parfois des missions délicates comme celle de ramener la collecte rassemblée par les Eglises d’origine païenne à destination de l’Eglise d’origine juive de Jérusalem. Une mission délicate car cette collecte doit servir à l’unité de l’Eglise, mais cela peut faire le contraire. C’est Tychique qui est envoyé, c’est lui qui porte aussi les lettres, il est, nous l’avons dit, l’homme de main mais aussi l’homme de confiance.
Quelqu’un a dit de Tychique qu’il « possédait la plus grande qualité dans le monde : la dépendabilité. » Ne cherchez pas ! Il s’agit d’une traduction très libre mais qui signifie simplement que l’on pouvait compter sur lui. Paul en l’occurrence pouvait dépendre de Tychique pour que la mission soit remplie, que le service soit rendu, que le travail soit fait. Tychique n’était pas expendable mais bien dépendable, on pouvait compter sur lui.
Cela ne serait-il pas une qualité dont nos familles, nos couples, nos communautés, notre Eglise aurait besoin ? De pouvoir compter parmi nous des gens dépendables ? Oui c’est certain on a besoin de gens comme cela, mais est-ce que je le suis pour les autres ? Et Paul abonde d’adjectifs pour Tychique « mon cher ami, fidèle serviteur, compagnon de service ». J’aurais bien aimé être à la place de Tychique qui va à Colosses et qui donne aux Colossiens cette lettre où Paul parle de lui en termes élogieux. J’aurais dit aux Colossiens « allez directement au chapitre 4 il y a un bon passage, en particulier les versets 7 et 8. » Oui, j’aurais fait cela. Mais suis-je Tychique sur la photo ? Quelqu’un sur qui l’on peut compter ?
Onésime
La deuxième personne qui apparaît dans ce portrait de famille s’appelle Onésime. Il est avec Paul et Tychique à Rome, comme le dit le texte, Paul le renvoie à Colosses : v. 9 « J’envoie avec lui Onésime, notre cher et fidèle frère, qui est l’un des vôtres. » Et Paul semble insister sur le fait qu’il appartient à la famille de l’Eglise de Colosses parce qu’Onésime effectivement revient de loin. Géographiquement mais aussi socialement et spirituellement ! Onésime est un miraculé !
Il faut se souvenir qu’Onésime est un esclave en fuite qui appartenait à la maison de Philémon, un chrétien de l’Eglise de Colosses. Et quand on s’enfuit de chez son maître, on prend des risques énormes. Esclave était déjà une position difficile mais esclave en fuite le mettait tout de suite hors la loi, la loi romaine qui n’avait pas l’habitude d’être tendre avec la marchandise.
J’ai appelé Onésime, l’homme au passé chargé. Il en a fait dans sa vie ! Mais à Rome, cet homme rencontre un autre homme également au passé chargé, il rencontre Paul, qui lui parle de Jésus et Onésime accueille le libérateur dans sa vie. Ça a dû être une conversion émouvante et dans la lettre à Philémon, Paul utilise pour Onésime un grand nombre d’expressions touchantes « c’est un fidèle, un bien aimé, mon enfant… » il a un passé chargé, il s’est mis hors la loi mais c’est un bien aimé, je vous l’envoie…
Si Paul en parle avec tant de chaleur, c’est peut-être parce que cet Onésime représente tout ce que Paul prêche sur toutes les terres de l’empire romain : à savoir l’Evangile, la grâce de Dieu en Jésus-Christ, qui prend sur lui tous les passés chargés des gens et qui le jette derrière son dos et qui l’accueille dans son amour. La grâce qui pardonne, qui restaure qui transforme et Onésime en est l’illustration parfaite. Et j’ai l’impression que Paul l’aime bien son Onésime justement pour cela parce qu’il illustre parfaitement une parole qu’il a écrite quelques années auparavant (II Cor 5 :17) NBS « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. Ce qui est ancien est passé : il y a là du nouveau. »
Dans cet homme-là, il y a du nouveau, parce que le passé c’est le passé et la grâce a fait son œuvre. Onésime doit certainement apprendre à comprendre sa nouvelle identité en Christ, une création nouvelle ce n’est pas toujours facile à vivre, mais les autres aussi doivent accepter cette nouveauté dans la vie d’Onésime. Philémon en particulier doit se tenir prêt à accueillir cet Onésime nouveau. « Il est un des vôtres » il est des nôtres parce qu’avec des relations renouvelées, parce que la grâce de Dieu est passée par là…
Suis-je un genre d’Onésime sur le portrait de famille ? Qui se cache un peu sur la photo parce qu’il n’a pas envie qu’on le voie trop quand même, on ne sait jamais s’il y avait quelqu’un qui tombait sur ce document ? RG, DST, CIA DGSE.
Onésime : quelqu’un qui revient de loin, au passé chargé ou qui a fait quelques détours dans sa vie, c’est un peu tout le monde n’est-ce pas ? Certains plus que d’autres certainement. Mais le seigneur vous accueille, et si vous êtes accueillis par Christ alors la communauté des chrétiens vous accueille aussi.
Aristarque
Aristarque lui vient de Thessalonique (Macédoine) et lui aussi est loin de chez lui, puisqu’il est à Rome avec Paul, où il reçoit le titre suprême de « compagnon de captivité » le codétenu : v.9 « Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue… »
Aristarque c’est un peu le contraire du parfait business man qui comme chacun sait est toujours la bonne personne, au bon endroit, au bon moment. Aristarque semble toujours se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment.
Quand à Ephèse, quelques années avant, les commerçants de la ville créent une émeute pour chasser Paul de la ville (parce qu’il mettait en péril leurs commerces) c’est lui Aristarque qui se fait arrêter à la place de Paul et qui se fait probablement molester (Actes 19). Quand Paul prisonnier part pour Rome, Aristarque part avec lui, et quand le navire passe par une énorme tempête et fait naufrage, Aristarque est là, à boire la tasse avec Paul (Actes 27). Et quand Paul fait de la prison, Aristarque fait aussi de la prison. Son seul crime étant d’être l’ami de Paul. J’ai appelé cet Aristarque : l’homme de tous les temps, l’ami de tous temps. Il est l’homme de toutes les intempéries, des toutes les saisons, de tous les tempêtes.
Il y a un dicton qui n’est pas dans la bible : « quand le navire coule, les rats quittent le navire. » Aristarque lui reste, parce qu’il n’est pas un rat, c’est un ami, c’est un frère et sa loyauté, sa fidélité, son amitié se rient des circonstances. Il est d’une solidarité extraordinaire. Et ce qui est admirable chez cet Aristarque, c’est qu’il est volontaire. Rien ne l’oblige à accompagner Paul et à subir toutes ces tempêtes, mais il a choisi de le faire. Pour rester en prison avec Paul, il a dû se déclarer prisonnier ou se faire passer pour le serviteur de Paul. Il a choisi d’être présent au mauvais moment au mauvais endroit.
Et je crois que Paul lui en était reconnaissant. On peut s’appeler Paul, posséder une détermination hors du commun, il est bon d’avoir quelqu’un qui porte avec soi les fardeaux, pas de loin, pas à distance, mais en vivant le quotidien à proximité.
Le Royaume de Dieu, l’Eglise de Jésus-Christ, a besoin de gens comme Aristarque, des personnes qui seraient prêtes à abandonner une partie de leur liberté personnelle pour le service de Dieu. J’imagine que sur le portrait de famille, Aristarque a perdu quelques kilos, il semble un peu fatigué, le temps a fait son œuvre mais il arbore un sourire jusqu’aux oreilles. L’homme de tous les temps… Ce pourrait-il que je ressemble à Aristarque sur la photo ?
On va laisser JUSTUS dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il s’appelle Jésus mais pour ne pas confondre on l’a appelé Justus, il est l’homme qui s’efface un peu, l’homme de l’ombre et on va le laisser…mais il est là quand même et il nous fait penser à toutes ces personnes qui travaillent dans l’ombre dans l’Eglise, qui ne disent pas grand-chose mais qui sont bien là et avec Justus on voudrait les saluer en passant sans leur demander de venir à la lumière. Et les remercier pour tout ce qu’elles font et leur dire aussi que tout ce qu’elles font dans l’ombre compte énormément.
Epaphras
Le 6ème personnage dans le portrait de famille est bien connu des habitués. Paul a déjà parlé d’Epaphras au début de sa lettre (1 :7). C’est lui qui apporte à Paul les nouvelles de l’Eglise de Colosses, et il le fait parce qu’il est très certainement le fondateur de l’Eglise et son responsable. En tous cas il se sent responsable de cette communauté, il se fait du souci pour elle. On retrouve pour lui le même terme que pour Paul au chapitre 2 : celui de combattant. Au verset 12, Paul le présente comme un homme qui combat avec le verbe en grec qui a donné « agoniser ». Lecture v. 12 et 13
Comme pour Paul au chapitre 2, je l’ai appelé : l’homme passionné. L’homme de la passion. Vous vous souvenez : en octobre, j’avais parlé de la passion de l’Eglise pour Paul, on peut parler pour Epaphras de la même passion pour l’Eglise de Colosses et celle de Laodicée et de Hiérapolis, des Eglises sœurs.
Et il semble que Paul était impressionné par la passion d’Epaphras pour cette Eglise de Colosses, pour ces chrétiens de Colosses. C’est un homme qui se passionne pour les gens et le mot « pour » et un mot qui colle à Epaphras :
Col 4 :12 « Il ne cesse de combattre pour vous »
Col 4 :13 « Il se donne beaucoup de mal pour vous »
Epaphras c’est l’homme du pour vous, qui se passionne pour les gens…
Et à l’heure du chacun pour soi, ou du chacun pour moi, il est bon de voir sur la photo un homme qui est encore là pour les autres, qui est passionné par leur santé spirituelle, par la solidité de leur foi. Ce qui intéresse Epaphras ce n’est pas de savoir si sa carrière se porte bien ou s’il va toucher sa retraite mais ce qui le motive par-dessus tout c’est de savoir et de voir que les gens dont il a la charge se portent bien, qu’ils soient des gens accomplis, adultes dans la foi, qu’ils fassent preuve de maturité. C’est cela qui l’anime parce qu’il est un passionné de l’Eglise, de son édification, de son développement.
Y-a-t-il un peu d’Epaphras en nous ? Est-ce que je peux m’identifier, un tant soit peu à lui dans ce portrait de famille ?
Nous laissons aussi la seule femme de la liste : Nympha qui accueille l’Eglise de Laodicée dans sa maison. Comme Lydie le fait aussi à Philippes. Les femmes dans le rôle de l’accueil ? Oui mais pas que… On se souvient de Priscille, femme d’Aquilas, un couple ami de Paul. Et c’est Priscille qui enseigne la parole autour d’elle. Il y aussi des femmes qui travaillent avec Paul. Peut-être pas encore la parité mais c’était le premier siècle ! Femme qui accueille parait un peu simple mais accueillir chez soi des réunions c’est peut-être plus qu’on ne l’imagine c’est mettre sa maison au service de Dieu et de son église, s’ouvrir aux autres, laisser les autres entrer chez soi. Ouvrir son cœur aussi. J’imagine que le cœur de Nympha était très large. Jacque Brel disait « y’en a qu’ont les cœurs si larges qu’on en voit que la moitié » Y’en en qu’on le cœur chagrin comme la peau, étroit comme tout…Nympha elle avait du cœur !
Et comment va notre cœur ? Son ouverture, sa largeur ?
Archippe
Terminons avec Archippe. 17 Dites à Archippe : Prends garde au ministère que tu as reçu dans le Seigneur, afin de bien le remplir.
Archippe est jeune. Il est responsable de l’Eglise en l’absence d’Epaphras et Il est le fils de Philémon et d’Appia. Et Paul lui donne une parole forte : prends garde au ministère que tu as reçu ! Sur la photo qui est en couleur, Archippe c’est celui qui rougit, on vient de lui dire le message de Paul et il sent le rouge lui monter au visage…
Mais il ne doit pas, Timothée aura reçu le même « Veille sur toi-même et sur ton enseignement ! » Et Paul n’est pas particulièrement sévère quand il dit cela, au contraire ce sont des conseils d’un père : mes enfants faites attention à vous ! C’est un défi qu’il lance. J’ai appelé Archippe l’homme du défi.
Et quand on replace cette parole dans le contexte immédiat des salutations, ce défi lancé prend une dimension particulière. Après l’énumération de tous les collaborateurs fidèles : il s’agit maintenant pour toi de veiller sur toi pour être fidèle comme eux…et de veiller les uns sur les autres comme dit la Parole en Hébreux 10 :24 « veiller » et non pas surveiller pour aider tous les Archippe à poursuivre le chemin fidèlement
La question que nous pose ces salutations est tout simplement la question de la fidélité. On est frappé dans tous ces versets de la présence de « avec » intégré dans des mots en grec elle donne co-détenu, co-llaborateur, ou compagnon de service, compagnon de combat…Tous ces gens sont des gens qui sont avec, qui vont avec…
En Belgique on aime mettre cette préposition un peu partout, en oubliant le complément sous l’influence des langues germaniques, « Tu viens avec ? » « Allez dis viens avec »… Et cette parole est peut-être pour nous ce matin alors que nous avons parlé de l’édification de l’Eglise, de cette Eglise qui fonctionne comme un organisme vivant, comme un corps, alors que nous avons vu les besoins de cette Eglise de pouvoir compter sur des gens fidèles, défendables, prêts à prendre quelques risques (ou si peu) pour le service du maître…Oui on a envie de dire : « Allez tu viens avec »
Mais je ne suis pas un sergent recruteur…le texte insiste sur un autre être avec : c’est avec le Christ qu’il faut être avant tout. La fidélité est d’abord celle à Christ. Mais cette fidélité à Christ va nous mobiliser et nous amener à nous engager pour lui dans son royaume et j’ose le dire dans son Eglise.
Ce portrait de famille est là pour nous questionner sur notre engagement en tant que chrétien. Dans son église et dans le monde : est-ce que je veux être avec Christ, bien positionné en lui, et faire partie de sa famille, pour servir avec ceux du dedans pour témoigner de la grâce à ceux du dehors ? J’ai parlé d’identification tout à l’heure, il ne s’agit pas de devenir un Aristarque, un Onésime ou un Epaphras. Il s’agit de rester qui vous êtes, mais d’être avec Jésus. Paul termine le passage en mentionnant la grâce au verset 18 « Je vous salue, moi, Paul, de ma propre main. Que la grâce soit avec vous ! »
Que la grâce d’être qui vous êtes mais avec Christ, soit avec vous !