Soutien à l’Ukraine

La fraternité : un chemin de foi

Nous sommes à la fin d’une série de message concernant la fraternité dans l’église. Nous avons pu voir que Dieu nous a fait frères et soeurs du Christ. Nous sommes des enfants adoptés car déclarés justes, cela n’a pas trait à notre mérite. Mais accueillis dans la famille de Dieu, nous devons maintenant travailler sur les relations que nous allons vivre au sein de cette famille, travailler, avec l’aide du Saint Esprit, à l’amour qui va être le ciment de nos relations.

Aimez-vous les uns les autres, Vivez en paix les uns avec les autres, Soumettez-vous les uns aux autres, ont été les thèmes abordés ces trois précédents Dimanches. Mais, en cette dernière journée consacrée à ce thème de la fraternité, je voudrais que nous commencions par nous faire une confidence. Quand nous entendons parler d’histoire de famille, d’héritage, d’enfants adoptés et d’enfants naturels, à quoi pensons nous d’abord ?  A des situations idylliques où tout se passe bien ? Si vous me répondez oui, je n’hésiterai pas à vous traiter de menteurs éhontés.

Dans la littérature, le cinéma, la vie courante, les histoires de famille ne sont souvent que rivalités, mensonges, déchirements, drames … Et cela reste vrai quelque soit les familles que l’on regarde, les familles des rois, les familles des riches comme les familles des gens ordinaires. Ceci m’incite à vous inviter à enlever vos lunettes d’évangéliques bien pensants quand vous lisez le mot famille dans la Bible. N’y voyez pas quelque chose de naturellement apaisé, un cercle où tout ce passe forcément bien. Et cette invitation ce n’est pas moi seulement qui vous l’adresse mais on la trouve déjà dans les lettres de l’apôtre Paul et je vous invite à suivre la lecture de celle qu’il adresse à l’église de Colosse. Au chapitre 3, après avoir invité les Colossiens à rechercher les choses qui sont au ciel, il compare la vie ancienne et la vie nouvelle.
Lecture Colossiens 3. 9-15

  • Même en tremblant ayons la foi de suivre Jésus

En lisant vite, et en comparant aux passages des précédents Dimanche on pourrait trouver que l’apôtre Paul est moins ambitieux pour Colosse que pour les autres églises. En effet, il ne demande pas à ses membres de s’aimer ou de vivre en paix mais de se supporter et de se pardonner mutuellement. Oui, mais une lecture plus attentive nous montre que pour réussir à se supporter il faut se revêtir d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience et couronner le tout d’amour, ce lien qui vous permettra d’être parfaitement unis.

L’ambition n’est finalement pas moindre ! Quel chantier !!! Avons nous les moyens de l’aborder ? Je me posait ces questions quand j’ai lu cette semaine l’épisode bien connu de la résurrection de la fille de Jaïrus, le chef de la maison de prière dont la fillette était très malade. En désespoir de cause, le père vient s’adresser à Jésus pour lui demander de guérir sa fille. Celui-ci le rassure et se met en chemin pour se rendre à sa maison, suivi d’une grande foule. En chemin, il est ralentit par cette foule et en particulier par une femme, elle aussi désespérée qui vient toucher sa tunique pour être guérie et à qui Jésus fait raconter sa longue histoire.. Mais voyons ce que nous en dit Luc au chapitre 8 à partir du verset 49.

Lecture Luc 8.49-56

« Ta fille est morte, dit le messager ». « N’aie pas peur ! Crois seulement, et ta fille sera sauvée ! » répond Jésus. Comment Jaïrus peut-il comprendre ce que lui demande Jésus ? Comment a-t-il la force de continuer à suivre Jésus ? Dans quel est état d’esprit est-il quand il marche à côté de Jesus ? Exalté, invitant tous les passant à venir assister à la résurrection de sa fille ? Sûrement pas sinon il n’aurait pas été étonné du résultat. Que pense-t-il avec sa femme quand ils entrent dans la maison sous les moqueries de tous les proches et de tous les voisins ?

On passe généralement rapidement sur ce point pour se concentrer sur la puissance de Jésus, mais la situation me paraît d’une violence extraordinaire pour les parents. C’est une foi tremblante, hésitante peut être, mais suffisamment forte pour continuer à espérer alors qu’objectivement il n’y avait plus aucun espoir qui a conduit Jaïrus et sa femme à faire ce geste simple mais au combien important en ces circonstances : entrer dans la maison à la suite de Jésus et des disciples. C’est alors que l’inespéré ce produit. Ils avaient demandé la guérison, Jésus a opéré une résurrection.

Si l’on s’en tient aux observations objectives, la cause de la fraternité dans l’église est aussi désespérée que celle de la fille de Jaïrus. Je ne vais pas faire ici la liste des événements qui étayent l’idée que l’entente parfaite ne peut régner dans aucune assemblée humaine même pas l’église, car je suis sûr que dans votre expérience personnelle, la littérature, le cinéma vous disposez de ces exemples. Sans doute osons nous prier pour quelques cas faciles de malentendus, mais dans bien des cas sommes nous capables d’imaginer autre chose que la séparation pour régler les différents ? Un bon divorce vaut mieux que l’affrontement permanent !

Pourtant nous sommes appelés à croire que Dieu peut intervenir et nous permettre de progresser sur ce terrain si accidenté. Et pour soutenir notre foi, rappelons nous du dénouement de l’histoire de la fille de Jaïrus : Dieu a les moyens de faire bien au-delà de ce que nous attendons. Et puisque dans l’histoire de la fille ce Jaïrus, c’est le dénouement qui jette un éclairage nouveau sur les différents évènements qui se sont produit, c’est à l’envers que je vous invite à relire le passage de la lettre aux Colossiens que nous venons de lire.

  • Soignons l’image de Dieu : « Soyez reconnaissants ».

Nous avons été justifiés par le sacrifice de Jésus sur la Croix. N’oublions pas que quelque soit notre histoire, tout repart du don gratuit de Jésus Christ. Sachons éprouver de la reconnaissance pour cela. Que la paix du Christ règne dans vos cœurs ; c’est en effet à cette paix que Dieu
vous a appelés, en tant que membres d’un seul corps. Avant de vouloir la paix autour de nous, recherchons la paix intérieure. Nous ne vivons pas encore dans un monde régénéré. Notre environnement peut donc présenter un certain nombre d’imperfections si vous me permettez de décrire ainsi une situation qui peut être très violente. Ce n’est pas notre environnement qui nous apportera la paix intérieure, c’est la justification qui nous est accordée par le sacrifice du Christ. Un des brigands qui accompagnait Jésus a trouvé cette paix alors qu’il était lui-même cloué au bois. Dans le corps que nous constituons, si la jambe est cassée, le corps entier souffre, mais ce n’est pas en traitant la cheville ou le genoux, qu’on résoudra le problème. Il faut soigner la jambe et
l’immobiliser le temps qu’il faudra pour qu’elle retrouve sa solidité. Par contre il faudra que les bras prennent à leur charge un partie du travail pour que l’ensemble, le corps, puisse continuer à se déplacer en utilisant des béquilles. Mais cela est un point que nous développerons plus tard. Et par-dessus tout, mettez l’amour, ce lien qui vous permettra d’être parfaitement unis.

Dans ce verset on retrouve une idée que nous avons déjà développée les semaines précédentes, mais comme elle est fondamentale j’y reviens quelques instants. L’amour dont il est question ici n’est pas quelque chose de surnaturel, d’inexplicable, ce fameux « coup de foudre » qui nous met en mouvement
et nous fait faire tout est n’importe quoi. Mais c’est quelque chose qui se travaille, auquel il faut prêter attention, qui se place nous est-il dit ici, au dessus de tout. Si on reprend l’image du corps que nous avons vu précédemment, le mot lien nous invite à dire dans un premier temps que l’amour c’est les ligaments qui font la différence entre une ossature et un tas d’ossements et les tendons qui permettent de transformer la contraction des muscles en mouvements.

Mais on serait largement incomplets en s’arrêtant là. En effet, le petit enfant dispose de tendons et de ligaments en parfait état mais il lui faut un long apprentissage pour apprendre à coordonner ces mouvements. Sa main, ne peut pas attraper le jouet qui se trouve sur la table si il ne s’est pas redressé et hissé sur la pointe des pieds pour qu’au bout de son bras tendu la main soit en mesure de remplir sa fonction. Ce qui fait le lien entre les différents membres c’est donc non seulement les tendons et les ligaments, mais aussi le système nerveux qui fait en sorte que le corps soit cohérent, que ses mouvements aient un objectif et que l’ensemble des membres agissent de manière coordonnée pour que le membre qui est en bout de chaine puisse accomplir sa tache dans les meilleures conditions. Pour arriver à ce résultat il faut accepter de s’entraîner, acquérir des automatismes, corriger les défauts, renforcer les points faibles…

Au tennis, c’est le bras qui tient la raquette, mais si les jambes et le dos ne sont pas correctement placés au moment de la frappe, il y a peu de chance que le coup soit gagnant. C’est pour placer le bras dans les meilleures conditions, c’est par amour pour le bras si vous me permettez de le dire ainsi, que les jambes pressent le déplacement et que le dos stabilise l’ensemble du corps. C’est par amour pour les jambes et le dos que le bras accélère la raquette et la tient fermement au moment de l’impact. On retrouve ici ce besoin de réciprocité. « 12Vous faites partie du peuple de Dieu ; Dieu vous a choisis et il vous aime. C’est pourquoi vous devez vous revêtir d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience. 13Supportez-vous les uns les autres ; et si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre, pardonnez-vous réciproquement, tout comme le Seigneur vous a pardonné. »

De grâce quand nous lisons ce passage, n’oublions pas le début : « Vous faites partie du peuple de Dieu ; Dieu vous a choisis et il vous aime. » Rappelons nous d’abord, que l’amour dont il est question ici n’est pas le même que celui dont nous venons de parler. Il est à sens unique. Dieu nous a choisis et nous aime sans attendre de retour. Mais surtout ne lisons pas ce texte comme une loi permettant de juger son prochain. Si vous n’êtes pas revêtus d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience, alors vous ne faites pas partie du peuple de Dieu. Ce n’est pas le plan de Dieu. Il nous laisse libre de choisir d’accepter ou de refuser son amour, et si nous l’acceptons, alors il nous invite à nous revêtir d’affectueuse bonté, de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience pour participer à son œuvre d’amour.

L’aspect de réciprocité que j’ai déjà abordé dans ma métaphore tennistique est ici souligné deux fois : « Supportez-vous les uns les autres », … « pardonnez-vous réciproquement ». Encore une fois ce n’est pas une loi qui permet de trancher entre qui est dans l’église qui n’y est pas, mais ce sont des règles qui permettent à l’église de vivre harmonieusement, des règles à appliquer avec amour, ce lien qui doit être placé au-dessus de tout.

Pour ce qui est du besoin de pardon, je vous renvoie au culte radio diffusé de ce matin “La folie du Pardon” au cours duquel le pasteur Samuel Rodrigues a rappelé que “pardonner, c’est libérer un prisonnier, nous-même, prisonniers de notre rancœur ou de notre haine”.

« 11Il n’importe donc plus que l’on soit non-Juif ou Juif, circoncis ou incirconcis, non civilisé, primitif, esclave ou homme libre ; ce qui compte, c’est le Christ qui est tout et en tous. » Nous avons tendance à toujours considérer que nous rencontrons aujourd’hui des situations plus difficiles à gérer que celles qu’on connues nos ancêtres. Aujourd’hui l’immigration et la place de la religion dans la cité sont en-tête du Hit-parade. On n’a probablement jamais entendu autant d’apriori et de erreurs sur ces sujets. Quand aux solutions qui sont proposées comme découlant simplement du bon sens, et qui ne sont en fait que le reflets de nos craintes et de nos égoïsmes, je préfère ne pas les évoquer. Pourtant ces problèmes ne sont pas neufs. On ne voyageait pas aussi vite à l’époque de l’église primitive mais on voyageait tout de même et les communautés étaient loin d’être uniformes. On y trouvait des juifs et des non-Juif, des circoncis et des incirconcis, des civilisés et des primitifs, des esclave et des hommes libres. Voilà de quoi générer des attentes différentes, des incompréhensions des oppositions mêmes. Mais ce qui compte ce ne sont pas les différences extérieures qui nous séparent, mais le fait que le Christ est présent en chacun de nous. Laissons cette présence transparaitre.
« 9Ne vous mentez pas les uns aux autres, car vous avez abandonné votre vieille nature avec ses habitudes 10et vous vous êtes revêtus de la nouvelle nature : vous êtes des êtres nouveaux que Dieu, notre Créateur, renouvelle continuellement à son image, pour que vous le connaissiez parfaitement. » La conversion qui a fait de nous des êtres nouveaux n’a pas fait pas de nous du jour au lendemain des êtres surnaturels. Nous devons progresser et c’est Dieu qui nous fait progresser. N’élevons pas des obstacles à son œuvre en nous. Enfin n’oublions pas quel est le but de toutes ces recommandations que d’une façon ou d’une autre nous allons reprendre dans la charte que nous allons écrire dans le cadre du programme Vitalité.

Il s’agit pas de définir un règlement intérieur qui nous permettra de juger en Conseil qui fait ou ne fait pas partie de notre communauté, mais de rassembler les recommandations qui nous sont faites pour que l’humanité connaisse Dieu parfaitement au travers de l’image que nous renvoyons. Cela n’est pas un excès d’orgueil ou de zèle de ma part. C’est simplement notre responsabilité.

Que Dieu nous donne la foi, l’amour, la clairvoyance et la persévérance nécessaire.

Amen.

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