Soutien à l’Ukraine

Pourquoi la souffrance ?

Bienvenue pour ce culte en 3D où l’on parle de Dieu d’une manière différente et en tous cas accessible. Nous continuons notre série commencée en mars sur les « Questions de la vie » avec cette question toujours d’actualité: Pourquoi la souffrance ? Je dois avouer avoir presque regretté d’avoir lancé cette question pour notre culte aujourd’hui. D’abord parce que la saison estivale a bien commencé à Cannes et que l’on a peut-être plus envie de mettre son chapeau de paille et d’aller à la plage plutôt que de parler de ce sujet qui n’est pas, il faut le dire, très joyeux. Mais aussi parce que la question de la souffrance n’est pas une question facile. Comme toutes les questions qui commence par pourquoi, on ne peut pas y répondre en deux phrases. Et enfin, parce que la souffrance trouve un écho différent en chacun de nous. On ne peut pas prononcer le mot souffrance sans penser à la sienne. Et donc vouloir ordonner une réponse à cette question est extrêmement délicat parce que cela ne va pas toujours répondre à ce sentiment ou cette émotion que vous ressentez d’une manière toute particulière quand vous pensez à votre souffrance. C’est donc avec beaucoup d’humilité voire de crainte que je l’aborde avec vous ce matin. Je sais d’avance que je n’apporterai pas de réponse à toutes les questions que pose la souffrance, votre souffrance… J’ai pleinement conscience de mes limites comme tous les dimanches d’ailleurs, mais particulièrement ce matin pour ce sujet si délicat de la souffrance.

Malgré tout, la question de la souffrance vaut la peine d’être posée parce qu’elle pose des questions qui touchent à l’essentiel au sens de la vie, en l’existence même de Dieu, des questions fondamentales. Vous l’avez déjà entendu : « Comment Dieu, s’il existe, peut-il permettre la souffrance ? » Et on peut préciser la souffrance : les génocides, la torture, les guerres, la Shoah, le terrorisme, la maladie, les enfants brutalisés, enfants soldats, les viols, l’exploitation des êtres humains, la maladie, les épidémies et la liste est longue de toutes les souffrances humaines sans parler de la mienne et de celle que vous ressentez peut-être ce matin.

Après le Tsunami de 2004, un journaliste a écrit : « SI Dieu est Dieu, il n’est pas bon. Et si Dieu est bon il n’est pas Dieu. Il ne peut être les deux à la fois, surtout après la catastrophe de l’océan indien. » Ce journaliste mettait le doigt sur la question débattue depuis 20 siècles, une question qui met en relation la souffrance humaine avec à la fois la bonté et la toute-puissance de Dieu. Comment un Dieu bon et tout puissant peut-il permettre la souffrance ? C’est impossible, ou alors il n’est pas bon et il serait même sadique de permettre tout ce mal ou alors il est bon mais il n’a aucune puissance pour intervenir en cas de souffrance, il laisse faire parce qu’il n’aurait pas les moyens de faire autrement. Il est peut-être bon, il est peut-être tout puissant mais il ne peut être les deux à la fois ! Et donc Dieu qui serait vraiment Dieu tel que la Bible nous le révèle, à la fois bon et tout puissant n’existerait pas. Si on veut rester cohérent face à la souffrance du monde, on en arrive à cette conclusion. Dieu n’existe pas.

La souffrance pose la question de l’existence de Dieu et aussi me semble-t-il celle du sens. Qui est présente dans la conjonction « pourquoi ». Quel est le but ? Quelle est la direction ? La souffrance nous questionne sur le sens à donner à ce qui nous arrive. Est-ce qu’on va vers quelque chose ou est-ce que tout est soumis au hasard ?

Je ne résiste pas à la tentation de vous citer Woody Allen dans une interview dans « Inrocks » suite à son film « Magic in the mooonlight » sorti en 2014 : « Je partage totalement les positions du personnage joué par Colin. Je ne crois en rien si ce n’est ce qu’on voit et ce qu’on vit. On vient au monde, puis toute la vie n’est qu’une suite de hasards, d’accidents, de chances, d’événements aléatoires. La vie n’a aucun sens, l’univers n’a aucun sens. Tout cela n’est qu’un vaste phénomène hors de notre contrôle, c’est tragique. »

La réalité de la tragédie de notre existence et de nos souffrances pose des questions existentielles assez considérables. Encore une fois, je n’ai pas la prétention ce matin de répondre à toutes les interrogations, mais j’aimerais seulement faire quelques propositions qui seraient comme des cairns sur les chemins de randonnées. Vous connaissez ces petits tas de cailloux qui s’élèvent et qui permettent de trouver son chemin en montagne en cas de brouillard ou si le chemin n’est pas vraiment repérable. Ce ne sont pas de gros rochers, mais de petits cailloux et ce qui est frappant c’est de voir que chacun peut participer à ses points de repères en déposant lors de son passage un petit cailloux…

Premier cairn : Dans la Bible, des croyants (des hommes de foi) crient aussi leur questionnement par rapport à la souffrance.

Et ils crient à Dieu et ils le font avec des « pourquoi » retentissants, parfois difficiles à entendre. Yvonne nous a déjà parlé d’Habakuk, mais on pourrait parler de Jérémie, ce prophète dont la vie n’a pas été un long fleuve tranquille, loin de là (ce n’est pas pour rien qu’on a créé un mot à partir de son nom : jérémiades). Ce prophète qui gémit, questionne Dieu avec une série de pourquoi bien marqués. J’en relève un seul, mais il est bien représentatif. Jer 15 :18 « Pourquoi donc ma souffrance est-elle permanente, et ma plaie douloureuse, rebelle aux soins? Vraiment: pour moi tu es une source trompeuse au débit capricieux! » Et tout cela s’adresse à Dieu, c’est lui la source trompeuse ! Jérémie accuse Dieu de l’avoir trompé sur la marchandise. Il lui reproche de faire des caprices de star ! Il l’accuse en quelque sorte d’acharnement ! Jérémie n’y va pas par quatre chemins.

Et on pourrait continuer mais j’aimerais citer cet auteur des Psaumes, qui face à la souffrance va dire aussi un pourquoi en s’adressant à Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » Ps 22:2. Cet homme dit à Dieu son sentiment d’abandon de sa part. Tu nous laisses avec nos souffrances et nos questions sur la souffrance.

Et ces questions qui ressemblent à des cris sont le fait de croyants, de gens qui croient en l’existence de Dieu. Et on voit donc que dans la Bible, ce livre de la foi, Il y a un espace pour ce genre de questionnement par rapport à la souffrance. Et s’il y a un espace dans la Bible pour cela, il y a aussi un espace dans ma foi, dans ma relation avec Dieu pour ce questionnement.

Autrement dit, j’ai le droit de me poser des questions, j’ai le droit de crier à l’injustice, j’ai le droit de ne pas être d’accord avec ce qui se passe, et ce droit c’est Dieu lui-même qui le donne. Il nous donne un espace pour l’interpeller et le questionner.

Pour la présentation du Parcours Alpha, l’association Alpha France a monté un micro trottoir avec une question pour les passants : « Si vous aviez une question à poser à Dieu que serait-elle ? » Et une jeune fille charmante avait répondu : « Qu’est-ce que tu fous ! » On peut être choqué par l’expression, mais c’est la question qu’elle voulait poser à Dieu : C‘est vrai quoi, quand on voit toute cette souffrance qu’est-ce que tu fais, là haut… tu t’en fiches ou quoi ?

Et je crois que Dieu reçois ces questions parce que lui poser des questions, c’est déjà lui parler et commencer à cheminer et se mettre à espérer qu’il est peut-être bien là, au bout de nos pourquoi. Et ce qui est remarquable c’est de voir que la question de la souffrance ne semble pas éloigner les gens de Dieu mais au contraire de les en approcher. Mais nous passons à la deuxième proposition.

Deuxième cairn : La souffrance a un rapport avec l’usage que l’on fait de la liberté.

La deuxième proposition est illustrée par les Grosses Têtes et Philippe Bouvard qui invite en mai 2014, le prêtre chez les loubards, alias Guy Gilbert. Philippe Bouvard y va de la question bateau : « Mon cher Guy, puisque vous êtres prêtre, répondez à cette question : Si Dieu existe pourquoi la souffrance ? » et Guy Gilbert de répondre avec sa gouaille habituelle : « Mais mon cher ami Philippe, si dans ta liberté tu te décidais de me foutre ton poing sur la gueule, tu le ferais et je souffrirais certainement, c’est pas pour cela que Dieu n’existe pas ! Tu fais ton choix libre… Et si je t’en mettais un autre en retour ce serait aussi ma liberté, Dieu n’a pas grand chose à voir là-dedans. »

Et Philippe Bouvard est passé à autre chose. Mais Guy avait mis en évidence un fait extrêmement important, à savoir qu’un grand nombre de nos souffrances proviennent de l’usage de la liberté.

Je peux me faire souffrir simplement parce que dans ma liberté je fais de mauvais choix de vie ou parce que je prends de mauvaises décisions. Du genre « Je mange trop sucré, trop salé et trop gras, mais tant pis. » Je fais usage de ma liberté, mais je vais souffrir… Il y aurait aussi tous mes comportements destructeurs, mes choix calamiteux, mes réactions disproportionnées… Oui, l’usage de ma liberté peut être dangereux pour la santé.

Mais il y a aussi l’usage que fait l’autre de sa liberté et qui peut me faire souffrir, l’autre peut utiliser sa liberté pour me donner un coup de poing dans la figure ou pire encore me faire souffrir moralement… C’est sa liberté. C’est mal, mais il est libre de le faire ! Il y a des limites, mais en attendant qu’il les dépasse et que la justice humaine s’en mêle, il fait souffrir les autres ! On peut dire que c’est injuste et quand ça prend de grandes proportions, notre sentiment d’injustice monte proportionnellement. Et on se demande bien pourquoi Dieu n’empêche pas cela ? Le génocide Rwandais, la Shoah. Et puis tant qu’il y est, Il devrait empêcher cette personne de me faire souffrir inutilement ! Si Dieu est Dieu il devrait empêcher toute souffrance !

Il pourrait certainement nous empêcher de faire quoique ce soit qui provoque la souffrance. Il pourrait arrêter le poing de Philippe Bouvard avant qu’il n’atteigne la gueule de Guy. Il pourrait le faire, mais à quel prix ? Ce serait au prix de la liberté de Philippe, et de la mienne, de toutes nos libertés. Il serait simple pour Dieu de supprimer toutes nos libertés et de faire de nous des robots qui lui obéiraient au doigt et à l’œil. Sans aucune liberté, il n’y aurait aucune souffrance.

Mais la robotisation du monde n’est pas dans la vision du Dieu d’amour tel que nous le révèle la Bible. Dieu est plutôt à la recherche d’une relation libre et responsable avec chacun des individus que nous sommes. Il est tout puissant, mais il attend un choix libre pour une vraie relation. Je crois vraiment que Dieu brûle d’impatience de mettre en terme à toute cette souffrance, non pas en faisant de nous des robots mais en venant tout réconcilier avec lui-même pour l’apothéose finale (je parle là de ce qu’on appelle le paradis) qui ne sera pas une compensation de toutes les souffrances mais une restauration de toutes choses. Et je pense qu’il prend patience pour que dans cet usage de la liberté qui nous est donné, nous puissions le chercher, à tâtons comme dit la Bible, dans le noir de nos souffrances et des questions qu’elles suscitent, pour le chercher et trouver en lui du sens dans nos souffrances. C’est justement la troisième proposition que je voulais vous faire. Elle touche à la question du sens.

Troisième Cairn : On peut trouver du sens dans la souffrance

Nous en avons parlé jeudi dans la Bible en TGV, de cette histoire de Joseph dans la Genèse qui commence très mal avec de la jalousie, des idées de meurtre, de la souffrance physique et morale pour tout le monde, les parents, les enfants, les frères entre eux, et pour Joseph en particulier qui vit un rejet impensable de la part de sa famille. Une histoire qui commence mal avec le mal à tous les étages, mais qui termine par une grande réconciliation avec cette phrase de Joseph : « Le mal que vous avez fait et bien, Dieu l’a transformé en bien » (Genèse 50 :20). Et cette transformation, il l’a fait à travers l’expérience de la souffrance des uns et des autres. Et c’est le témoignage qu’un certain nombre de personnes peuvent apporter, qu’au travers de la souffrance, ils ont pu changer de regard sur la vie.

J’ai lu le témoignage d’un homme qui, au cours d’une vente de drogue qui a mal tourné, s’est pris une balle de revolver en plein visage. Il perdit du coup une grande partie de son acuité visuelle. Et ce gars qui n’était pas un tendre a dit : « Alors que mes yeux physiques s’étaient fermés, mes yeux spirituels s’étaient en quelque sorte ouverts. J’ai fini par voir comment je traitais les gens. J’ai changé et pour la première fois de ma vie, j’ai des amis, de vrais amis. Le prix à payer fut élevé et je dois dire cependant que ça en valait la peine. Je possède enfin ce qui donne de l’intérêt à la vie. »

Il y a de nombreux témoignages comme cela, mais il faut bien noter qu’aucune de ces personnes n’est reconnaissante pour les tragédies en elles-mêmes ! Elles disent merci pour le changement que la souffrance a pu opérer en elles. Elles ajoutent souvent qu’elles n’échangeraient pour rien au monde tout ce qu’elles ont reçu à travers la souffrance.

Mais quelqu’un dira : « Tout cela est bien joli, mais pour une histoire où l’on peut trouver une raison à la souffrance, il y en a cent où il n’y en a pas ! » Où il n’y a pas de transformation, où il n’y a pas de belles choses qui arrivent à la fin. Et cette objection est à recevoir. Il y a effectivement des histoires de vie et de souffrances où on se demande bien quelle bonne chose pourrait en sortir… Où on ne voit rien !

Mais peut-être faudrait-il pouvoir se dire dans ses situations que « Le fait de ne pas voir de raison à la souffrance ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ». Comme je l’ai lu en préparant cette prédication. J’ai trouvé cette phrase un peu directe, mais assez pertinente. Nous ne voyons pas tout, nous marchons à tâtons et c’est là que peut-être la foi rentre en compte, non pas une foi aveugle, mais une foi où on marche à la confiance que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui lui font confiance comme le dit Paul aux chrétiens de Rome (Lettre aux Romains 8 :28). A la fin de l’histoire (la fameuse apothéose) nous verrons comment Dieu a utilisé toutes choses pour un plus grand bien.

J’aime cette image d’une tapisserie en train d’être composée et que nous voyons à l’envers, et ce que nous voyons est un écheveau de fils en désordre, sans dessin apparent, en vrac. Il n’est pas beau, ne représente rien. On se demande qui a bien pu composer ce truc qui n’a pas de sens. Puis à la fin, on retourne le tableau et on le voit à l’endroit et il magnifique, il est coloré, il est cohérent, il donne une fameuse impression, celle d’un dessin, d’un dessein même. Nous sommes encore à l’envers, mais il viendra un temps où nous verrons à l’endroit.  

Et puis, une dernière proposition.

Quatrième cairn : Dieu partage notre souffrance humaine, d’une manière ultime en Jésus Christ à la croix.

Nous avons là la plus belle réponse que le christianisme apporte à la question de la souffrance et sur un plan personnel. Car la souffrance n’est pas juste une question d’arguments pour l’existence de Dieu ou de cohérence d’un système. La souffrance est de l’ordre du personnel, de l’intime. On pourrait certainement accepter intellectuellement que la souffrance n’est pas un démenti de l’existence de Dieu, bien au contraire, mais en parallèle on pourrait aussi se demander : « Mais qu’est-ce que cela peut faire dans ma vie ? Je souffre et je suis en colère par rapport à la souffrance que je vois et surtout que je ressens. Tout cette réflexion sur le mal n’a rien à voir et à faire avec ce que je vis. »

On peut aussi comprendre cette objection ! Mais c’et là qu’on arrive au coeur de l’Evangile: le Dieu dont nous parle la Bible est venu délibérément sur terre pour justement avoir affaire avec nous, avec la souffrance humaine, avec ce que je vis…avec cette souffrance toute personnelle qui noue notre ventre, occupe nos pensées et nous empêche de dormir. Jésus est venu pour avoir affaire avec elle. Paul Claudel disait et c’est ma soeur en visite à Cannes qui m’a rappelé hier que notre maman ardéchoise aimait beaucoup cette phrase de lui : « Dieu n’est pas venu pour supprimer la souffrance, il n’est même pas venu pour l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. » La remplir de sa présence. En Jésus Christ, Dieu habite notre souffrance.

Si vous entendez cela pour la première fois, cela pourrait paraître un peu mystérieux ,mais ça le reste aussi pour nous tous. Ce Dieu qui habite la souffrance, qui vit la souffrance pour nous, reste un mystère, mais il s’agit d’un mystère lumineux de l’Evangile, de Dieu qui devient homme pour mourir sur une croix et vivre la souffrance comme nous et peut-être pire que nous. Car la souffrance de Jésus, ce n’est pas le fouet, ni la couronne d’épine, l’abandon de ses disciples, le rejet de la foule, la souffrance de Jésus, c’est l’abandon de son père alors qu’il est sur la croix et qu’il porte toute la souffrance du monde. Il va s’écrier comme le psalmiste mille ans plus tôt : « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » Matthieu 27 :46.

Il n’y a pas de plus grande souffrance que la perte d’une relation à laquelle vous tenez désespérément. Si une vague connaissance se détourne de vous, vous condamne, vous critique et déclare qu’elle ne veut plus vous voir c’est déjà assez pénible. Mais si quelqu’un que vous fréquentez régulièrement vous fait la même chose, c’est beaucoup plus douloureux. Si c’est votre conjoint qui vous inflige un tel traitement, ou un de vos parents pendant l’enfance, la souffrance psychologique est infiniment plus importante.

Et on ne peut pas imaginer ce que cela peut être d’être séparé d’une relation qui dure de toute éternité, de l’amour infini du Père éternel. C’est la souffrance que Jésus a vécue. Il a vécu cette séparation, cet abandon parce qu’à la croix il prenait sur lui toute la noirceur du monde. Il portait sur lui à la croix toute la séparation du monde d’avec Dieu et il vivait pleinement en lui toute la séparation d’avec Dieu. Une souffrance terrible, pour prendre sur lui toute ma souffrance.

Encore une fois, c’est une idée un peu étrange que cette sorte de substitution, je vous l’accorde. Même pour ceux qui sont chrétiens depuis des années, ça reste un étonnement constant, mais c’est le message de l’Evangile ! C’est la réponse de Dieu au problème de la souffrance. Cette réponse, ce n’est pas une série d’arguments mais un cri lancé par Jésus lui-même sur une croix à un moment de l’histoire. Un cri d’une authenticité incroyable. Mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonnée ? Un cri qui n’est pas un cri de reniement ou de renoncement à sa foi en Dieu, mais un cri de sa souffrance. Mais dans ce cri, il dit malgré tout « Mon Dieu ». Alors qu’il vit la séparation d’avec Dieu, Jésus continue d’utiliser le langage de l’intimité, parce que c’est là la réponse à la souffrance.

Au delà de tous les arguments pour défendre la cause de Dieu, qui se défend bien tout seul d’ailleurs, Il y a pour la question de la souffrance, cette réponse de l’intimité avec Dieu. Pour Jésus, pour toi et pour moi. Il y a dans la souffrance une intimité avec Dieu que rien ne peut égaler. Dans la souffrance Dieu se fait proche.

Quelqu’un me disait encore il y a quelques temps qu’au cours de sa vie, il s’était forgé une belle carapace qui le protégeait peut-être mais qui avait surtout fini par l’enfermer. C’est le problème de la carapace ou de la forteresse ! Mais il ajoutait que le souffrance avait fait des fissures dans cette forteresse, et que Dieu s’était faufilé dans ces fissures pour le rejoindre dans l’intimité de sa vie, dans sa fragilité d’être humain en proie à la souffrance. Oui, quand Dieu entre quelque part, il ya des choses qui se passent de l’ordre de l’intime, de l’ordre du mystère.

Et peut-être qu’en ce dimanche de Pentecôte nous pourrions nous ouvrir à cette action mystérieuse et intérieure de Dieu. Après tout, la Pentecôte c’est le rappel de la venue de l’Esprit, et l’action mystérieuse dans notre intimité et dans notre personnalité intérieure, c’est le travail du Saint Esprit !

Ce Saint Esprit que Jésus nous envoie quand nous lui faisons confiance pour la vie et pour les questions qu’elle nous pose, Jésus lui-même l’appelle le consolateur. Celui qui nous console dans nos souffrances, celui qui nous défend quand tous les pourquoi de la vie nous accable. Il est le consolateur ! Voilà ce que Jésus dit à ses disciples dans l’Evangile de Jean au chapitre 14 : « Mais le consolateur, dit Jésus, le Saint-Esprit que le père en enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit moi-même.Je pars, mais je vous laisse la paix. » Il nous laisse sa paix, il nous laisse sa consolation par le Saint Esprit. Le Saint Esprit qui nous parle de Jésus et qui nous dit que Jésus est notre espérance dans ce monde, il nous dit aussi que rien ne pourra nous séparer de son amour, pas même les souffrances, il nous dit aussi que nous sommes ses enfants et que nous pouvons crier « abba c’est-à-dire papa, père ». Un papa protecteur qui est au bout de nos pourquoi. Le Saint Esprit est un consolateur.

Alors on peut ne pas vouloir s’ouvrir à son action, rester dans sa forteresse ou dans sa carapace, c’est la liberté de chacun. Mais on peut également choisir de s’ouvrir à son souffle consolateur. C’est le thème de ce chant.

Chant: Viens esprit du Dieu vivant