Un trou noir. Le trou noir en astrophysique fait référence à un phénomène bien précis. Rassurez-vous je ne partirai pas dans une explication scientifique ce dimanche matin, j’en serais bien incapable. Ce que je voudrais que l’on en retienne de cet objet gravitationnel assez mystérieux, c’est qu’il empêche toute forme de matière ou de lumière de s’en échapper…la matière happée par un trou noir est chauffée à des températures considérables avant d’être engloutie…ainsi le 12 juillet, CNews annonçait la découverte d’un trou noir, le géant J2157 : son si grand appétit le rendrait capable de dévorer l’équivalent d’un soleil chaque jour…il ne manquait plus que cela à l’année 2020 ! Un trou noir…plus d’espoir !
Nos vies sont parfois entourées, menacées ou traversées par des trous noirs, ou des explosions, qui risquent de nous engloutir : ce sont les deuils, des épreuves de maladie, de chômage, des déchirures familiales, mais aussi des burn-out…sans parler de l’inédit COVID 19 qui bouleverse toujours notre planète…nous en avons tous traversé et nous en croiserons d’autres, comment réagirons-nous ?
Je vous invite à lire ce matin cette partie de l’histoire de Saül que j’ai redécouverte en parcourant les textes qui ont alimenté les méditations du dernier Riou sur David. Saül est le premier roi d’Israël, choisi puis rejeté par Dieu au profit de David. Cet épisode nous plonge dans une sorte de trou noir, un voyage dans l’autre monde, un chemin de mort et de désespérance. Lisons le texte.
1 Samuel 28.3-26
Entre temps, Samuel était mort et tout Israël avait pris le deuil à cause de lui. On l’avait enterré à Rama, dans sa ville. D’autre part, Saül avait fait disparaître du pays tous ceux qui évoquaient les morts et ceux qui pratiquaient la divination, ou disaient la bonne aventure.
Les Philistins regroupèrent leurs troupes et établirent leur camp à Sunem ; Saül mobilisa tout Israël et dressa son camp à Guilboa. Lorsque Saül vit le camp des Philistins, il eut grand peur et son cœur fut saisi d’angoisse. Il voulut consulter l’Éternel, mais l’Éternel ne lui répondit ni par des rêves, ni par l’ourim, ni par les prophètes. Alors il ordonna à ses fonctionnaires : Recherchez-moi une femme capable d’interroger les morts, afin que je puisse aller chez elle pour la consulter. Ses serviteurs lui dirent : Il reste encore à Eyn-Dor une femme qui interroge les morts. Saül se déguisa en endossant d’autres vêtements, puis il se mit en route avec deux hommes. Ils arrivèrent de nuit chez la femme, et Saül lui dit : Je désire que tu me prédises l’avenir en faisant apparaître l’esprit d’un mort, celui que je te désignerai. La femme lui répondit : Tu sais bien que Saül a fait disparaître du pays ceux qui évoquent les morts et ceux qui pratiquent la divination. Pourquoi donc me tends-tu un piège ? Est-ce que tu veux ma mort ? Saül prêta serment par l’Éternel : Aussi vrai que l’Éternel est vivant, dit-il, il ne t’arrivera aucun mal pour cette affaire. Alors la femme lui demanda : Qui dois-je faire revenir pour toi ? Fais-moi revenir Samuel, dit-il.
Quand la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri, puis, s’adressant à Saül, elle dit : Pourquoi m’as-tu trompée ? Tu es Saül ! N’aie pas peur, lui dit le roi. Dis-moi plutôt ce que tu as vu. Je vois un être surnaturel qui monte des profondeurs de la terre, lui répondit-elle. Quel est son aspect ? lui demanda Saül. C’est un vieillard qui revient, drapé dans un manteau. Alors Saül comprit que c’était Samuel et il s’inclina, la face contre terre, et se prosterna.
Pourquoi troubles-tu mon repos ? lui demanda Samuel. Pourquoi m’as-tu fait revenir ? Je suis dans une grande détresse, lui dit Saül. Les Philistins m’ont déclaré la guerre et Dieu s’est détourné de moi, il ne me répond plus ni par les prophètes ni par des rêves. Alors je t’ai fait appeler pour que tu m’indiques ce que je dois faire. Et pourquoi donc me consultes-tu, reprit Samuel, si l’Éternel s’est détourné de toi et s’il t’est devenu hostile ? Oui, l’Éternel exécute ce qu’il t’a déclaré par mon intermédiaire, il t’a arraché la royauté et l’a donnée à l’un de tes proches, à David, parce que tu n’as pas obéi à ses ordres et que tu n’as pas exécuté le jugement qu’il avait décidé dans sa colère contre les Amalécites. Voilà pourquoi l’Éternel agit ainsi envers toi aujourd’hui. Bien plus : avec toi, l’Éternel livrera aussi Israël au pouvoir des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi. Oui, c’est bien toute l’armée d’Israël que le Seigneur livre au pouvoir des Philistins. A ces mots, Saül s’affala de tout son long sur le sol, épouvanté par les paroles de Samuel. De plus, comme il n’avait rien mangé depuis la veille, il était sans forces.
La femme s’approcha de lui, vit qu’il était terrifié et lui dit : Voici que ta servante a obéi à tes ordres. J’ai risqué ma vie pour faire ce que tu m’as demandé. Maintenant, je te prie, écoute aussi la voix de ta servante : Laisse-moi te servir un morceau de pain. Mange, afin que tu aies des forces pour reprendre ta route. Saül refusa en disant : « Je ne mangerai pas », mais ses hauts fonctionnaires et la femme insistèrent, si bien qu’il finit par céder à leurs instances. Il se releva et s’assit sur le lit. La femme avait chez elle un veau à l’engrais. Elle se hâta de l’abattre, prit de la farine et la pétrit pour en cuire des pains sans levain. Elle servit ce repas à Saül et à ses hauts fonctionnaires ; ils mangèrent, puis ils se mirent en route et repartirent pendant qu’il faisait encore nuit.
Texte inquiétant s’il en faut … Toutes les étapes d’une narration bien ficelée sont présentes : une situation initiale bien cernée et troublante, une intrigue peu commune, des péripéties inattendues, déguisements, cris, dénouement. Tout y est pour une super production série noire ! Si nous résumons, le roi Saül, (ce très bel homme, brillant décrit au début de son règne), était celui que Samuel avait oint comme premier Roi d’Israël pour libérer le peuple de ses ennemis, les Philistins, (relisez les chapitres 9 et 10 de 1 Samuel). Il est à la poursuite de David, réfugié justement chez les Philistins.
Samuel le prophète, le porte-parole de Dieu vient de mourir. Saül est écrasé par la douleur et la peur d’un avenir plus qu’incertain. Sans réponse, puisque la voix de Dieu, le prophète Samuel, est décédé, il finit par consulter une nécromancienne, un médium, pour convoquer un mort, et ce mort est Samuel en personne !
Acculé, Saül en vient ainsi à transgresser l’interdit majeur de la foi d’Israël, la nécromancie. Nous entrons dans un récit étrange, fantastique où le surnaturel fait irruption dans le monde des vivants, appelant un mort comme témoin.
Avant d’avancer plus loin dans le texte, je voudrais revenir sur ce terme de nécromancie.
La nécromancie, qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de convoquer un mort dans le monde des vivants. Elle existe dans toutes les civilisations et à toutes les époques, et Israël, comme nos contemporains, ne sont pas à l’abri de cette tentation de régler les problèmes des vivants en appelant un mort. Connaître son avenir, quelle tentation : toutes les offres de voyance par téléphone, Internet en sont une preuve ! Des hommes politiques récents, des écrivains célèbres, et pour n’en citer qu’un parce qu’il est loin de nous, Victor Hugo, s’y sont adonné, d’autres s’y sont aussi perdus. Magie, occultisme, sorcellerie, un gouffre. Pour en rester à un exemple biblique, Esaïe des années après Saül dénonce l’illusion des hommes qui mettent plus de confiance dans la consultation des morts que dans la Parole du Dieu de vie.
Notre récit est également explicite avec les propos de la nécromancienne : au verset 9 : « Tu sais bien que Saül a fait disparaître du pays ceux qui évoquent les morts et ceux qui pratiquent la divination. Pourquoi donc me tends-tu un piège ? » dit la femme à Saül avant de le reconnaitre. Dans la loi, Lévitique 19.31 nous pouvons lire : « Ne vous tournez pas vers les spirites ou vers les mediums. Ne les recherchez pas, vous deviendriez impurs à leur contact ». C’est l’incarnation de l’abomination devant l’Éternel comme par exemple, le roi de Juda, Manassé qui « installa des spirites et des médiums » (2 Roi 21.6).
Pourquoi ? Saül pourtant semble avoir eu une conduite irréprochable à ce sujet puisque, comme le texte le souligne dans les mots de la nécromancienne : il avait formellement interdit cette pratique. Nous nous trouvons donc devant ce paradoxe apparemment inexplicable où le roi qui a interdit cette pratique y plonge corps et âme et, qui plus est, pour convoquer un prophète de l’Éternel, celui qui l’a accompagné, oint, donc officiellement choisi et celui qui lui a annoncé sa perte, celui que finalement Saül a refusé d’écouter.
Au-delà de la nécromancie qui pourtant existe bien et pourrait être une tentation extrême face à un avenir incertain, ce texte nous interroge sur nos comportements parfois irrationnels : comment puis-je tomber dans ce que j’ai renié, quelles sont les circonstances d’une vie qui me font effacer mes bonnes pratiques, mes convictions positives, voire ma foi ? Quel trou noir pourrait m’absorber de la sorte ?
Cette scène est animée par plusieurs protagonistes, les principaux : Saül, la nécromancienne et Samuel, et les secondaires : les Philistins en tant que groupe ennemi menaçant, la garde rapprochée de Saül. Tous ces personnages ou groupes, sont habités et reliés par la peur : elle est omniprésente à chaque ligne du texte. (Peur, angoisse, cri, détresse, le champ sémantique est vaste), la peur les habite du début à la fin du récit et les raisons sont certes nombreuses.
Le texte nous dit au verset 5 : lorsque Saül vit les Philistins, il eut très peur et se mit à trembler comme une feuille. Son cœur trembla beaucoup dit une autre traduction. Les raisons de sa peur sont nombreuses.
Les Philistins lui font peur. C’est une masse, ils sont nombreux. Ennemis jurés d’Israël, nous nous rappelons que Saül avait été choisi par Dieu pour les combattre, c’est sa mission. Les deux armées se font face dans la plaine et non plus dans les montagnes. La bataille va éclater présageant de lourdes pertes. La tension est à son maximum. Le danger, la violence, la destruction, la guerre totale est là ! Une odeur de mort se dégage dès le début du récit.
Saül est d’autant plus perturbé que David est aux côtés des ennemis. David l’innommé absent est omniprésent dans ce récit : il a été le compagnon de de Saül qui l’a chassé par jalousie. Il n’est maintenant non plus à ses côtés mais dans le camp des Philistins où il s’est réfugié : situation des plus ambigües… pour Saül et pour David lui-même ! Je ne peux que vous recommander le dernier numéro du Riou consacré à David, ce personnage hors du commun.
Saül enfin est paniqué car il est seul comme quand nous ressentons l’absence d’un être proche : son prophète est mort, Samuel lui manque. Il se trouve seul face à ses problèmes et la voix de Dieu semble s’être tue. Le texte mentionne les trois procédés mis à la disposition des rois et par lesquels Dieu se manifestait : « mais l’Éternel ne lui répondit ni par des rêves, ni par l’ourim, ni par les prophètes ». Les dés, dans le texte l’ourim, les rêves sont devenus des cauchemars pour ce roi tourmenté.
Cette panique qui l’enferme dans sa souffrance va le conduire à une situation des plus cocasses : il se déguise pour passer incognito … ! Nous pourrions en rire ! Et pourtant il n’a pas été le seul et l’unique chef d’état à user de ce subterfuge même parmi nos contemporains…
Nous avons certainement tous des raisons d’avoir peur et nos angoisses nous poussent parfois à dévier d’une voie qui semble pourtant la plus cohérente pour nous perdre dans les méandres de l’irrationalité. Ici Saül veut convoquer un mort dans le monde des vivants.
Mais Saül n’est pas le seul à avoir peur. Face à lui une femme spirite, médium, voyante. On pourrait discuter sur le fait que ce soit une femme et non un homme mais n’en tirez surtout aucune conséquence. Cette femme aurait pu être un homme, il y a aussi des hommes médium., comme Simon le Magicien dans le livre des Actes. Elle est effrayée et n’a-t-elle pas renoncé à prédire l’avenir ou convoquer les morts ? Elle-même a peur, peur de transgresser la loi, même si ce n’est que la peur du bâton, de se faire frapper, d’avoir une amende, d’être prise en flagrant délit ! En tout cas elle a peur des conséquences d’une désobéissance. » elle poussa un grand cri ». Prise à son propre piège, dépassée par sa propre expérience, elle est terrorisée de voir Samuel et de reconnaitre le roi Saül.
Alors nous ne discuterons pas de savoir si elle a vraiment convoqué Samuel, si elle l’a vu, si Samuel mort est apparu. Le texte nous livre ces événements tels quels, comme une évidence et nous pourrions bien sûr argumenter et prouver que ce n’est pas possible…ou que c’est une vision ! Là n’est pas le problème apparemment pour l’auteur du texte.
Et qu’en est-il de Samuel ? Dans une prédication de l’Église Protestante Française de Beyrouth, Pierre Lacoste commente ce passage en disant : « Dans les films d’horreur, ce sont les morts qui viennent hanter les vivants. Ici, c’est l’inverse, c’est le vivant qui va hanter le mort, l’arracher à son repos. » V. 15 : pourquoi m’as-tu fais monter ? Pourquoi as-tu troublé mon repos ? dit Samuel à Saül. Mais Samuel, la voix de l’Éternel, le vieillard effrayant d’outre-tombe que ce texte décrit, tient toujours le même discours. Il rappelle à Saül sa faute et lui annonce que le royaume passera dans les mains de David, il lui annonce sa mort ! Il n’y a donc rien de nouveau du côté des morts, même si ce mort est un prophète. Tout a été déjà dit …laissez le mort en paix !
La conséquence de cette démarche est terrifiante, Saül s’enfonce, il s’écroula nous dit le texte au v. 20, il est saisi d’une peur épouvantable. Saül est peu à peu comme absorbé par la mort et la folie. La peur est le ciment qui fige chaque personnage dans son tunnel. C’est le trou noir.
Le psalmiste dit au psaume 10, V.1 : « Seigneur, tu es vraiment loin, tu te caches au jour du malheur, pourquoi ? » Et Dieu dans tout cela ? Ce qui semble le caractériser ici, c’est le silence. Dieu parle dans la Bible et nous remarquons que peu d’hommes l’écoutent, ils l’entendent peut-être mais ont du mal à suivre ses lois. Voilà toute l’histoire de l’humain…Mais aussi Dieu peut se révéler silencieux dans des périodes de l’histoire, avant la naissance de Samuel par exemple ou entre Malachie et Jean-Baptiste, les 500 ans qui séparent les derniers prophètes de la venue du Messie. L’homme est alors inquiet et cherche des solutions de remplacement car la nature humaine a horreur du vide. Il force Dieu au lieu d’écouter ce silence qui parle…
Dans l’absence de réponse, la Parole de Dieu nous donne des pistes : silence, patience, écoute et prière…mais attention ! Mais pas de recettes miracles, pas de paradis artificiels, pas de solutions de remplacement, pas de bricolages pour accéder à une réponse rapide et rassurante… elle nous invite à savoir peser et accepter ce silence face à nos « Pourquoi. » « Seigneur, tu es vraiment loin, tu te caches au jour du malheur, pourquoi ? » Le Silence de Dieu n’est pas un trou noir, car le silence n’est pas l’absence de Dieu. Voilà ce que Saül avait omis et ce que nous aujourd’hui nous devons garder à l’esprit.
La dernière partie du récit tente de nous ramener à une réalité plus apaisée, comme une main tendue. Au milieu de cette catastrophe, Saül est anéanti, Samuel ne lui annonce rien de neuf et lui prédit le pire. Mais une main tendue vient justement de cette femme perdue. Si elle n’a pas été le médium entre Saül et Samuel (nous remarquons qu’ils se sont parlé sans intermédiaire), elle indique dans un geste quotidien le chemin qui pourrait ramener Saül à la vie : elle lui propose de manger. C’est là que je dirais que le fait d’être une femme rend cette médiation plus crédible. Elle lui prépare un repas car Saül est à bout de force, hypoglycémie aggravée et certaine, dirait-on de nos jours peut-être : il n’a pas mangé depuis la veille. Elle le ramène aux gestes de la vraie vie, manger, boire, partager un repas. C’est un geste d’humanité …
Cependant si Saül parvient à manger pour se restaurer physiquement, saura-t-il franchir l’autre pas, et restaurer son âme ? Saura-t-il se déplacer vers la vraie vie ? Son aventure en enfer ne lui a rien apporté, cette main tendue par cette femme humaine, saura-t-il la saisir ? Pourra-t-il accepter la vie telle qu’elle est vraiment avec ses questions sans réponses, ses cauchemars et ses rêves, ses silences et ses vides, saura-t-il se défaire de ses idées fixes et accepter la volonté de Dieu ?
Il semblerait que Saül là aussi passe à côté, une fausse route de plus qui s’avérera une impasse ! Ce pain qu’elle offre devient pourtant un festin royal, avec un veau gras, les pains sont sans levain. Il pourrait être le fils prodigue qui retourne vers son père…
Quel est le sens de ce repas improvisé ? Une imposture de plus ? Peut-être seulement des soins palliatifs en attendant la mort prochaine ? Car Saül mourra le lendemain. Je souhaiterais faire un contre rapprochement avec Jésus qui rencontre les disciples d’Emmaüs. Ils sont au bout du rouleau au lendemain de la mort de Jésus. Ils sont si perturbés, si peu ouverts à l’autre qu’ils ne reconnaissent pas Jésus, leur maître qu’ils sont justement en train de pleurer et qu’ils ont côtoyé de près. La relation aimante semble morte. C’est par ce partage du pain, oh pas un festin, mais dans ce geste quotidien, le dernier geste partagé de son vivant, que Jésus leur ouvre les yeux et l’intelligence. Ce n’est pas le cas de Saül qui reste enfermé dans son monde de mort et de vengeance. Saül s’est résolument tourné vers la mort, Saül vivant est déjà mort.
« Choisis la vie afin que tu vives » C’est la conclusion du Livre du Deutéronome, accepter d’aimer Dieu et de suivre le chemin qu’il nous trace et je dirais même plus avec Jacques, en être fiers. « Oui, je vous avertis solennellement aujourd’hui, (…) : je place devant vous la vie et la bénédiction d’une part, la mort et la malédiction d’autre part. Choisissez la vie afin que vous puissiez vivre vous et vos descendants. Aimez le Seigneur votre Dieu … » Deut.31.19
Quand nous traversons un trou noir, celui qui inexorablement engloutit notre vie, absorbe notre lumière, souvenons-nous que le Christ est la lumière, qu’il a marché pour nous dans ce trou noir, qu’il a été absorbé, englouti mais qu’il est ressorti vainqueur, ressuscité. Il a déjà combattu pour nous.
Notre monde nous fait miroiter toutes sortes de paradis artificiels, de solutions miracles, magiques, transcendantes, spirituelles qui risquent, comme pour Saül de nous conduire inéluctablement vers la mort, non pas seulement la mort physique mais celle qui nous sépare de Dieu. Ainsi dans la vie, il y a des choses inéluctables, celles que l’on ne peut pas changer. Saül refuse d’accepter la volonté de Dieu pour lui, la disparition de Samuel et la fin de son règne. Il va jusqu’à enfreindre la loi pour convoquer le prophète mort et le faire parler.
Qui ne voudrait pas revenir en arrière quand un être cher disparait et tout continuer comme si rien ne c’était passé ! Sans revenir en arrière, il y a ce que je peux changer encore, la perche que me tend le Seigneur quand on crie à lui comme David a su le faire, revenir à Dieu malgré son silence parfois, le prier parce que prier c’est la même racine que précarité. Parce que je suis en précarité, parce que j’ai peur, je reconnais ma pauvreté et ma fragilité et je crie à lui. Sa Parole, la Bible, la Parole de Dieu me nourrira en son temps du pain de vie, non pas des chimères des diseuses de bonne aventure. Elle me remettra debout pour marcher à sa suite et non retourner à mes démons. « Sauve-moi » dit Pierre à Jésus quand il sent qu’il s’enfonce dans l’eau après avoir marché sur l’eau. « Pourquoi n’as-tu pas plus confiance en moi ? » lui dit Jésus en lui tendant sa main…