Soyez saints : la sainteté de coeur
Matthieu 12.23-37 et Ezechiel 36.23-28
Pour rappel
Le mois dernier, nous nous étions intéressés au jeune Daniel lors de son arrivée à Babylone en déportation. Nous le retrouverons à nouveau le mois prochain. Nous avions observé sa détermination à demeurer pur et fidèle à Dieu alors qu’il arrivait dans une nouvelle société prête à l’assimiler, lui le jeune juif exilé. Il nous est apparu comme un exemple à suivre. Nous avions noté son désir de se sanctifier en tâchant d’être un homme limpide, sincère, traversé par la lumière. Nous avions relevé sa résolution de ne faire aucun compromis avec les autorités royales tout en essayant de s’intégrer dans cette nouvelle vie sociale qui allait être la sienne. Nous avions remarqué au passage qu’il y avait deux sortes de compromis auxquels nous pouvions être confrontés et qu’il nous fallait débusquer:
- les compromis dans lesquels le monde nous pousse lui-même tel l’ours avec le chasseur qui voulait un manteau de fourrure et avait fini englouti par l’ours qui lui avait faim.
- Et puis les compromis qui venaient de notre for intérieur, ces petits compromis que nous pouvions faire avec notre conscience et qui accumulés au fil du temps finissaient par être comme les coléoptères qui avaient terrassé le grand sequoia là où ni la foudre, ni les tremblements de terre n’y étaient arrivés.
Daniel prit à cœur
La phrase clé de ce passage de Daniel était : Daniel résolut de ne pas souiller avec les mets du roi. D’autres versions traduisent par : Daniel prit à cœur ou arrêta dans son cœur… de ne pas se souiller. C’est donc dans son cœur que Daniel a pris la décision. En 2020, dans notre langue français, quand on parle de cœur, on se réfère souvent à des sentiments et même souvent à des sentiments amoureux : avoir des peines de cœur par exemple. Mais dans la Bible, ce terme dont on trouve la mention près d’un millier de fois signifie bien autre chose qu’une référence à des sentiments. Le théologien Jacques Buchhold déclare qu’il désigne le centre de la personne, la partie la plus profonde de la personnalité. Il désigne le quartier général de la personnalité, regroupant la volonté, les sentiments, la pensée et la conscience. C’est dire donc l’importance du cœur pour l’homme.
L’Ancien Testament nous montre clairement dans plusieurs passages que la valeur d’un homme dépend de l’état de son cœur. Et Jésus dans cet épisode de Matthieu 12 ne dira pas autre chose aux pharisiens et aux disciples : « En effet, la bouche exprime ce dont le cœur et plein. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor et l’homme mauvais tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. » Le problème, c’est qu’en disant cela, il met en avant aussi l’était du cœur des pharisiens qui est rempli de méchanceté et de mauvaises paroles. Déjà, quelques siècles auparavant, le prophète Jérémie avait averti en déclarant que « le cœur de l’homme est tortueux par-dessus et il est méchant. Qui peut le connaitre ? Moi l’Eternel, j’éprouve le cœur, je sonde les reins ». Souvent, nous pouvons penser que nous sommes pêcheurs parce que nous pêchons. Mais ce que Jésus déclare aux pharisiens et nous lance comme message au bout de 2000 ans, c’est que nous pêchons car nous sommes pêcheurs. C’est un désaveu pour tous ceux qui considèrent que l’homme est par essence bon. Quand on fait un examen honnête de l’homme, on ne peut qu’en arriver à la conclusion qu’il est mauvais et pêcheur.
Un cœur nouveau
C’est pour cela qu’il était important de commencer à parler de pureté en évoquant la sainteté. Dans certains milieux chrétiens et à certaines époques dans le temps, la sainteté se gagnait par les actes. Plus on faisait de bonnes actions, plus on gagnait en sainteté. A l’époque de Jésus, le légalisme et la religiosité en vogue poussaient les pharisiens et les scribes à faire de belles actions au vu et au su de tous. Mais ce n’était que pour entretenir une certaine image, un certain paraitre. Mais, face à Jésus, cette belle image vole en éclats et à de nombreuses reprises dans les évangiles comme dans ce passage, Jésus révèlera l’état véritable du cœur des pharisiens.
Et nous ? Quel est l’état de notre cœur ? Est-il propre, en bon état ? Ou bien, avons-nous dû déjà mettre un peu de craie blanche par ci ou par là, (comme les artisans qui fabriquaient la porcelaine dont nous avons parlé la dernière fois) pour cacher les fissures provoquées par le pêché dans notre cœur. Il nous faut reconnaitre je crois, moi le premier, que très souvent, nous ne valons pas mieux que les pharisiens et les scribes. Nous aussi, nous mettons en place des stratégies pour apparaitre sous notre meilleur jour aux yeux des autres. Volontairement ou involontairement, nous levons des mécanismes qui vont nous permettre de nous mettre en avant sous notre plus beau jour et montrer que nous sommes mieux que les autres : nous lisons plus notre Bible et nous la connaissons mieux que les autres, nous prions plus que les autres, nous sommes plus généreux et aidons plus les défavorisés que les autres… Mieux que les autres. Le mois dernier, nous avions commencé par dire que la racine de tous les maux, c’était de vouloir être comme les autres, à l’image d’Adam et Eve qui avaient voulu être comme Dieu. Mais notre orgueil nous amène à pousser toujours plus cette réflexion et après vouloir être comme les autres, nous voulons montrer que nous sommes mieux qu’eux. Les pharisiens aimaient à montrer publiquement qu’ils étaient généreux par exemple. Donc qu’ils étaient mieux que les gens qui ne l’étaient pas ou moins.
Qui est le sculpteur ?
Oui, reconnaissons-le, soyons honnêtes avec nous-mêmes : notre cœur est pourri. Et c’est pourquoi, nous avions évoqué le mois dernier que la véritable sainteté ne peut prendre sa source que dans un cœur changé, lavé, purifié par le sang de Jésus. Notre nouvelle vie se fonde sur l’œuvre du Christ qui nous donne une nouvelle identité et un nouveau cœur. Ce n’est pas par nos propres efforts que nous pourrons nous changer. Nous avons besoin de nous l’entendre dire tout à nouveau, même parfois au bout de 20 ou 30 ans de vie chrétienne.
Le prédicateur Dominique Angers raconte qu’un jour, dans une salle d’attente chez un médecin, il y avait un tableau qui décrivait un homme en train d’être sculpté. Il était sculpté jusqu’à mi-cuisse et le physique qui se dégageait était le physique dont tout homme rêve. Mais ce qui intrigua Dominique Angers, c’est que l’artiste avait mis dans les mains de l’homme sculpté le burin et le marteau. Ce tableau le marqua et il en déduit « qu’il avait bien représenté la manière dont de nombreux chrétiens tentent de vivre la vie chrétienne. Nous essayons de nous changer. Nous prenons dans nos propres mains ce que nous croyons être les outils d’une transformation spirituelle et nous tentons de nous sculpter en de robustes spécimens semblables au Christ. Or la transformation spirituelle est essentiellement l’œuvre du Saint-Esprit. C’est lui le maître sculpteur. »
L’illusion de devenir quelqu’un de bien par nos propres moyens reste tenace en nous. Nous avons besoin de réaffirmer avec force : je suis quelqu’un de bien, je suis un saint, j’ai un cœur bon car j’ai été lavé, car j’ai été purifié, car j’ai été justifié par le sang de Jésus et c’est Son Esprit qui me transforme chaque jour.
Nous avons subi en fait une véritable transplantation cardiaque comme nous le décrit Ezechiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de vos corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » Ce miracle se perpétue tous les jours et à chaque fois que quelqu’un prend la décision de rompre avec son pêché en confiant sa vie toute entière aux mains percées du Christ vivant, notre Sauveur.
Faire le ménage !
Nous recevons un jour un cœur nouveau. La sanctification commence et se poursuit ainsi tous les jours, à partir du nouveau cœur habité par le Saint Esprit et continuellement purifié par le sang de l’Agneau. C’est chaque jour qu’il nous faut y faire le ménage. Connaissez-vous le principal produit de nettoyage dans la vie chrétienne ? C’est la Parole de Dieu. Imaginez que vous ayez un grenier. C’est le plein jour et vous montez en haut. Dans la pénombre des petites fenêtres fermées, vous apercevez le mobilier et tous les objets entreposés. Tout vous semble calme et en ordre. Mais il suffit que vous ouvriez les volets ou que vous allumiez la lumière pour voir la poussière doucement voler dans l’air. Quand je permets au puissant projecteur de la Parole de Dieu de balayer mon cœur, j’y aperçois toutes les poussières en suspension. Mon besoin de me purifier devient alors de plus en plus accru.
Mais attention à notre manière de faire le ménage ! Il y a
- Ceux qui se disent que passer un coup de chiffon et d’aspirateur de temps en temps comme ça suffit. Nous revenons à ces artisans qui cachent les défauts de leurs porcelaines avec un coup de craie blanche. Nous pensons que parce que nous ne volons pas, nous ne tuons pas, parce que nous essayons d’aider notre prochain, nous allons à l’Eglise tous les dimanches, cela suffit. Mais Dieu n’est pas dupe. Le projecteur de Sa Parole braqué avec la lumière de Samuel 16.7 sur nous, nous rappelle que l’homme regarde aux apparences mais Dieu regarde au cœur. C’est donc bien dans notre cœur et d’abord là que nous devons faire le ménage.
- Mais alors d’autres se disent que puisque Dieu regarde au cœur, ils n’ont pas besoin de faire le ménage à l’extérieur du cœur, c’est-à-dire concrètement dans leurs paroles et leurs actes. Pour eux, le principal c’est d’être sincère dans sa foi, nature, spontané. Mais là aussi le projecteur de la Parole de Dieu braqué à la lumière de Tite 2.3 sur nous, nous rappelle qu’il nous faut avoir aussi l’extérieur qui convient à la sainteté. Le grand ménage auquel nous sommes appelés se fait à tous les niveaux de notre être. Il part du quartier général qu’est notre cœur pour s’étendre à toutes les ramifications de notre vie que sont nos paroles et nos actes.
A l’image du Christ
Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères (Ro 8.36). Peu de personnes aiment faire le ménage. Qu’ils lèvent la maint ceux qui aiment astiquer, épousseter, laver, aspirer… ! Oui mais faire le ménage de notre nouveau cœur doit nous motiver. D’abord car nous ne sommes pas seuls dans cette tâche. Le Saint Esprit est Celui qui dirige le grand nettoyage. Il nous guide, Il nous éclaire sur les endroits où nous devons nous attarder. Il nous fortifie et nous encourage chaque jour, pas simplement pour ne pas faire le mal mais aussi pour rechercher le bien en faisant croître en nous Son fruit : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi.
Car la sanctification possède ces deux dimensions. Il y a les aspects de notre vie où nous sommes invités à ne pas faire, à ne pas dire, à ne pas vivre comme.., Et puis, il y a surtout cet aspect qui met en valeur les vertus de notre nouveau cœur, ce fruit de l’Esprit qu’Il désire faire mûrir en nous pour être toujours plus à la ressemblance du Christ. Lorsque nous devenons Ses enfants, Dieu ne se contente pas de désirer que nous ne soyons pas des pêcheurs. Plus encore, Il désire que nous soyons à Son image qui a été défigurée à la chute.
Une bonne odeur
Les contemporains de Daniel ont vu qu’il était différent d’eux. Sa fidélité à son Dieu et son intégrité le mettait vraiment à part. Mais si ses prises de position et ses actions ont pu déranger certains, ils ont aussi donné le courage à d’autres de l’imiter et que Dieu soit glorifié. De même, si vous désirons aussi que les autres voient en nous des hommes et des femmes différents, qui donnent envie à être imités et plus encore à comprendre et connaître ce qui les rend si différents, il nous faut laisser l’Esprit Saint nous remplir toujours plus de son fruit. Il nous faut le cultiver pour que chacune de ses 9 saveurs ou odeurs puissent devenir de bonnes odeurs pour ceux qui nous côtoient. Accompagné d’un ami chimiste, un pasteur d’une église de Londres visitait les quartiers défavorisés de cette ville. Ils croisèrent deux jeunes filles pauvres dont les vêtements misérables trahissaient leur appartenance à un quartier pauvre de l’East End. Mais le parfum qui se dégageait d’elles étonna le chimiste. Il interrogea le pasteur : « Comment est-il possible que ces pauvres filles puissent se payer un parfum aussi coûteux ? » « C’est simple, répondit l’ecclésiastique, ces jeunes filles travaillent toute la journée dans une usine à parfum et leurs vêtements en sont naturellement imprégnés ! »
Telle est la sanctification : un exercice de chaque jour où sous le projecteur de la Parole de Dieu et l’action du Saint Esprit, nous allons petit à petit nous débarrasser des casseroles rouillées ou des chaises cassées qui nous encombrent et que sont nos inquiétudes, nos impatiences, nos mauvaises pensées ou nos paroles violentes pour mieux les remplacer par la paix, la patience, la douceur ou la bienveillance.
A l’image de Daniel et de ses trois compagnons, soyons saints : soyons comme des lys qui fleurissent sur un tas de fumier, des framboises au milieu des ronces ou un jaillissement de lumière pure et chaleureuse dans un monde de ténèbres. Que le Dieu de la grâce et l’Esprit Saint nous fortifient dans ce beau projet.